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    Nous arrivons. Le voyage a été long et un peu effrayant avec ma mère qui s'énerve beaucoup quand on doit prendre le train. Encore plus que d'habitude. Il y a les bagages, le chat dans son panier, le sac du pique-nique.
    Après le train nous prenons un car. Maman demande au chauffeur de s'arrêter à "la cabane", trois km avant l'arrêt en ville, il accepte volontiers. Nous descendons et là il nous reste un km à pied, bien chargées.

    Je sens l'odeur de la campagne, les champs à perte du vue. En arrivant en  bas de la côte j'aperçois la rivière qui serpente près du chemin. Il y a des vaches , des moutons, nous arrivons au village, une dizaine de fermes adossées à la colline. Nous retrouvons la Maison, notre maison. Rien à voir avec notre minuscule appartement sous les toits. Je vois que Maman commence à se détendre. Elle défait les valises et m'envoie jouer dehors. Je sais qu'ici elle me prêtera moins attention, elle criera moins.

    Je suis heureuse, je suis libre. Plus d'immeubles, plus de rues, plus de voitures. L'herbe sent bon, l'air sent bon. Je file sur le chemin, je file vers le "chemin de croix" (parce qu'il a un crucifix à son début) qui mène à la rivière. Les vaches me regardent passer. Je voudrais les embrasser et leur dire : "vous voyez je suis là, je suis revenue". Je le leur dis d'ailleurs. Elles me regardent avec leurs yeux doux.

    C'est l'été, il fait chaud, je vais me tremper les pieds dans la rivière. Je n'ai pas l'autorisation de me baigner seule. Je sais qu'elle est dangereuse parfois. Ma mère m'a raconté qu'elle avait failli s'y noyer avant ma naissance.

    Je rentre à travers champs, si je ne fais pas de bruit je verrai peut être un renard, des lièvres ou même des chevreuils. Si je ne les vois pas aujourd'hui je les verrai un autre jour. Les vacances commencent seulement, j'ai l'éternité devant moi. Septembre est loin, la ville grise aussi. Ici tout est vert, jaune et bleu. Tout brille, tout scintille.

    Je vais retrouver mes jouets d'ici : quelques poupées, et mes livres. Mes journaux de Mickey, les Pieds Nickelés, Nano et Nanette etc.. Demain je mettrai une grande couverture dans le jardin et je les relirai à l'ombre du tilleul. Peut être que les filles des voisins savent déjà que nous sommes arrivées, elles viendront jouer avec moi. Je joue un peu les chefs parce que je suis la "parisienne"qui connait plein de trucs !

    Et ce soir ce ne sera pas un petit lit par terre, collé à celui de ma mère (pour laisser une chambre à ma grande soeur), ce soir je serai dans un vrai lit, avec un édredon de plumes et un matelas mou dans une chambre fraîche qui sent un peu l'humidité et le feu de bois. Comme le volet est cassé j'apercevrai le ciel et les étoiles et j'entendrai le hibou et bien d'autres bruits de la nuit. Je m'endormirai vite dans ce nid douillet.

    Et demain tout recommencera : le soleil et l'herbe, l'éternité d'une journée à la campagne.


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    "Dansons la capucine, y a plus de pain chez nous, y en a chez la voisine , mais ce n'est pas pour nous, you-ou "

    - Samantha,  pourquoi tu n'es pas habillée encore ? Maman va te gronder !

    - Oui, nous devons aller chez Grand-Maman, enfile donc ta robe !

    - Grand-Maman sent mauvais, je n'ai pas envie d'y aller !

    - Tu exagères ! Si Maman arrive et voit que tu ne t'es pas encore préparée, elle va crier et sortir le martinet !

    - De toutes façons elle ne fait que ça !

    - C'est vrai. Si ce n'est pas les vêtements c'est la coiffure, si ce n'est pas la coiffure c'est autre chose.

    - Moi elle ne me gronde jamais, je fais tout comme il faut.

    - Comme elle veut tu veux dire ! "ah vous dirais-je Maman ce qui cause mon tourment "

    - Toutes : " Moi je dis que les bonbons valent mieux que la raison "

    - Maman est fatiguée. Nous sommes quatre et ...

    - Maman nous le répête tout le temps : elle voulait un garçon ! Et elle prétend que Papa est parti à cause de nous !

    -" Mon papa, ne veut pas, que je danse, que je danse, mon papa ne veut pas, que je danse la polka "

    - Depuis qu'il est parti c'est encore pire : elle nous déteste.

    - Elle nous a dit de nous faire belle pour la visite à Grand-Maman, peut être qu'elle veut nous y laisser ? "

    - Mais non, c'est comme lorsqu'il y a des visites, elle est fière de nous montrer "laissez moi vous présenter mes chères filles, elles sont ma consolation "... tu parles Charles !!

    - Oui, et eux : "oh comme elles sont mignonnes et bien élevées, mes félicitations très chère, elles sont votre réussite ! " et gna gna gna... et elle elle se rengorge.

    - C'est le seul moment où elle nous apprécie, mais dès qu'ils sont partis c'est "allez enlever ces robes vous allez les abimer et restez dans votre chambre jusqu'à l'heure du dîner."

    -Samantha, l'heure approche, va vite te préparer !

    - J'y vais, j'y vais ..."Aux marches du palais,  aux marches du palais y a une tant belle-fille lon la, y a une tant elle fille"...

    - toutes les quatre : c'est un p'tit cordonnier, c'est un p'tit cordonnier, qu'a eu sa préférence lon la, qu'a eu sa préférence ! "


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    Devoir de Lakevio du Goût_82.jpg

    Je suis vraîment une vedette : dèjà à la une de Télérama cette semaine mais, plus grande consécration encore : sur le blog du Goût !

