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    (le jeu de Lakévio)

     

    Ça a débuté comme ça. :

    C'est Maurice, le garde-chasse qui a remarqué la tâche de sang sur le rebord de la fenêtre. C'était du sang frais et il y en avait beaucoup. Il a sonné à la porte pour savoir si quelqu'un était blessé et s'il pouvait être utile.

    Le Père Jean a ouvert, comme à chaque fois Maurice a eu un mouvement de recul face à ce géant barbu, on dirait un ogre pensait-il à chaque fois, ce souvenant des contes de sa jeunesse . Mais il était garde-chasse, un garde-chasse n'a pas peur  . "Ya t'y quelqu'un de blessé  ? a demandé Maurice, j'ai vu une tâche là "

    "Ouais ! C'est la Marie qu'a voulu découper le lièvre que le P'tit a ramené c' matin. C'est pas d'chance, elle a trébuché avec le couteau et elle s'est saignée comme un pourceau ! Ca a éclaboussé partout, j'avions pas vu qu'il en restait sur la f'nêtre"

    "Et la Marie, comment elle va ? "

    "Pensez donc, Maurice, à plus de quatre-vingt ans, ça a plus d'sang  ! S'est vidée en un rien de temps. L'est décédée"

    "L' docteur n'a rien pu faire ? "

    "Voyons,  croyez qu'on l'a appelé ? On a bien vu qu'elle était passée, à quoi bon dépenser des sous ? Déjà l'véto pour la vache l'autre fois...c'est des frais. On en a point trop! "

    " Mes condoléances alors Père Jean, à vot'Dame aussi, perdre sa Maman c'est toujours ben d'la peine".

    "Sûr que ma femme elle la pleure sa Maman et l'travail que ça lui a donné de tout nettoyer, le sang qu'a giclé partout. Déjà qu'elle en avait du travail avec la vieille qui s'contenait plus. Fallait laver les draps tous les jours, les habits aussi. Toujours les mains dans la lessiveuse la Germaine, l'en avait des engelures que ça guérissait jamais."

    "C'est beau d's'occuper d' ses parents comme ça"

    "Oh ça, et pour c'qu'elle en avait de reconnaissance ! Toujours à la houspiller ! Faut pas dire du mal des morts, mais celle là...on portera pas peine ! "

    " Ah bon ? Mais dites moi, comment ça s'est passé ? Si elle est tombée, la lame du couteau elle devait pas être pointée vers elle ?  Et le lièvre il est où ? "

    "Quel lièvre ?  Ah oui le lièvre ! L'était couvert du sang d'la vieille, j'lai donné aux chiens, on pouvait pas le manger quand même ! On n'est pas des bêtes, c'était l'aieule quand même  !"

    " J'peux parler à la Germaine ?"

    "L'est endeuillée, Maurice, faut la laisser tranquille. Elle vous parle'ra un aut' jour "

    "Et le p'tit ? "

    "C'était pas une place pour un gamin d'voir sa Mémée dans c't'état, déjà qu'il l'aimait pas beaucoup, elle arrêtait pas de lui balancer des tornioles. En plus des miennes ça f'sait beaucoup pour un mioche. Mais les miennes c'est d'l'éducation hein ? Faut c'qui faut !  Dès qu'c'est arrivé, on l'a envoyé chez l'tonton au hameau. Les gosses faut les tenir à l'écart des affaires des grands, non ? "

    "Et la mémée, elle est où ?"

    "Elle repose sur son lit. On a appelé l'curé, même si c'était trop tard. Elle s'ra enterrée samedi matin".

    "Mais c'est l'jour du Marché , vous allez l'manquer ? "

    "Allons, Maurice ! Vous croyez qu'on peut s'permettre d'pas y aller ? Avec les frais qu'on a ! Que c'est le seul moment où l'on peut gagner quequ' sous ! La Germaine avec ses oeufs, ses poulets et ses légumes, et moi avec les bestiaux ".

    "Il parait qu'la Mémée elle avait des économies ?"

    "Faut pas croire tout s 'qui s'dit. L'avait rien. Rien de rien."

    "Pourtant Madame Polant, l'aide ménagère, qu'on lui avait envoyée après son col du fémur disait que..."

