• Les dix à caser

     

    Serge Fiorio - Lepouvantail

     

    Ecrire un Conte, pour enfants ou adultes, intitulé L'épouvantail, 

    en y incluant les dix mots suivants :

     

    épouvantail (évidemment !)

    cendre

    escargot

    tombereaux

    pourchassait

    fondra

    minuscule

    vantard

    amorce

    Sud-africaine

     

    L'épouvantail s'ennuyait tout seul dans son champ minuscule. "mais à quoi je sers ? il n'y a pas l'ombre d'un oiseau, et à part des escargots, pas âme qui vive par ici".

    C'est alors qu'il aperçut au loin un tracteur tirant des tombereaux de terre. Il devait y avoir des vers dans cette terre parce qu'un gros corbeau pourchassait la remorque.

    Le tracteur s'arrêta à côté de lui et le fermier déchargea sa terre , quasiment à ses pieds. "Tiens se dit l'épouvantail il va enfin se passer quelque chose, je sens l'amorce d'un nouvel événement, tant mieux. Mais en même temps une poussière fine comme de la cendre, soulevée par la terre déversée à ses pieds lui donnait l'envie d'éternuer, atchoum ! "

    "Ha ha ha  se moqua le corbeau en se perchant sur le bout de bois qui représentait les bras de l'épouvantail "à tes souhaits ! "

    "Merci dit l'épouvantail mais tu me chatouilles là. Normalement tu devrais avoir peur de moi ! "

    "Je n'ai peur de rien, s'exclama le vantard et surtout pas d 'un croisillon de bois recouverts de chiffons ridicules !"

    "Ridicules ? Mais pas du tout, ma tenue vient d'une lointaine contrée, ma jupe est sud-africaine  paraît-il"

    " Hé bien c'est drôlement moche ! "

    "Chacun ses goûts maugréa l'épouvantail vexé en tout cas c'est un tissu très résistant, ce n'est pas lui qui fondra au soleil ou se décolorera au fil du temps, on voit qu'il a été concu pour les pays chauds".

    "Pfff pensa le corbeau en lissant ses belles plumes noires avec son bec, moi je suis équipé pour tous les temps, pas besoin d'aller chercher ailleurs. Mais je vais garder cette pensée pour moi, inutile de le vexer , c'est bien d'avoir quelqu'un à qui parler de temps en temp, ce coin est vraîment sinistre".


    5 commentaires
  •  

     

    soupçons

     

     

     

    Au téléphone.

     

     

     

    Peregrine Haethcote

     

    Peregrine Haethcote (detail)

     

     

     

    Je ne sais pas vous, mais s'il y a une chose qui m'horripile, c'est cette manie des gens qui sortent sur leur balcon pour téléphoner. Ils s'éloignent de leur famille, colocs ou amis qui sont dans la pièce mais ce sont les voisins qui en profitent ! Parce que bien sûr, ils sont seuls au monde ! Les fenêtres sont hermétiques et insonorisées !... Et bien non. Les voisins n'écoutent pas mais entendent.

     

    Bien sûr, c'est la même chose pour ceux qui parlent à tue-tête au telephone dans le bus ou le métro... Eh, les gens, on n'écoute pas, mais on entend !

     

    On n'entend pas tout pas tout, certes. Il n'y a qu'un locuteur. Et parfois, seulement parfois, c'est juste un peu frustrant... Alors, qui est au bout du fil ? Que dit-il ?...

     

     

     

    Petit exercice du jour :  la reconstruction d'une conversation.

     

     

     

    C'est moi, ça fait trois fois que je t'appelle, tu fais exprès de ne pas me répondre ou quoi ?

     

    Non, Pas du tout.

     

    Mon oeuil ! Mais bon, passons. Il faut qu'on discute là.

     

    En fait, là, je n'ai pas le temps. Et même tu me déranges.

     

    Tu n'as jamais le temps ! Tu as toujours quelque chose de plus urgent à faire que d'affronter la réalité. Mais tu ne pourras pas indéfiniment te défiler tu sais ..

     

    Non, mais je...