    Bon, sur Télérama ils m'ont fait un grand sourire niais , soi-disant que je suis heureuse que le défilé recommence ! Le défilé des touristes qui s'agglutinent devant moi, et -signe des temps- maintenant me tournent le dos pour prendre leurs fichus selfies.

    Ceci dit, je suis quand même un peu contente, ça me fait de la distraction. Je regarde à quoi ils ressemblent, comment ils sont habillés. J'essaye de deviner quelle langue ils parlent etc... C'était un peu longuet ces derniers temps... Combien de fois n'ai-je pas entendu la Vénus de Milo soupirer, elle aussi doit trouver le temps long. Et je ne vous dit pas le chahut sur le radeau de la Méduse, ils en sont venus à se chamailler par désoeuvrement !

    Vous vous posez la question sur mon sourire, le vrai ? C'est parce que je me moque de l'engouement planétaire pour ma modeste personne. Ca me fait marrer doucement parce que de mon vivant, moi , Lisa Gherardini, j'étais loin de provoquer tant d'émerveillement ! C'est ma cousine Elena qui était réputée pour sa beauté . Je l'aimais bien mais elle me piquait tous mes prétendants, pire elle a épousé le bel Alphonso dont j'étais éperdument amoureuse. Quand nous étions dans la même pièce tous les regards étaient rivés sur elle et si un belâtre s'intéressait à moi c'était pour mieux, par ce stratagème, être admis dans son cercle amical et essayer de la séduire.

    Et maintenant je suis vengée : qui mobilise les foules , hein ? Il ne s'agit pas d'une dizaine d'amoureux transis, non, il s'agit de millions de personnes ! Et je ne peux que trouver cette pirouette de l'Histoire très réjouissante et cocasse !


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  • devoir de Lakevio du Goût_81.jpg

    Il est comme moi en ce moment : il fait un peu de déprime. Et encore lui il a du soleil. Ca aide...

    Sa femme est partie avec un ami commun il y a quelques années, lui laissant la garde de ses deux fils. Il a eu quelques aventures sans lendemain. C'est Anne qu'il aimait. Depuis l'âge de dix-sept ans. On ne guérit pas d'un amour attrapé à la sortie de l'enfance.

    Il a organisé sa vie autour de ses deux garçons. Ils avaient douze et quatorze ans à l'époque. Ils souffraient tant du départ de leur mère qu'il a dû penser à eux avant de penser à lui-même. Ils attendait qu'ils soient très occupés et heureux, par exemple pour un match de foot ou une après midi entre copains, pour se laisser aller à sa tristesse. Là seulement, les voyant sourire et débarrassé de l'obsession de leur chagrin, il s'enfonçait dans la douleur, se reprenant dès leur retour, essayant de faire preuve d'un allant qu'il était loin d'éprouver.

    Ils avaient cicatrisé ainsi, tant bien que mal, tous les trois, au fil des années. Les garçons plus facilement dès l'arrivée dans le monde des jeunes adultes. Leur vie les attendait, avec ses promesses et ses espoirs. Le plus jeune venait de rejoindre son ainé dans l' université d'une ville éloignée. Il les reverrait de temps en temps, aux vacances,  une fois par trimestre, peut être moins.

    La solitude qu'il avait ressentie au départ d'Anne n'était rien finalement par rapport à celle qui l'attendait aujourd'hui. Maintenant il était vraîment seul.

    Il ne savait pas comment il allait occuper tous ces jours, cette infinité de journées , toutes pareilles, qui l'attendaient.

    Changer de maison ? Mais c'était perdre un peu plus ses enfants dont il sentait la présence dans toutes les pièces et il pensait qu'à chaque visite retrouver leur univers d'enfance leur ferait plaisir.

    Trouver une compagne ? Il n'y croyait plus vraiment. Au mieux ce serait une sorte d'arrangement entre deux solitudes, pour ne pas vieillir seul. Pas très enthousiasmant.

    Voyager, voir le monde ? Oui ça, il pouvait, dans la mesure de ses moyens. Une fois, pris d'une impulsion il avait emmené les gars à Rome. Il les avait traînés de monuments en musées. Vu leur manque d'enthousiasme et de curiosité, les délices de l'adolescence, ça n'avait pas été un grand succès. Il était plus judicieux de les emmener au ski ou dans tout autre séjour sportif.
    Mais, bon, peut être,  s'offrirait-il quelques voyages...

    Pour l'instant il restait assis, là dehors, baigné par le soleil déclinant d'une fin de journée de septembre, reculant le plus possible le moment où il se retrouverait dans sa maison silencieuse.


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  • devoir de Lakevio du Gout_79.jpg

    La paresse c'est l'activité, si l'on peut dire,  que j'ai pratiquée depuis quinze jours. Mais on pourrait appeler ça repos aussi.

    Avec un chat aussi, mais beaucoup plus poilu.

    Et nettement plus habillée parce qu'il n'a pas toujours fait chaud.

    Et sur un patchwork plus coloré.

    Paresser ça a été réflêchir, faire le point, prendre certaines résolutions,  lire trois livres,  cotoyer des gens charmants et des animaux tranquilles dans leurs champs d'herbes et de paquerettes, ,  me promener dans des paysages paisibles. Une paresse un petit peu  active donc.

    La paresse c'est de ne s'occuper de personne d'autre que soi. C'est si rare... Enfin sauf les visites à mon vieux voisin pour lui tenir un petit peu compagnie en fin d'après midi. Je sais qu'il m'attend.

    Demain c'est fini. Je vais retrouver une maison que j'ai laissée en vrac et des choses encore moins agréables.

    La paresse c'est aussi de ne pas écrire davantage sur le sujet, désolée Monsieur Le Goût...


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