    "La Polant c'est une brave femme, mais elle s'trompe c'est tout. Bon, le Maurice, c'est pas que j'm'ennuie à parler avec vous, mais y a les poules et les lapins à panser puis les vaches à traire. Sûr que maintenant la Germaine sera moins occupée et pourra m'donner un coup d'main, ce sera pas d'refus, mais j'lui laisse la journée pour son deuil"

    Maurice prit congé et alla se prendre un petit calva au café de la Place, il en avait bien besoin.

    La Marie fut enterrée le samedi matin. Maurice ne put pas y aller car il avait réunion à la Mairie mais on en parla au bistrot le lendemain  et ce qu'il apprit fut qu'en fait, Madame Polant déléguée par la famille avait seule suivi le corbillard.


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  •  (je jeu de Lakévio)

     

    paul rafferty

     

    Ils sont déjà là, ils m'attendent. Comme convenu en haut de l'escalier. Ca leur permet de voir loin et de surveiller que je n'ai pas été suivie ou accompagnée. En même temps à six heures du matin il n'y a pas grand monde dans la rue, ils sont malins.

    J'ai peur. Je serre contre moi la malette pleine de billets. Ca n'a pas été simple de réunir cette somme en liquide. Et me voici endettée pour le reste de ma vie.
    Je n'arrive plus à avancer. Je tremble. J'ai peur de lire dans leurs yeux qu'ils m'ont bien eue et que jamais ils ne me rendront Lucas. C'est ça qui me fait le plus peur : qu'ils rigolent en prenant l'argent ou même qu'ils me le disent. Mon Dieu...

    IL n'y a personne dans cette ville, elle est vide. Je suis seule au monde avec ma peur. Plus rien n'existe pour moi à part les mots qu'ils vont prononcer là, dans quelques minutes, lorsque je leur remettrai la malette. Ma vie tient à ça. S'ils me disent qu'il est mort j'irai me jeter sous le métro. Direct.

    Je n'en ai parlé à personne. C'est ce qu'ils m'avaient ordonné "si vous voulez revoir votre fils". Et puis si j'en avais parlé, à ma mère, par exemple, elle m'aurait dit d'appeler la Police. Tout le monde m'aurait dit ça.

    Comme il doit avoir peur mon petit garçon, pourvu qu'ils ne lui aient pas fait de mal, juste enfermé quelque part en attendant de me le rendre. En tout cas il n'est pas avec eux là, je ne vois pas d'enfant. Peut être dans une voiture non loin et ils vont le laisser sur le trottoir en démarrant ?  Oh ce serait tellement merveilleux...

    Bon il faut que j'y aille. S'ils m'attendent ça risque de les mettre de mauvaise humeur. Je crois qu'ils sont trois. Respirer profondément, avancer, un pas après l'autre. Six nuits que je n'ai dormi qu'avec des somnifères, je vois à travers un brouillard. Ma vie se décide dans deux cent mêtres, Lucas mon amour...

    "Vous êtes en retard !  Le compte y est ?"

    "Oui, je...."

    Il m'a arraché la malette et ils s'engouffrent dans une grosse voiture qui vient de s'arrêter juste devant nous. Quatre donc. Ils démarrent en trombe. Ils ne m'ont rien dit. Pas un mot. Quelques voitures passent, un ou deux piétons se hâtent vers le travail. Je regarde par terre, ils ont peut être laissé un mot ? Où est mon fils ? La tête me tourne, j'ai envie de vomir, il commence à pleuvoir et je reste là, sous la pluie, en haut de cet escalier c'est le seul endroit que nous ayons en commun eux et moi. A part mon numéro de téléphone qu'ils ont trouvé dans le cartable du petit lorsqu'ils l'ont enlevé à la sortie de l'école. Ma  mère avait raison je n'aurais jamais dû le mettre dans cette école privée rempli de gosses de riches, mais rien n'était trop beau pour mon Lucas. Ca a été sa perte, notre perte.

    Il ne reviendra pas. Je sais ce qu'il me reste à faire, j'ai trop mal, ce n'est pas supportable, je ne peux pas vivre sans lui.

    (dring...)

    C'est peut être eux ? Que vont-ils m'annoncer ?

    - Madame Brament ?

    - Oui

    - Mathilda De Bonsavoir, Directrice du Cours Cluny. Je suis au regret, Madame, de vous demander de venir chercher votre fils. Tout de suite ! Nous sommes, Madame, un Etablissement de tout premier plan avec une exigence de tenue et de correction. Madame nous ne pouvons pas accepter votre fils ce matin dans un tel état de crasse et de débraillé, en plus il a l'air malade et tient des propos incohérents. Déjà que faisait il bien avant l'heure, sous la pluie devant le portail, pensez à l'image de l'Ecole, ce n'est pas un refuge pour miséreux ou je ne sais quoi !  Je suis désolée mais je ne suis pas certaine que nous puissions le garder après cet incident regrettable...."