     

    Il n'y a pas de mais. Je veux que tu m'écoutes. Je n'en peux plus ! Ca ne peut plus durer ! Tu crois que ça ne m'a pas fait mal ton départ de ce matin ? On était si bien tous les deux à discuter à la table du petit déjeuner et tout d'un coup tu te lèves et tu files avec à peine un "à ce soir". Tout ça parce que la conversation est venue sur cette fille

     

    Ecoute, je ne voulais pas...

     

    Tu ne voulais pas que j'en parle, ça c'est sûr ! Mais tu crois que je n'ai pas compris votre manège ? Ces coups de téléphone, ces textos, et comment elle t'a regardé lorsqu'on l 'a rencontrée au supermarché . Tu crois que je ne vois pas ta tête lorsque elle est devant toi  ?

     

    Faudrait me laisser parler !

     

    Pour me dire quoi ? Qu'elle t'est parfaitement indifférente  ? Et tu crois que je vais gober ça ? Dès qu'elle a ouvert la bouche pour sortir je ne sais quelle anerie, tu es devenu comme un poisson hors de l'eau

     

    Comment ça ?

     

    Les yeux de merlan frit, la bouche grande ouverte, à boire ses paroles. Et elle, l'hypocrite, qui me posait des questions sur les enfants et faisait traîner la conversation

     

    Mais pas du tout ! c'est toi qui..

     

    Non moi j'ai juste pris le temps nécessaire pour me faire mon opinion , pour bien vous observer tous les deux. Et je n'ai pas été déçue ! En fait si je suis cruellement déçue, je n'aurais jamais cru qu'une chose pareille pouvait nous arriver, à nous !

     

    Tu te fais des films !

     

    Ah oui , alors qui te téléphone sans arrêt et t'envoie tous ces textos ?  Le Pape ? Je suis sûre que tu as une liaison avec elle. Ca m'a sauté aux yeux l'autre jour !

     

    Bon je te laisse là.

     

    C'est ça, défiles toi : c'est ta spécialité ! Je ne m'attendais pas à une conversation "adulte", tu te conduis comme un adolescent pris sur le fait. Mais je vais te dire une chose : on se trahit toujours. Et alors là tu comprendras ton malheur, je te le promets ! Je n'ai pas l'intention de me laisser faire !

     

    Oui, c'est ça ! 

     

    Tu ne me crois pas ? Ne me sous-estimes pas Justin !

     

    OK ! Rappelle-moi ce soir. Je file, là !

    Comment ça ce soir ? Tu ne rentres pas ? Tu vas où ? Chez elle ? ?


    3 commentaires
  •  

    jackklay

    Dessin de Coby Whitmore

     

    Détournement d'image

    Un autre petit jeu : changez l'histoire. Non, elle n'a pas reconnu son mari ou son amant avec une autre. Saurez-vous donner un regard différent sur ce qui paraît évident ?

     

    Ce n'est pas possible ! Mais c'est elle ! C'est Anna ! Son visage s'est un peu empâté mais je suis sûre de ne pas me tromper ! Trop occupée à se trémousser avec son bellâtre elle ne m'a pas vue, Dieu merci !

    Autrement mes jours de liberté étaient comptés et que serait devenu mon pauvre Médor ? Que fait-on des animaux quand les maîtres sont mis en prison ? Je n'ai personne à qui le confier, pas de famille, rien. J'ai passé mon temps à fuir et à me cacher . Il n'y a que depuis que j'ai Médor que je suis bien obligée de sortir un peu. Heureusement que l'Organisation m'alloue cette petite rente qui me permet de vivre. Il faut dire que je les tiens avec ce que je sais.

