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    JanToorop Three women in profile witj a street

    Jan Toorop - Trois dames de profil avec rue.

     

    C'est le devoir à trois points de vue...

    A lundi !

     

    La Fille (au fond) : Demain est un grand jour : je vais me marier avec mon chéri. Mon merveilleux chéri ! Il est si beau , si gentil, et tellement intelligent . Je terminais le lycée lorsque nous nous sommes rencontrés et ça a tout de suite été le coup de foudre. C'est un garçon sérieux qui réflêchit à son avenir, à notre avenir. Il veut être chirurgien cardiaque, ce sont de longues années d'études mais je sais qu'il y arrivera. Je serai là pour l'aider et le soutenir. Je suis contente d'avoir trouvé cet emploi de secrétaire, quelle chance qu'ils m'aient acceptée avec juste le bac ! Je n'aurai pas un gros salaire mais il nous permettra de vivre décemment pendant que mon cher Amour grimpera les étapes jusqu'à son diplôme. Il m'a même dit que -les études étant longues- il ne verrait pas d'inconvénient à ce que nous commencions à avoir des enfants avant la fin. Il est tellement  généreux...Il sera un père merveilleux.
    Je vais être si belle dans ma robe de mariée !

     

    la Mère (au milieu) : Ah si seulement son père était encore de ce monde, il aurait peut être réussi à la dissuader d'épouser ce crétin imbu de lui-même ? Elle est aveugle ou quoi ? Elle est en bonne voie de gâcher sa vie. Déjà que pour lui elle abandonne  l'idée de continuer des études, elle qui était si bonne élève : il n'y a pas un an elle voulait devenir avocat !  Et pourquoi ? Pour que Môssieur  puisse lui, faire de longues études confortables. J'ai essayé de lui parler mais il n'y a rien à faire, ça se termine immanquablement par des disputes. Elle m'a même dit que j'étais jalouse ! Jalouse ? Je n'en voudrais pour rien au monde de son grand échalas boutonneux et guindé. On croirait toujours qu'il a avalé un parapluie !
    Je ne me suis même pas achetée de nouvelle robe : ma robe de cocktail noire et un chapeau et ça fera l'affaire, pas envie de dépenser le moindre centime en son honneur.

     

    La Grand-Mère (devant) : Ma petite fille est une idiote. Ce mariage est navrant. Ce n'est pas tant la laideur du jeune homme, quoique... mais surtout son aspect "vieille noblesse consanguine". Comment peut-il lui plaire ? Et en plus elle arrête ses études pour faire "bouillir la marmite" quelle erreur ! C'est bien la peine que nous nous soyons battues pour la libération de la femme !  Mais bon, dans un sens il y a quand même un aspect positif : me voici vengée ! Ma fille qui en est malade de ce mariage m'avait elle-même imposé le sien avec cette brute de Barnabé, Dieu ait son âme, un parfait abruti. Les femmes de cette famille sont folles ! A croire que c'est notre destin de foncer tête baissée dans le mur. Au moins Henri a-t-il eu le bon goût de ne pas m'encombrer trop longtemps. Ma mère avait raison : il était d'un pénible !


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    A toute serrure, une clé...

     

    jacqueline Gnott- keys

    Aquarelle de Jacqueline Gnott

     

    Dix mots à caser, histoire de trouver des serrures à ces clés...

    Tardivement

    Symphonie

    Eclat

    Bordure

    Ergot

    Influence

    Grenat

    Correct

    Fracasser 

    Parloir

     

    Il lui avait donné rendez-vous au parloir. Il voulait jouer de son influence pour qu'il lui donne enfin la réponse. Mais il fallait éviter tout éclat qui aurait attiré l'attention des gardiens, qu'il ne se dresse surtout pas sur ses ergots : il aurait vite fait de tenter de lui fracasser la tête avec ce qui lui serait tombé entre les mains.

    Le caïd apparut et lui jeta un regard mauvais : qu'est ce que vous m'voulez ?  J'ai déjà tout dit aux flics !

    "Asseyez vous, Charles, j'ai une proposition à vous faire. Un marché en quelque sorte."

    Charles s'assit et attendit, le regard rivé sur le grenat que l'homme portait en bague à l'annulaire gauche. En bordure scintillaient de minuscules diamants.  On ne se refait pas . Charles réalisa alors , tardivement, qu'il aurait dû s'en tenir à sa spécialité : le vol de bijoux qui lui avait assuré un revenu correct, au lieu de se lancer dans ce projet hasardeux qui l'avait conduit à cette prison.

    "Quel marché ?"

    L'homme, gêné par ce regard fixe sur sa bague, avait retiré sa main qu'il avait fourrée dans la poche de son pantalon affectant une nonchalance qu'il était loin de ressentir.

