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    Pourquoi je les aime tant ?

    Parce que toute petite c'était mon univers de vacances. La campagne loin de Paris, des 30 m2 au sixième étage (trois chambres de bonnes réunies).

    Là-bas était le bonheur : la liberté d'aller et venir, une plus grande maison (pas beaucoup mais quand même), un jardin et dehors : eux. Eux tous : les vaches, les cochons, les moutons, la volaille, les oiseaux, les chiens. (pour les chats on les emmenait avec nous).

    Nous aidions à rentrer les vaches à l'étable. tous les soirs nous allions à la traite. C'était magique. Nous nous asseyions contre le mur sur un petit banc en pierre, respirant la bonne odeur des bêtes (si si elle est bonne), du lait. Très vite j'y allais seule avec mon petit pot à lait en métal.
    Nous regardions les cochons dans leur enclos se rouler dans la boue. Parfois j'avais le droit de leur verser leur pâtée dans la mangeoire.

    Il y avait les moutons aussi, à la fois craintifs et curieux.

    Tout ce petit monde menait une vie plutôt sereine, en plein air ( une seule exceptions pour les lapins, martyrisés, et ça me rendait malade).

    Et maintenant, soixante ans après, lorsque j'y retourne, ça me fait le même effet lorsque je les retrouve. Il y a moins de vaches, plus de cochons du tout, mais des ânes en plus, caprices du vieux fermier qui , à 90 ans, ne peut pas se passer de bêtes. Toujours des moutons et des poules. Plus de lapins, heureusement.

    Lorsque j'ouvre les volets de la fenêtre de la salle de bain le matin les moutons sont à quelques mêtres, je les contemple et je me dis que c'est un monde qui se termine. Qu'il n'y aura plus que des élevages industriels où les animaux sont des produits (savez-vous que les vaches avaient chacune leur nom ?) à qui on n'apporte pas des granulés dans le champ le matin en complément de l'herbe du pré. Il n'y aura plus de vaches enceintes ou avec leurs veaux près de la rivière , qui, parfois, fuguent prises d'une lubie subite, et les poules ne viendront plus jusque dans la cuisine essayer de piquer les croquettes du chat.

    Alors je reste un long moment à les regarder, car  c'est comme si le temps s'était arrêté dans les années 60 ou 70. C'est mon voyage dans le temps,  et j'ai huit ans à nouveau,  rien n'a changé, les mêmes arbres fruitiers, le hangar moche au toit de tôle, les mêmes odeurs de fumier et d'herbe mouillée, et ma mère est dans la cuisine, ma soeur conduit sa première voiture, mon grand-père lit le journal sur une chaise dehors. L'école est à Paris, je la retrouverai en septembre.

    Voilà l'effet que cela me fait à moi la vue d'un mouton ou d'une vache. Tout le monde ne peut pas en dire autant hein ?!

    Pas besoin de Jules Vernes et de sa machine à remonter le temps, aux vacances de Printemps prochaînes je ferai un tour dans le passé, un vrai bain de jouvence !

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    Le soleil commençait à éclaircir l'horizon.  Bientôt cet endroit vaguement menaçant deviendrait ce qu'il est dans la journée : une grêve un peu caillouteuse qui demande quelques précautions si on veut aller se baigner mais dans l'ensemble accueillante.
    Maxime, assis sur le sable, toujours enveloppé dans son duvet, regardait le jour se lever, bercé par le murmure du ressac. Aucun autre bruit. L'endroit était évidemment désert à cette heure matinale. C'est pour cette raison qu'il était venu se réfugier ici où personne n'aurait l'idée de venir le chercher.

    D'ailleurs elle ne le cherchait sûrement pas. Après leur dispute, une de plus, d'hier soir, il savait bien qu'Eva avait dû aller se coucher en se fichant pas mal de ce qu'il allait faire après avoir claqué violemment la porte derrière lui. Elle était insupportable à toujours se mettre en colère pour des broutilles ou à  lui faire reproches sur reproches.
    Parfois elle n'avait pas tout à fait tort, il connaissait ses défauts : il était réveur et distrait et donc pas toujours d'une grande aide pour elle qui devait gérer leurs quatres enfants plus la maison. Cette fois-ci c'est lorsqu'il avait parlé de prendre un chien qu'elle avait explosé. Il se verrait bien pourtant en ce moment avec un bon gros toutou à côté de lui, à regarder la mer. Il lui tiendrait chaud.