    Mais comment s'en est-elle sortie  ? Et ce rire agaçant pour quelques gouttes de pluie ! Elle n'a pas toujours ri comme ça, ça non ! J'ai plutôt entendu des pleurs et des cris de douleur. Elle suppliait qu'on la tue, tellement Bert et Hans lui en faisaient baver. Et moi aussi je dois dire. Jusqu'à présent avec les autres je me contentais de regarder, mais avec elle je ne me suis pas privée de participer . Et j'ai adoré. Fallait voir comme je la faisais pleurer cette vermine qui me battait froid au lycée et surtout qui m'a piquée Armand ! Le seul garçon que j'ai jamais aimé. Ah je lui ai bien fait payer. Bien sûr les gars ne savaient pas que c'était pour ça, je leur ai dit que je détestais ces résistantes. Bah de toutes façons ça les amusait de me voir participer ainsi. Je me souviens que Bart a dit que les femmes étaient plus féroces que les hommes. Je ne sais pas, ils n'étaient pas mal non plus dans leur genre. Ils ont été tués tous les deux à la Libération. Moi, personne ne m'a soupçonnée, j'ai toujours été très forte pour tromper mon monde !

    Tout de même quand on en a eu fini avec elle, la dernière fois que je l'ai vue, elle était inconsciente et  baignait dans son sang. Et au cas où elle aurait survécu c'était pour partir pour les camps, alors comment s'en est-elle sortie ? C'est incroyable .

    Et maintenant elle rit avec ce bel homme et elle a l'air heureuse pendant que moi je végète dans la clandestinité, seule avec ce chien pour toute compagnie, ce n'est pas juste !


    votre commentaire
  •  

     

     

    Edgar Bundy - Little Donkey 1889

     

    /.../ Ma petite maîtresse m'aimait beaucoup ; elle me soignait, me caressait. Quand il faisait mauvais et que nous ne pouvions pas sortir, elle venait me voir dans mon écurie ; elle m'apportait du pain, de l'herbe fraîche, des feuilles de salade, des carottes; elle restait avec moi longtemps, bien longtemps; elle me parlait, croyant que je ne la comprenais pas; elle me contait ses petits chagrins, quelquefois elle pleurait. /.../

     

    Voici un court texte de quelques lignes. (Vous aurez reconnu Les Mémoires d'un Ane de notre chère Comtesse de Ségur). Le jeu sera d'en doubler le volume à l'aide d'adjectifs, d'adverbes et de propositions relatives ou subjonctives (qui, que, quoi, dont, où, lequel, duquel, avec laquelle, parce que, pour que, depuis que, pendant que, etc...) Rappelez-vous vos cours de grammaire ! Ben, quoi ? C'est la classe, ici !)

    Exemple :

    1) Un lapin bondissait sur le chemin quand le renard l'aperçut...

    2) Un joli lapin roux bondissait sur le chemin, libre et allègre parce qu'il venait de se sauver du clapier de la ferme, quand, par un hasard malencontreux, le renard, qui cherchait depuis longtemps de quoi se mettre sous la dent, de ses yeux perçants l'aperçut...

    Lecture des textes gonflés à bloc, lundi.

    ( désolée pas beaucoup de temps avec Mininini, mais j'ai "pondu" ça, vite fait )

     

    Ma petite maîtresse, jolie comme un coeur avec ses bonnes joues rouges d'enfant élevé à la campagne m'aimait beaucoup, plus même que l'on aime habituellement un animal, en réalité elle m'adorait : elle me soignait de ses petites mains potelées et me caressait lorsqu'elle me sentait ou du moins m'imaginait un peu mélancolique.