    - Je vous en prie, gardez le encore une vingtaine de minutes, j'arrive tout de suite ! Dites lui que sa Maman arrive et que nous allons repartir à la maison et dites lui que je l'aime ! Oh je suis tellement heureuse !!!

    - Mais enfin, Madame ...?


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  • Darren Thompson

     

    "Tu as l'intention d'y aller ? "

    "Pas très envie mais comment faire autrement ? "

    "Franchement elle nous enquiquinne avec ses mariages ! C'est le troisième quand même ! "

    " C'est son boulot ! "

    " Mais non elle ne travaille pas ! "

    "Mais si ! C'est du boulot de se dégotter un vieux riche, si possible sans enfant, qui a le bon goût de mourir rapidement. Je t'assure qu'elle gagne plus que si elle faisait ses 35 heures ! "

    "Ok le premier, il avait dépassé les quatre-vingt mais le deuxième non "

    "Mais voyons, il était très malade ! A croire qu'elle a écumé un hôpital pour le trouver !"

    "C'est exact ! Elle m'avait dit qu'elle l'avait rencontré lorsqu'elle était au chevet du premier à la clinique. Je me demande comment va être le troisième ..."

    "Nous le saurons samedi ! Tu as remarqué les faire-part sont de plus en plus grands et luxueux !"

    "Ben tu as vu la salle qu'ils ont réservé ? Le grand luxe !  Il va falloir que je m'achête une nouvelle robe, ça va faire des frais, plus le cadeau.. avec Jérome au chômage et mon petit salaire..."

    "Oui et tu as vu qu'il y a des rumeurs de licenciement dans notre Service ? C'est pourquoi nous ne partons pas cette année, les enfants iront au Centre Aéré et voilà tout."

    "Il en dit quoi Gérard ? "

    "Gérard il est aigri. Le travail de nuit ne lui réussit pas, il n'arrive pas à récupérer dans la journée . Alors il est à cran. On n'arrête pas de se disputer. Devant les gamins en plus ! "

    "C'est comme Jérome, il ne veut pas le reconnaître mais je pense qu'il fait de la dépression. Il voit tout en noir, il me plombe. Je t'avoue, parfois, j'en ai marre. J'ai l'impression que seule je m'en sortirais mieux. Et ce qui m'énerve c'est qu'après ma journée lorsque je rentre, il n'a rien préparé, rien fait, même pas vidé une machine, il doit passer son temps devant la télé. Nous aussi on ne va pas partir pour les vacances, on ira juste chez ses parents, en Creuse. "

    "Celle qui s'en sort bien c'est Josiane !  Elle t'a dit qu'ils partaient aux Seychelles pour leur voyage de noce ? "

    "Oui. Franchement je me demande si ce n'est pas elle qui a raison ? Tu te souviens, elle nous le disait au Lycée qu'elle n'avait pas l'intention de galérer toute sa vie et d'épouser un gagne-petit."

    "Quand j'ai décroché mon diplôme elle a rigolé : "tu vas gagner des mille et des cents avec ça !" et, tu te souviens, elle nous montrait ses jambes en riant : "voici mon diplôme à moi  !"

    "Nous n'étions pourtant pas moches nous non plus".

    "Non."

     

     

     

     


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     (le jeu de Lakévio)

     

    david hettinger - chenoa-and-bear

     

    Je déteste les week-ends mais surtout, surtout, les dimanches. Samedi, au moins, j'arrive à m'occuper un peu, hier je suis allée m'acheter ces fleurs, comme personne ne m'en offre il faut bien que je me les achête, et puis il y a le marché.
    Mais aujourd'hui dans cette ville de Province tout est fermé, ville morte !  Je ne peux même pas aller promener Skippy, je l'ai déjà fait ce matin et il préfère dormir sur le canapé.

    Rien à nettoyer, rien à ranger, j'ai fait le ménage en grand hier après-midi, pour m'occuper, et il n'y a plus un brin de poussière. Vaisselle lavée, essuyée et rangée, de toutes façons une assiette et deux couverts, c'est vite fait.

    Je pourrais lire mais j'ai tellement lu cette nuit car je n'arrivais pas à dormir, je n'ai pas envie.