    Je sais ce que je vais faire, pensa Maxime, je vais emmener les enfants ici cet après-midi comme ça elle pourra se reposer.

    C'est alors, les lueurs du jour commençant à éclairer les eaux, qu'il vit quelque chose dans l'eau, au milieu des rochers. Un tissu qui flottait et lui rappelait quelque chose, il ne se rappelait plus quoi. Il traversa la plage, toujours enveloppé dans son duvet, s'aventura jusqu'aux mollets dans l'eau glacée, précautionneusement à cause des roches, et sentit un effroi le gagner. Il n'y avait pas qu'un tissu, il y avait un corps aussi et des cheveux blonds épars.

    Il connaissait ce tissu, il savait que c'était une chemise de nuit, il connaissait ces cheveux, il les avait tant caressés, il connaissait ce corps qu'il avait tant aimé. Il poussa un long hurlement que personne n'entendit et sut que sa vie venait de basculer à tout jamais. En même temps il essayait de comprendre : elle ne s'était pas couchée mais était aussi sortie juste après lui probablement, et pendant qu'il rêvait sous les étoiles comme un imbécile heureux, elle s'était sûrement jetée de l'appontement près de chez eux, elle qui ne savait pas nager, et la mer cruelle avait fait dériver son corps jusqu'à lui, pour bien lui montrer son indignité, à lui qui n'avait rien compris.


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    17ème devoir de Lakkio du Goût

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    C’est ce qui m’est arrivé en regardant cette toile.
    Mais vous ? Que vous dit cette toile ?
    Si voulez bien faire ce « devoir de Lakevio du Goût », commencez-le par cette phrase « J’ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIème arrondissement, car la rue silencieuse bordée d’arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier. »
    Et closez le par « Ce fut un chagrin désordonné. »

     

    « J’ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIème arrondissement, car la rue silencieuse bordée d’arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier. »

    Enfin, lorsque je parle de souvenir, ce n'est pas vraiment ça, c'est un rêve que je fais depuis des années : C'est l'hiver, je marche dans la neige et je regrette de ne pas avoir pris mes bottes fourrées. Je sais que je dois me rendre à un endroit précis pour récupérer mes enfants encore jeunes. Ils sont gardés par une personne qui les abandonnera dans la rue si je suis en retard. L'angoisse monte car toutes les rues se ressemblent et celle-ci est interminable. Suis je sur le bon chemin  ? Le lieu de rendez-vous est il encore loin ? La panique me gagne et bien sûr je me réveille, affolée.

    Et voici que le hasard d'une de mes promenades m'amène dans une rue qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de mes rêves. Il y a une pellicule de neige et je vais abimer mes chaussures, comme dans mon rêve ! La rue est déserte comme celle de mon rêve mais c'est stupide : quelle question poserais-je à un éventuel passant cette fois-ci ?
    Mes enfants sont adultes et ils sont, j'en suis certaine, en sécurité et bien au chaud chez eux ou au travail. Ce ne sont plus les deux petits avec leurs anoraks et leurs moufles que j'ai essayé de rejoindre et de sauver au fil de mes nuits.

    Alors pourquoi y reviens-je sans cesse me hâtant vers un rendez-vous qui n'existe pas.

    Et puis ça m'apparaît : je veux corriger ce rêve, trouver mes deux petits et congédier la baby-sitter écervelée, en finir avec ces angoisses toujours recommencées.

    Et surtout, surtout, les prendre chacun par la main et marcher dans cette neige qui les ravit. Et tout à coup mes yeux se remplissent de larmes, et je sanglote quelques instants cet après-midi de décembre dans cette rue déserte, je pleure sur ces petits qui me manquent maintenant qu'ils sont devenus adultes.

    Pleurer me fait du bien, les cauchemars et la tristesse s'éloignent, je sors un mouchoir et me tamponne les yeux, j'ajuste mon bonnet et rentre quelques mèches échappées. "Allons, me dis-je, assez d'apitoiement : on ne peut pas retourner en arrière, mettons un peu d'ordre dans ce cerveau embrouillé, parce que , vraiment, me dis-je : « Ce fut un chagrin désordonné. »


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    Rigole mon vieux ! Fais le malin avec ton maillot jaune, profites en bien car tu ne vas pas le garder longtemps !

    Arrive la montée du Tourmalet... D'après mes calculs c'est à ce moment que vont commencer à se faire sentir les effets de la purge que j'ai réussi à verser dans ton bol au petit déjeuner ce matin.

