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    couloumy anne francoise la lettre pliee 82

     Anne-Françoise Couloumy

     

    Dans quelques jours, Blondine déménage.

    Quand on déménage, on trie, on jette, parfois on oublie...

    Cette fois-ci, la "lettre oubliée" doit être prise au pied de la lettre si j'ose dire !

    Il s'agit du caractère et non du feuillet !

    Pouvez-vous écrire une courte histoire sans utiliser la lettre A ?...

     

    Cette lettre oubliée sur le sol vient de son chéri, décédé en novembre dernier. Tombée d'un livre sûrement. Une lettre de congé, brève, sèche, peu gentille. Des mots qui lui ont provoqué bien des pleurs, bien des insomnies.  Et pourquoi, pour qui  ? Pour Elodie ! Cette grosse femme revêche ! Et enfin pour se pendre un jour de pluie et de froid intense, ou se noyer, Blondine l'ignore, un suicide, c'est ce que les gens lui dirent dans les jours qui suivirent.

    Le sommeil perdu, les yeux rougis, elle suivit l'enterrement consciencieusement. Puis reprit une vie bien isolée et triste. Pourquoi s'est-il tué, tout le monde l'ignore. Les remords ? Des regrets ?

    L'échec du couple neuf, sûrement pense-t-elle. Elodie est féroce, elle terrorise même ses propres filles et son chien se dissimule sous les meubles. C'est une sorcière disent les jeunes du coin. Ils l'évitent soigneusement.

    En rêve, souvent, Chéri lui revient contrit et désolé. Ou bien  il flotte le corps gonflé , ou il se procure une corde. Ses nuits sont toutes différentes et les réveils joyeux plutôt peu fréquents : ses yeux sont bouffis, ses oreillers trempés.

    Elodie, elle,   se porte bien et croque les hommes  : Sylvestre s'est défenestré, Robert s'est éventré, Pierre n'est plus que l' ombre de lui-même, un zombie.

    Comment l'empêcher de nuire ?

    Blondine s'en fiche :  elle quitte cet endroit sinistre. Les meubles ont été emportés vers une nouvelle région. Les tristes souvenirs resteront ici, du moins l'espère-t-elle éperdument, pour une vie meilleure.

    (désolée, ha ha ha...)


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    Harold Harvey The letter

     

    Chère Marie-Cécile,

    Je sais que cette lettre va te contrarier mais je pense que c'est préférable à une discussion qui immanquablement tournera à la dispute. Il faut que nous restions toi et moi sur une bonne impression  ne crois-tu pas ?

    Tu m'annonces que tu es enceinte et j'avoue être dubitatif... Si j'ai bonne mémoire nous n'avons eu de relation sexuelle qu'une seule fois, le jour où nous sommes allés au bord de ce lac. Depuis des mois tu te refusais, par quelque coquetterie, obstinément à moi.

    Je conviens que tu étais vierge vu la difficulté que ça a présenté et le peu d'agrément que tu y as trouvé mais rien n'empêche qu'une fois débarrassée de cet obstacle pénible tu ne sois pas allée avec d'autres hommes. Il y a par exemple ce cousin qui te tournait autour, il ne faut pas me prendre pour un imbécile : je ne serai pas le dindon de cette farce !

    Tu me dis que ton père va te tuer ou qu'ils vont te jeter dehors , tu as toujours le don de tout dramatiser ! Tu prendras un bon savon, mérité après tout, et après ils seront tous ravis de t'aider à élever cet enfant, ce ne sont pas des monstres. Mais ne compte pas sur moi pour m'impliquer dans une paternité que je n'ai en aucun cas désirée .

    C'est tout de même incroyable : c'est  toi la première concernée, ce n'était pas à moi de m'inquiéter de savoir s'il y avait un risque ou non ! S'il fallait qu'à chaque fois je m'en enquière où irions nous, nous les hommes ? Enfin, si tant est, et c'est fort improbable, que j'y sois pour quelque chose !

    Ou alors il y a toujours la solution de trouver un médecin compréhensif...je pense pour ma part que ce serait le mieux. Je suis prêt d'ailleurs à participer financièrement, dans une limite raisonnable bien sûr. Ce sera en quelque sorte mon cadeau d'adieu.

    Car oui, tu as bien lu, je préfère que nous ne nous revoyions plus. Tu as de grandes qualités mais je ne suis pas prêt à m'engager. Je suis encore jeune et je veux vivre encore avant de me caser et  fonder une famille.