    Je pourrais aussi aller voir mes parents, eux aussi sont seuls, enfin seuls... au moins ils sont deux ! Mais ma mère va me seriner que je dois trouver quelqu'un "je me demande ce que tu attends à ton âge !! Moi j'ai connu ton père à dix-huit ans, .." et gna gna gna..

    Bien sûr je ne peux pas leur dire que je ne suis pas seule, que j'ai quelqu'un. Mais qui n'est jamais libre le week-end. Ni pour les vacances.

    Je sais où il est en ce moment : dans sa belle-famille avec sa femme et ses enfants. A cette heure-ci le repas dominical doit être terminé. j'imagine bien la scène : Madame doit aider sa mère à ranger la cuisine, le beau-père a dû aller faire la sieste, et mon Amour, l'être que j'aime le plus au monde, doit surveiller les enfants dans le jardin, leur apprendre à faire du vélo, les pousser sur la balançoire.

    Je suis trop malheureuse !!

    Il me dit qu'il n'aime pas y aller, qu'il s'y ennuie, qu'il n'arrête pas de penser à moi et qu'un jour ça en sera fini de cette existence routinière, etc...

    Mais quand ? Trois ans que ça dure... Je vois bien qu'il est fou de ses enfants, il faut voir quand il en parle, comme il s'anime soudain, comme il sourit.

    Je n'arrive plus à croire en ses promesses :  il ne les quittera jamais et moi je finirai seule.

    C'est ce que m'a dit Joëlle : "quitte ce salopard ! " d'ailleurs je ne la vois plus.

    Je ne vois plus personne. Mes autres amies sont en famille le soir et le  week-end et en semaine je n'ai pas le temps puisque Daniel et moi nous ne nous quittons pas, il faut dire que je passe mes journées avec lui puisque c'est mon Patron et inutile de préciser que nous ne travaillons pas toujours ! Du lundi matin au vendredi soir .

    Mais que les week-ends sont longs...

     

    Version deux

    Mon salon est comme je l'aime : impeccable !

    Je me suis achetée des fleurs, le soleil de ce dimanche après-midi les éclaire et fait ressortir le velours de leurs pétales. J'ai disposé de beaux objets sur la table basse et un plaid aux tons chauds sur le divan.
    Je me suis habillée avec soin de belles etoffes précieuses et me suis fait un chignon haut qui met en valeur l'ovale parfait de mon visage.

    Skippy dort à côté de moi. Ce matin je lui ai fait faire une grande promenade au parc où j'ai pu saluer les Grimbert qui promenaient leurs trois enfants et Madame de Fontenoy avec son caniche, Milord.

    Tout est donc parfait, en ordre, comme j'aime.

    En fin d'après midi je retournerai au parc pour la deuxième promenade de Skippy. J'espère que j'y rencontrerai encore du monde. Ils pourront ainsi témoigner combien ils m'on trouvée calme et sereine. Exactement comme un dimanche normal.

    Avant cela je me ferai un thé , à seize heures exactement, que je boirai avec les sablés que j'ai confectionné ce matin. Mon service de Limoges est déjà près sur un plateau sur la table de la cuisine. Avec bien sûr la friandise de Skippy.

    En revenant de promenade il sera temps pour moi d'appeler la Police, après avoir ouvert la porte vitrée de la chambre qui donne sur le jardin. Ils verront aussi la lampe renversée, les diverses traces de lutte que je crois avoir bien réussies , même si je dois prendre sur moi pour ne pas y aller à l'instant pour tout ranger et tout nettoyer, l'idée que cette pièce n'est pas impeccable me rend malade. Mais je n'ai pas le choix. C'est sûr, j'ai beau y réflêchir, je n'arriverai pas à ravoir le tapis, il aurait fallu mettre du détachant tout de suite mais c'était impossible. Quel dommage...

    Je dois être patiente : dès le lendemain, quand il n'y aura plus le cadavre d'Edmond, je pourrai faire le nécessaire pour que la chambre retrouve sa perfection. Tiens , d'ailleurs, j'achêterai aussi des fleurs pour donner une ambiance chaleureuse, des hortensias bleus, c'était les fleurs préférées de ce cher Edmond !


