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    (le jeu de Lakévio)

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    Ils vont venir me chercher. Je n'ai même pas envie de m'enfuir. A quoi bon ? De toutes façons ma vie est fichue. Elle l'est depuis qu'elle s'est amourachée de ce type, cet abruti. Il n'y a donc pas assez de femmes disponibles pour venir s'en prendre à la mienne ? Pourtant pas une beauté, enfin plus. C'est un peu de ma faute, je le reconnais, depuis que je lui ai cassé le nez. Je n'ai pas fait exprès, je calcule mal ma fureur parfois. Bref son visage, c'est plus vraiment ça. J'ai pas voulu qu'elle aille à l'hosto à l'époque, pas envie d'avoir des ennuis tiens ! Alors ça c'est mal ressoudé, et ça gâche un peu, forcément.

    Faut pas venir me chercher. C'est comme les gamins, ils savent bien qu'il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. D'ailleurs ses plus belles raclées c'est quand elle voulait m'empêcher de les corriger, non mais ! C'est qui le père ? Faut bien que je me charge de leur éducation ! Le grand c'est un raisonneur qui a besoin qu'on lui cloue le bec de temps en temps, quand à la petite, une pleurnicharde, y a rien à en tirer ! Dès qu'elle me voit, elle file se réfugier dans les jupes de sa mère, et après on s'étonne que je m'énerve...

    C'est incroyable : je lui avais interdit d'aller traîner en ville. Juste le chemin pour l'école des morveux, aller et retour, et les courses au supermarché. Où elle l'a trouvé son galant ? Derrière les barils de lessive  ? C'est vrai qu'il avait l'air "propre sur lui" , ha ha ! Enfin avant,  parce que maintenant...faudrait pas mal de détachant, ha ha !

    C'est qu'il a eu le culot de venir la chercher à la maison ! En douce elle avait fait ses valises et préparé les gamins, mes gamins !! Elle voulait me les enlever ! Ah ils offraient un beau spectacle, serrés tous les trois sur le palier. Une chance que je sois rentré plus tôt ! Les deux qui se sont mis à brailler comme des ânes, des mauviettes comme leur mère ! Et l'autre qui me prend à partie, qui ose me dire que je dois la laisser partir, que je dois être raisonnable etc ! C'est quand il a parlé d'appeler la police que j'ai vu rouge, depuis quand je laisserais les flics intervenir dans ma vie privée ?

    Alors je les ai zigouillés. J'ai commencé par le bellâtre, ça a été vite fait, un crâne contre une porte blindée, y a pas photo ! Après j'ai rattrapé les autres dans l'escalier, ils essayaient de se tirer !  Alors là très simple : ils sont passés par dessus la rampe, du quatrième étage ça pardonne pas ! Bien sûr les voisins sont sortis, c'est tout l'immeuble qui criait, un boucan d'enfer !  Alors je suis rentré chez moi, aucun n'a osé s'approcher bien sûr, et j'entends déjà les sirènes

    J'aime pas qu'on me manque de respect !


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  • (le jeu de Lakévio)

     

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    Mais que vais-je devenir ?

    Huit ans que je me consacre à ces trois enfants, du matin au soir, parfois même une partie de la nuit lorsqu'ils étaient bébés ou encore maintenant lorsqu'Edouard fait un cauchemar et qu'il n'arrive pas à se rendormir ailleurs que dans mon lit dans la petite chambre attenante à la nurserie. Son petit corps tout chaud lové contre moi. Edouard...mon petit gars...

    Et Elodie, mon bébé, si fragile, toujours à caler à la moitié du biberon ou de l'assiette. Qui aura la patience de la distraire à longueur de repas pour lui faire avaler une bouchée supplémentaire ?

    Et Armande, ma grande fille, qui me confie ses soucis d'aînée et sa solitude .

    Mes pauvres enfants...

    Oui, je sais ce ne sont pas mes enfants mais c'est tout comme. Je n'ai qu'eux et ils n'ont que moi. Leur père n'est jamais là, entre sa carrière et ses ambitions politiques, quant à leur mère ! Une idiote superficielle qui ne pense qu'à sa petite personne, à ses manucures, à son coiffeur, au dîner qu'elle va donner pour éblouir la galerie lorsque, apprêtée comme pour un mariage, elle me convoquera avec les trois petits pour leur faire faire trois tours de piste devant les invités et puis vite les renvoyer à l'étage, alors qu'Armande serait si heureuse de rester un peu et de goûter les délicieux macarons qui sont disposés sur les tables. Pfff..

    "Comme ils sont beaux et bien élevés, ma chère ! On voit comme vous êtes une Maman attentionnée et attentive ! " Tu parles !!!! Moins elle les voit mieux elle se porte, ils lui donnent la migraine ! "Emmenez les au parc, Blanche, je suis fatiguée" "Mais Madame, il pleut et il fait froid  ! " " Et alors ? Les enfants ont besoin de prendre l'air, couvrez les bien ! "
    Et toujours à les renvoyer dans leur chambre parce qu'elle a autre chose à faire, même la petite qu'elle ne prend que quelque minutes dans ses bras, en faisant bien attention de ne pas froisser sa tenue " prenez-la Blanche, je crois qu'elle est fatiguée !" "fatiguée, Madame ? Elle vient de se réveiller ! ""Les enfants ont besoin d'être au calme, Blanche, vous devriez le savoir, montez-la et installez-la dans son parc, elle jouera avec ses jouets, il faut qu'elle soit autonome, c'est important, mais pourquoi elle pleurniche encore ? C'est agaçant, nous sommes tous à sa dévotion pourtant ! "

    Elle croit que je n'ai pas entendu sa conversation avec son mari l'autre matin ? Elle ne savait pas que  j'étais en train d'étendre le linge des enfants dans la buanderie à côté de la véranda, interdite aux enfants,  où Monsieur et Madame prennent leur petit déjeuner au calme, c'est à dire le plus loin possible de leur progéniture  :

    "Chériiii, il y a un problème, j'ai pris ma décision : les enfants s'attachent trop à Blanche, ce n'est pas sain, il faut la remplacer, je sens qu'elle les détourne de moi, toujours à se réfugier dans ses jupes si je fais la moindre remarque, elle empiète sur mes prérogatives de mère ! "

    "Mais, ma chère, elle est pourtant bien dévouée, nous n'avons pas eu à nous plaindre toutes ces années .."