    Je te l'avoue car je sais que tu comprendras, je viens de rencontrer une femme, une vraie, ne te méprends pas je veux dire par là que toi tu as encore besoin de mûrir, d'assumer ta féminité et ta sensualité encore en sommeil, mais c'est normal car tu es encore très jeune. Laura m'entraîne dans un tourbillon des sens, c'est à chaque fois un éblouissement et elle n'est jamais rassasiée. Tu conviendras que notre pitoyable expérience ne tient pas la route et que tu as besoin de progresser dans ce domaine avant d'espérer retenir un homme. Tu pourras toujours demander à ce cousin boutonneux de t'éclairer sur certains points , ha ha !  Non je plaisante, ne le prends pas mal, je suis sûr que tu finiras par trouver l'homme de ta vie qui saura te rendre heureuse car tu le mérites.

    J'y pense à l'instant : je vais demander à Laura si elle ne connaîtrait pas une adresse pour te débarrasser du problème actuel, c'est une femme qui a vécu. Tu m'as dit que tu avais amassé un petit pécule avec tes élèves de piano, comme je te l'ai dit, malgré mes doutes légitimes, je complêterai, je suis un gentleman !

    Voilà, ma chère, je te ferai parvenir une adresse si je peux et de ton côté tu feras le nécessaire pour balayer ce petit problème. Nous pourrons ainsi chacun repartir du bon pied.

    Et un conseil d'ami : à l'avenir sois plus prudente pour ne pas te mettre dans cette situation que je devine inconfortable.

    Armand


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    marcos beccari 1

     Marcos Beccari 

     

    Amis de province ou d'ailleurs, aujourd'hui, vous prenez le métro.

    Amis parisiens, stressés, phobiques ou adeptes de la marche à pied, tant pis, vous aussi !

    Dans votre sac, vous emportez dix mots à caser.

    N'oubliez pas de les écrire en gras ou de les sou/surligner dans votre texte pour les repérer.

    A vous de jouer, avec :

    éclat

    farcis

    musaraigne

    saison

    s'époumonait

    retentit

    machiniste

    poubelle

    document

    distingué

     

    Videz votre sac, lundi !

     

     La sonnerie retentit, le machiniste allait démarrer, tant pis , elle prendrait la rame suivante qui, elle l'espérait, serait moins bondée. Mais déjà les prochains passagers arrivaient sur le quai, l'air exaspéré. Une femme s'époumonnait à propos de quelqu'un qui l'aurait bousculée et cela s'ajoutait à des éclats de voix d'une dispute entre deux autres personnes. Elle soupira, cette saison pourrie...la pluie incessante de ces derniers mois agissait sur les nerfs des parisiens, ils avaient hâte de rentrer chez eux et ne se supportaient plus.
    Elle réussit à monter dans le métro suivant et trouva même une place assise à côté d'une monsieur distingué plongé dans la lecture d'un document. Comment pouvait on lire attentivement quoique ce soit dans un wagon bondé, elle se le demandait toujours, elle qui avait besoin du plus grand calme pour se plonger dans une lecture quelle qu'elle soit ?

    Intriguée elle loucha discrêtement sur le document et fut très étonnée que ce citadin en complet foncé s'intéressât ainsi aux rongeurs de nos campagnes : mulots, musaraignes etc.. C'était tout à fait incongru. Sûrement un original !

    Les stations défilaient. Elle avait presque toute la ligne à faire, jusqu'au terminus, avant d'arriver  chez elle. Enfin, si on voulait, car il lui restait encore un bon quart d'heure de marche sous la pluie battante avant de se retrouver au sec, au calme, d'enlever ses chaussures et ses vêtements mouillés pour enfiler une tenue confortable. Elle en rêvait ..

    Par contre il lui faudra encore penser au dîner ! Pas question de se vautrer sur le canapé avec un bon bouquin hélas. Elle savait qu'il ne restait pas grand chose. Un reste de viande d'hier, quelques légumes. Elle pourrait faire des farcis ? Pierre aimait bien ça et au moins ça lui permettrait d'utiliser les restes et d'éviter qu'ils finissent à la poubelle ! Elle n'aimait pas jeter de la nourriture.

    Allons courage.. vers 21 heures sa journée devrait être enfin finie.....


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