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  •  (le jeu de Lakévio)

    Ma soeur m'a dit que je ne devrais pas mettre ces chaussures, qu'elles sont trop hautes, qu'elle ne comprend pas comment j'ai pu les acheter, que je vais me faire une entorse de la cheville en dansant, etc.. Elle est jalouse, tout simplement, parce qu'elle n'est pas invitée à l'anniversaire d'Edouard, elle ! Edouard qui est tellement beau, tellement craquant, j'espère qu'il me remarquera enfin, autrement que comme la bonne copine qui lui prête ses cours quand il manque la Fac, et c'est souvent !

    Mais moi je ne vois rien de mieux avec ma robe de la même couleur ! Je vais leur en mettre plein la vue quand je vais arriver toute de rouge vêtue, même le rouge à lèvres est assorti. Un camouflet pour toutes ces nanas habillées sempiternellement en noir. Parce que ça les mincit, mais moi je suis  mince, je n'ai pas besoin de ça  !

     

    red shoes helena renwick

     

    J'ai fait exprès d'arriver en retard, je voulais créer mon petit effet !  Leur tête à tous quand je me suis pointée. La tête des gars me faisaient penser au loup de Tex Avery !

    Ils se sont précipités pour m'inviter à danser. A un moment, effectivement, je me suis tordue la cheville. Alors j'ai continué pieds nus, jusqu'au bout de la nuit.

    Surtout avec Edouard, il ne m'a pratiquement pas lâchée à part les fois où d'autres arrivaient à s'imposer. Mais moi je n'avais d'yeux que pour lui.

    Je crois que j'ai un peu trop bu. Ils m'apportaient coupe de champagne sur coupe de champagne. J'ai ri beaucoup et très fort. Edouard m'a embrassée dans le cou, ça m'a fait des frissons jusqu'en bas de la colonne vertébrale.

    Je ne me souviens plus comment j'ai atterri à l'étage dans sa chambre d'enfant ? J'étais à peine consciente quand il m'a basculée sur son lit. Quand, à travers le brouillard qui obscurcissait ma conscience j'ai commencé à protester, à essayer de me dégager, c'était trop tard, il était beaucoup plus fort que moi, il m'a même frappée,  j'ai cru entendre qu'il me traitait d'allumeuse, j'ai cru entendre pire même, mais je ne suis pas sûre, tout dansait autour de moi.
    Il m'a fait très mal, ça c'est sûr.

    Quand tout a été fini, il m'a lâchée, s'est affalé à côté de moi et s'est endormi aussitôt mais j'ai dû attendre longtemps avant d'arriver à me mettre debout car tout tournait encore. A se demander s'il n'y avait que du champagne dans ces verres ?

    J'ai rajusté tant bien que mal mes vêtements, j'avais toujours ma robe rouge mais toute froissée et même déchirée à un endroit et j'ai descendu l'escalier en me tenant à la rampe. Le salon était déserté, il y avait juste deux garçons, complêtement ivres qui dormaient sur les canapés.

    Je n'ai retrouvé qu'une de mes chaussures, j'ai cherché un peu mais j'avais trop peur qu'il se réveille et descende. Alors je suis sortie très vite, pieds nus, une seule chaussure à la main. En arrivant dans le jardin j'ai vomi.

    Il faisait nuit noire et il n'y avait personne dans les rues, j'ai marché vite, couru quelquefois jusque chez moi. Je savais que mes parents dormaient et que ma soeur était invitée chez une amie pour fêter le dernier jour de classe. Je suis entrée tout doucement et me suis enfermée dans la salle de bain. J'ai essayé d'effacer les traces de ce qui s'était passé, j'avais des marques de coups j'espère que ça ne tournera pas en bleus qui pourraient attirer l'attention de mes parents, j'aurais aussi voulu consulter un médecin... mais je n'oserai jamais. J'ai jeté la robe directement dans la poubelle de la rue et rangé l'unique chaussure dans le fond de mon placard et je me suis couchée. Sous ma couette , malgré la chaleur, je grelottais jusqu'à ce que je sombre enfin dans un sommeil comateux.

    Ma mère m'a réveillée à midi " On fait la fête et on n'arrive pas à se lever le matin ! Tu as passé une bonne soirée ? Au fait il y a  un joli garçon, un certain Edouard, et bien élevé ma Foi,  qui vient de te rapporter ta chaussure !  Je me suis étonnée que tu aies pu l'oublier mais il m'a expliqué que tu les avais quittées pour danser plus commodément, ça ne m'étonne pas ! Alors tu te la joue "Cendrillon " ? On dirait bien que tu as trouvé ton Prince Charmant dans ce cas ! "


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