    "J'en conviens, mais il est temps qu'ils se rendent compte que le Personnel est interchangeable et que c'est leur Maman qui compte ! Je vais recevoir des postulantes cet après-midi, ce n'est pas ce qui manque, la place est bonne ! "

    "Comme tu voudras, Chérie, c'est toi la mieux placée pour savoir ce qui est le mieux pour nos enfants, tu es une maman si merveilleuse ! "

    " Merci , Chéri, c'est vrai que je les aime tant, ils sont tout pour moi !".


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  •  (le jeu de Lakévio)

     

    Chris-Aggs-Echo & Narcissus

     

    Je leur ai acheté un cadeau à chacun. C'est un cadeau d'adieu. Demain j'emménage dans mon nouvel appartement dans la ville voisine et je vais recommencer à zéro. Ca tombe bien avec l'arrivée du printemps !  Je suis si excitée que je me réveille très tôt le matin et que je n'arrive pas à me rendormir. Résultat le soir je tombe comme une masse et j'ai bien eu du mal à terminer mes bagages dissimulés dans le sous-sol. Le matin j'entends le chahut des oiseaux. Eux aussi commencent une nouvelle vie, et fabriquent un nouveau nid. Comme moi ! Sauf que moi aucun bébé en vue ! Mes enfants sont grands et ont leur propre vie.

    Bien sûr je ne peux pas emporter toutes mes affaires tout de suite, il faudra que je revienne chercher mes livres, mes tableaux, mes patchworks, les cadeaux que j'ai reçu au fil des années, etc etc... C'est pourquoi je garde la clef, je reviendrai lorsque je saurai que la voie est libre. Car je ne veux pas d'explications, pas de discussions inutiles et surtout pas de scènes. Pourquoi y en aurait-il d'ailleurs ? Il va être ravi de pouvoir installer Priscilla ici. Finie la clandestinité ! Il vont pouvoir vivre leur amour au grand jour et  à temps plein. Nous verrons si cette passion résiste à la routine... pas de pire tue-l'amour n'est ce pas ?

    Terminés les câlins effrénés de l'après midi, il faudra penser à lui rappeler de prendre ses médicaments contre le cholestérol, ramasser ses chaussettes systématiquement à côté du panier à linge, lui cuisiner du riz lorsqu'il a ses problèmes récurrents d'intestin. Quant à elle, puisque je la connais depuis le collège, il devra gérer ses étourderies, l'huile de la poêle qui prend feu, la casserole qui déborde, les clefs, les papiers, les factures égarés, et surtout surtout les pâtes collantes, le riz trop cuit (peut être que ça c'est bien pour lui ?), le trop d'huile, trop de beurre, trop de sucre, trop cuit, trop salé. C'est simple lorsque nous étions en colocation pendant nos études, nous lui avions interdit la cuisine, les copines et moi !

    Je me souviens lorsqu'elle nous a invité à dîner l'autre jour, l'hypocrite, ils devaient se faire du pied sous la table, j'ai vu qu'il a à peine touché à son assiette, je crois que même son chien n'en aurait pas voulu. Tiens ! Le chien aussi il va emménager ici ! Ha ha, lui qui a toujours refusé aux enfants qui en réclamaient un !

    Je sais aussi qu'elle veille très tard, elle lit au lit jusqu'au petit matin, c'est une insomniaque or lui s'il n'a pas ses huit heures sa journée est fichue ! Déjà il râlait si je laissais allumé une demi-heure. Bon, je sais, au début il ne vont pas lire, ils auront mieux à faire...mais l'attrait de l'interdit, de la transgression, de la nouveauté,  passé, ça va vite se tasser. Priscilla m'a souvent confié que ce n'était pas son truc, une fois de temps en temps d'accord mais pas trop souvent, elle se plaignait de l'insistance de son ex-mari à ce sujet. Daniel va tomber de haut ! Je voudrais être une petite souris pour voir sa tête lorsque son enthousiasme à elle va diminuer !

    Ce que je leur ai acheté ? Je me suis bien amusée : pour lui, dans le paquet marron une paire de charentaise les plus ringardes possible, à gros carreaux violet et orange et un pyjama de flanelle bleu clair, bien classique,  mais si ! Il en aura vite l'usage, ha ha. Et pour elle ? "La cuisine pour les nulles" et, elle comprendra, un déshabillé rouge et noir en dentelle, ha ha ha !

    Quant à moi ? Je ne reverrai jamais mon mari ni ma "meilleure amie". J'ai d'autres amies qui n'habitent pas loin de mon nouveau "chez moi". Comme moi elles aiment les sorties au théâtre et au cinéma, certaines d'entre elles sont célibataires et prêtes à voyager. Pour le reste j'ai prévu une chambre supplémentaire, je pourrai donc recevoir mes enfants et mes petits-enfants.

    Mais comment ai-je pu pleurnicher autant quand j'ai découvert le pot aux roses, il y a maintenant six mois ?  J'étais bien partie pour me gâcher mes dernières belles années ! Heureusement je me suis reprise !

    C'est le printemps et je me sens pousser des ailes !


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