    "Voilà , en deux mots, vous me dites quelles portes ouvrent ces deux clefs qui ont été retrouvées sur les lieux du crime, il les avait posées devant lui sur la table en prononçant cette phrase, et en contre-partie j'ai quelqu'un près à jurer sous serment  qu'il vous avait vu à la Philarmonie à l'heure du crime"

    " Faut voir. C'est quoi la Philarmonie ? "

    "Une salle de concert, porte de la Villette, donc justement à l'opposé de Neuilly"

    "Et si on m' demande, on y jouait quoi ?"

    "La huitième symphonie de Beethoven. Mais ne vous en faites pas, vous aurez tous les détails le moment voulu. Alors ?"

    " Dans ce cas... Pourquoi vous voulez savoir pour ces clefs ? "

    " La victime, que vous avez tuée ou non, je m'en fiche,  est mon beau-père. Un beau salopard. Il s'est toujours vanté d'avoir des preuves accablante contre moi qui pourraient ruiner ma carrière politique, il me tenait comme ça. Je n'ai  rien trouvé dans la maison, ni dans le coffre que les flics ont récupéré. Par contre il y a ces deux clefs que vous aviez sur vous  au moment de votre arrestation". C'est mon dernier espoir. Alors ? Donnant, donnant " ? Vous m'aidez à mettre la main sur ces dossiers, et sûrement d'autres choses encore et je vous fournis un alibi en béton. Ca me parait honnête.

    Ce mot qui ne faisait pas partie du vocabulaire de Charles le fit sourire ainsi que la pensée qu'une fois encore il allait s'en tirer, ce que c'est que d'avoir une bonne étoile !


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    La colère

     

     

     

    leo-putz autumn-1908

     

    Léo Putz - Autumn -1908 (détail)

     

     

     

    Mais qu'a donc bien pu écrire Saul Smitger à Miss Sarah

     

    pour que celle-ci soit si en colère ?...

     

    Je compte sur vous pour enquêter.

     

     

     

    Je n'en crois pas mes yeux ! Ce n'est pas possible qu'il ait osé m'écrire cette lettre ! Mais pour qui se prend-il ! Il ose me demander d'accepter de reculer la date de notre mariage ! Reculer la date ! Alors que je n'ai pas arrêté de lui dire que j'étais si pressée de devenir sa femme et gna gna gna.

     

    Et pourquoi ? "pour me permettre de réflêchir encore et de faire le point sur mes sentiments". Ses sentiments ? Qu'est ce que ça veut dire : il n'est pas sûr de m'aimer ? Il n'a pas eu le temps de s'en assurer depuis un an que nous nous fréquentons ?

     

    Mais il y a aussi que je ne peux pas attendre moi ! Ca il ne le sait pas mais j'ai commis une...erreur ... avec le Chauffeur de Papa, le beau Marcel. Oh juste quatre ou cinq fois, à l'arrière de la Limousine et bref, la malchance... je suis enceinte. C'est pourquoi j'ai parlé mariage à Hubert qui me tournait autour depuis  plusieurs mois et qui se la jouait amoureux transi. Mais pas si transi que ça apparemment...

     

    Pourtant il n'est pas question de reculer la date. Si seulement il n'avait pas ces principes débiles "d'attendre le mariage", ça existe encore des gars comme ça ? Et il a fallu que je tombe sur ce specimen en voie de disparition ! J'aurais pu lui expliquer pourquoi nous devions nous dépêcher "cher Hubert, tu ne voudrais pas que ma réputation..." mais non,  rien à faire, et ce n'est pas faute d'avoir essayé, surtout ces derniers temps depuis que je sais qu'il y a une paternité à faire endosser.

     

    "je trouve que nous précipitons un peu les choses" Ben tiens, c'est pas comme si j'avais huit mois devant moi ! "apprenons à mieux nous connaître" connaître quoi ? Un grand dadais coincé, fils-fils à sa maman, j'ai pas besoin d'en savoir plus moi : un brave garçon, un beau compte en banque, pas bien malin peut être, exactement ce qu'il me faut, et Marcel pour les satisfactions... Et outre que je n'ai matériellement pas le temps d'en trouver un autre, en plus il a un atout de taille : ils ont tous les deux les yeux bleu lavande et peu ou prou la même apparence (mais sûrement pas les mêmes aptitudes), et ça c'est essentiel pour la ressemblance. Qu'il n'y ait pas de doute. La belle-mère est coriace et plus futée que sa progéniture. D'ailleurs je suis sûre que c'est elle qui lui a dicté cette lettre. Tout à fait son genre !

     

    Mais comment je vais faire moi, pour le faire changer d'avis ? Il faut que je sois mariée au plus vite, il y a urgence !


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