    Quand il faisait mauvais, que les pluies se déchaînaient ou que l'orage grondait, quand le gel givrait le sol et tout ce qui poussait et que nous ne pouvions pas sortir gambader gaîment à travers champs ou simplement nous promener paisiblement le long des chemins, elle venait de voir dans mon écurie, cet endroit sombre mais finalement tranquille avec sa bonne paille chaude pour m'isoler du sol de ciment, de peur que je ne broie du noir ce qui, de fait, ne m'arrive pas souvent, étant d'un naturel plutôt optimiste. Elle m'apportait du pain, ce bon pain cuit par sa mère fleurant bon le levain et le blé, de l'herbe fraîche qu'elle coupait dans le champ choisissant soigneusement les grandes pousses bien vertes dont elle me sait friand, des carottes que je la soupçonne de chaparder pour moi dans le potager du grand-père qui ne serait sûrement pas content s'il venait à l'apprendre. Elle restait avec moi longtemps, bien longtemps, parfois des heures entières comme s'il n'y avait pas d'autre endroit au monde plus important pour elle que ce parterre de paille, cet abreuvoir en pierre et moi debout à l'écouter de toutes mes oreilles que j'ai fort grandes. Elle me parlait de sa petite voix fluette croyant que je ne la comprenais pas alors que, bien sûr, je buvais ses paroles qui me distrayaient de ma solitude, tellement comblé par  sa présence affectueuse. Elle me contait ses petits chagrins : une mauvaise note à l'école, la méchanceté d'une autre petite fille, un jouet égaré, les reproches de sa maman pour un objet cassé. Quelquefois elle pleurait accrochée à mon cou et je sentais ses larmes sur mon poitrail. Je faisais alors attention à ne pas bouger, à ne pas troubler cet épanchement qui, je le savais, lui faisait du bien et je me régalais du contact de ses petits bras qui ne faisaient même pas le tour de mon cou.


    2 commentaires
  • Edward Hopper - New York Movie

    Edward Hopper - New York Movie - 1939

      

    Celle de Hopper, dans sa tenue bleue électrique, semble attendre le client - rare - qui va descendre dans la salle obscure. La première partie est déjà commencée...

    La caméra s'approche : Gros plan sur l'ouvreuse !

     

    Pas grand monde ce soir... Pas étonnant : il neige à pierre fendre dehors et il fait un froid glacial. Il faut être maso pour sortir par un temps pareil ! En plus ce film est tellement ennuyeux...

    Ce doit être des solitaires. Comme moi.

    Mais moi je préférerais mille fois être dans mon petit deux pièces, au chaud ! J'aurais enfilé mon pyjama en pilou, ma robe de chambre douillette , mes chaussons fourrés et je me serais assise sur mon fauteuil  avec un verre de vin, ou une tisane, suivant l'humeur.  Clark serait sûrement venu ronronner sur mes genoux et nous aurions regardé la neige tomber et les quelques rares passants se hâter dans le blizzard. Quel bonheur !

    Au lieu de ça j'ai une heure et demie à attendre ici, en écoutant ces inepties.

    Au moins c'est bien chauffé et mes bottes fourrées m'attendent dans le vestiaire. Cet idiot qui m'a sussuré tout à l'heure alors que je le guidai vers sa place "en voilà de jolies petites chaussures qui ne vont pas réchauffer ces ravissants petits pieds ". Encore un obsédé ! Le soir, en semaine, il n'y a presque que ça. Ils croient quoi ? Que je vais leur sauter au cou ? Pouah ! Et encore, lorsque ce n'est qu'une réflexion stupide ça va, mais quand ils ont les mains baladeuses... J'en ai touché deux mots au Patron, il ne veut rien entendre. Un de ces jours y en a un qui se prendra une baffe, il ne faudra pas qu'il vienne se plaindre !

    Il vaut mieux pas d'ailleurs. Manquerait plus que je perde ma place. j'ai suffisamment eu de mal à la trouver ! Un coup de bol : je marchais après avoir essuyé un énième refus, j'étais découragée et tout à coup, je ne sais pas ce qui m'a pris mais j'ai vu le cinéma en face alors j'ai traversé la rue ( :) ) et j'ai demandé s'ils n'avaient pas besoin d'une ouvreuse. Pour une fois que j'ai de la chance.

    Le négatif, à part le fait de rester plantée là pendant toute la séance à regarder des films que je finis par connaître par coeur, c'est de rentrer tard le soir. J'avoue que je ne suis pas très rassurée. Certaines rues sont mal éclairées et j'ai  peur de faire une mauvaise rencontre. Alors je me hâte, le nez dans le col de mon manteau, les épaules voutées, comme si je voulais n'être plus qu'une ombre, presque invisible et je ne me détends que lorsque je pousse enfin la porte de mon immeuble.

    Ici aussi je suis presque invisible, une fois qu'ils sont hypnotisés par l'écran je n'existe plus.


    8 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires