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    Le grand soir approche

    Tant pis s'il fait moche

    Si la pluie nous mouille

    Si le portail rouille.

    Le sapin clignote,

    Le vieux et sa hotte,

     Bourrée  de cadeaux,

    Conduit son traîneau.

    Les enfants extasiés

    Vont ouvrir leurs paquets

    En poussant des cris stridents

    Qui nous f'ront grincer des dents

    Mais moi j' suis bien embêtée

    Car il me manque un paquet

    Pas facile de faire plaisir

    A celui qui aime choisir

    Tout : les livres et les vêtements

    Les cd et les équipements.

    Il me faut trouver l'idée

    Et, pour ça, bien cogiter.

    Puis ce sera la famille

    Et la bûche à la vanille.

    Et bien d'autres victuailles

    Augmentant nos tours de taille

    Puis Noël sera passé

    Et  ce s'ra le  mois d'janvier.


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    le jeu de Lakévio

    Joseph Lorusso

     

    Témoin 1 :  Oui Monsieur le Commissaire je les ai vus ! Comment ne pas les remarquer, déjà à picoler à onze heures du matin ! Avec la petite qui ne tenait pas debout déjà, vautrée sur le type. C'est elle la morte n'est ce pas ?  Je les connaissais , enfin de vue hein ! Je les avais vues qui faisaient le tapin rue Bernanos, et le pire c'est qu'il y avait des gars pour monter avec elles ! Faut aimer les ivrognes ! Le gars, non, je ne l'ai jamais vu. J'ai pensé que c'était le maquereau, elles étaient baba devant lui, à boire ses paroles. Enfin, elles ne buvaient pas que ça, ha ha !  Pour moi c'est lui qui a fait le coup : elle voulait peut être plus travailler ? Il faut voir comment il la tenait, c'était sa chose ça se voyait, sûrement qu'il n'a pas accepté qu'elle lui échappe ? Un  drôle de monde, Monsieur le Commissaire.

    Témoin 2 : Oui Monsieur le Commissaire, ils étaient assis à cette table là. Apparemment il y avait du drame dans l'air...La petite, c'est la morte n'est ce pas ? était effondrée dans les bras de l'homme qui la soutenait comme il pouvait tandis qu'avec l'autre ils semblaient chercher une solution au problème. Quel problème ? Ah ça je ne sais pas, mais la grande avait l'air plutôt soucieuse pour son amie. Peut être qu'elle avait reçu des menaces ? S'ils étaient ivres ? Ah ça je ne crois  pas, ils avaient commandé une bouteille bien sûr, pour se réconforter. La pauvre petite avait l'air si triste. Si c'est pas malheureux de mourir comme ça dans la fleur de l'âge...j'espère que vous trouverez qui a fait ça, un marginal sûrement ? Ces filles là sont exposées, car vous savez bien quelle était leur profession, Monsieur le Commissaire, elles peuvent tomber sur des desaxés, les malheureuses... Et ce brave homme en chemise blanche ne pouvait pas être toujours là à la protéger. Quelle misère...

    Témoin 3 :  Oui Monsieur le Commissaire, je les ai tout de suite remarqués : il y avait de la tension dans l'air. D'abord on voyait bien que la petite, c'est la morte non ? avait peur de quelque chose, elle était blottie contre le gars et ne le lâchait pas. Lui semblait assez protecteur, Il y avait quelque chose entre eux, de la tendresse, c'était un couple quoi... bon même si par sa profession... mais lui elle l'avait dans la peau, ça se voyait. Par contre je me suis demandé.. la grande, elle l'avait vraîment pas l'air commode, comme si ça la dérangeait de les voir comme ça. Elle faisait la gueule ça c'est sûr... A un moment on avait l'impression que si ses yeux avaient été des poignards...Allez savoir jusqu'où ça peut aller la jalousie hein...sans compter qu'après avoir bu comme ça, dès le matin, on peut perdre le contrôle de soi, non ?


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  •  (le jeu de Lakévio)

     

    1880 Lluisa Dulce i Tressera marquise de Caastellflorite by Antonni Caba

     Antoni Caba - Portrait de la marquise de Castellflorite - 1880

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Comme chaque jour depuis plusieurs mois, presque deux ans même avait calculé Fanchette, sa  bonne, la marquise sortit à cinq heures.

    Elle lui avait apporté son manteau léger car le temps le permettait, ses gants et son chapeau, celui avec la voilette car  Madame tenait à une certaine discrêtion lorsqu'elle se livrait à ses bonnes oeuvres comme elle disait.
    Firmin, le chauffeur, s'était présenté à l'heure dite, en uniforme, le visage impassible comme toujours, ce qui navrait Fanchette qui avait le béguin pour lui. Mais inutile de rêver, de toutes façons Madame ne permettrait jamais ! Madame était bonne mais très stricte sur certaines choses, notamment sur la question des bonnes moeurs.
    Fanchette se souviendrait toujours du renvoi d'Emilienne l'aide cuisinière enceinte des oeuvres du valet de chambre de Monsieur qui lui aussi avait été "remercié". Le Maître avait bien protesté car il tenait à Bernardin qui le servait depuis quinze ans mais s'était résigné "Que voulez-vous mon Brave, ma femme a de la religion et des principes ! "
    Bref Fanchette tenait à sa place, d'autant plus maintenant que Madame, non seulement s'absentait toute la fin d'après midi et jusqu'au repas du soir pour s'occuper des misereux de la paroisse, mais en plus se retirait, fatiguée, dans sa chambre tout de suite après dîner. Il n'y avait pas tant de si bonnes places où l'on ne travaillait qu'une partie de la journée !

    Firmin ouvrit la porte arrière de la voiture et Fanchette vit sa maîtresse s'y installer puis il regagna sa place au volant et elle regarda l'automobile s'éloigner dans l'allée.

     

    "Madame est bien installée ? Je dépose Madame où aujourd'hui ?  "

    " Grand voyou ! Vous ne pouvez pas aller plus vite ? Je n'en peux plus d'attendre ! "

    "L'attente c'est déjà le plaisir dit-on !  Que Madame ne s'inquiête pas : la cheminée est allumée, le brandy prêt à être servi, et pour le reste, Madame sait bien que tous ses désirs seront exaucés ! "

    " Firmin vous êtes ...vous êtes... accélérez donc un peu, cette attente me tue ! "


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