    Ah ça m'a bien amusé de le voir pérorer sur sa victoire de l'étape précédente et nous regarder de haut, nous ses co-équipiers ! Rira bien qui rira le dernier lorsqu'il se tordra de douleur sans aucun endroit pour se soulager et entouré de ces foules béates. Il va peut être même se faire sur lui, quelle honte !! C'est que des lieux d'aisance sur des chemins de montagne il n'y en a pas des masses, les buissons non plus d'ailleurs,  ha ha ha  !

    Disons que ce sera le coup de grâce, qui d'ailleurs me permettra de tenter l'échappée que je prépare depuis longtemps. Le jaune me va si bien au teint !

    Pourquoi le coup de grâce me direz-vous ? Cela suppose d'autres coups avant , non ?

    Et bien oui, il y en a eu quelques uns, et je n'en suis pas peu fier : quand l'épouse de notre champion gémissait de plaisir, pas plus tard qu'avant-hier ( et depuis des semaines), entre mes bras. Ha ha ha s'il savait, ce benêt pontifiant les gracieusetés que Madame me prodigue généreusement, à chaque fois qu'il a le dos tourné !

    Tiens nous entamons la montée, je l'ai vu grimacer lorsqu'il a tourné la tête sur le côté, comme s'il cherchait quelque chose, ça commence...

    Pédale mon gars, pas de toilettes à mille lieux à la ronde , on va voir si tu crânes toujours autant  !!!


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    Cinq heures du matin, j'ai enfin terminé ! Madame sera contente, je n'ai pas arrêté. Le samedi soir c'est souvent comme ça : un défilé ! La pire nuit de la semaine.

    Il faudrait que je me couche car je suis épuisée mais je ne peux pas tant que je ne me suis pas récuré chaque centimêtre de peau. Je savonne, je rince, je re-savonne, je re-rince, je frotte, je frotte. Je voudrais que ma peau parte avec leur odeur et avoir une peau toute neuve. Une peau qu'ils n'aient jamais caressée, pétrie, pincée, frappée parfois. Une peau qui n'appartienne qu'à moi et leur laisser l'autre, celle qu'ils salissent, celle qu'ils abîment.

    Et après je vais me soigner : me passer les crêmes qui calment les inflammations, qui tempèrent les bleus, qui apaisent les douleurs. J'ai mal partout. Seulement trois ou quatre violents cette nuit, je m'en tire bien. Une majorité de gluants, de pleurnichards, de vicieux. Au moins ceux là ne laissent pas leurs marques en partant. Juste leur odeur répugnante, il faut que je frotte encore pour m'en débarrasser.

    Et après, enfin, je pourrai me coucher et dormir. Au moins jusqu'au début d'après-midi demain.
    Souvent le dimanche après-midi il ya ce que Madame appelle "les matinées", comme au théâtre paraît-il. J'espère que non ou qu'ils en choisiront d'autres que moi, parce qu'après, le soir, ça recommence. Je rêverais d'une bonne journée complête de repos.

    Je mets mon argent de côté, enfin le peu qu'il me reste une fois que Madame et le Beau-Serge se sont servis. Je sais que ça prendra des années encore mais lorsque j'en aurai assez je partirai.
    La maison de mes parents sera peut être libre à ce moment-là, ils finiront bien par passer l'arme à gauche, je sais bien que la méchanceté conserve mais quand même.... 
    J'irai là-bas. Dans ce trou perdu jamais Madame ou le Beau-Serge ne me retrouveront, et, après tout, ils n'auront pas de mal à me remplacer, ils trouveront bien une naîve à attirer ici, comme ils l'ont fait avec moi.

    Ils ne se méfient pas de moi, je bosse dur et je ne me plains pas, ils me font confiance, j'ai le droit de sortir de temps en temps dans l'après-midi , pas comme cette idiote d'Elodie qui ne pense qu'à se sauver ! Celle-là ils l'ont à l'oeil !

    Je quitterai cette ville remplie de gros porcs et je rejoindrai à pied et à travers champs, pour que personne ne me voit passer et puisse le raconter, cet endroit que personne ne connaît. Je m'installerai, je repeindrai tout, j'arrangerai... Je me ferai un jardin potager et j'achêterai quelques poules et un chien, un gros, pour me défendre. Quand il y en aura je mettrai des fleurs, et de jolis rideaux aux fenêtres. Et je vivrai là, tranquille. Personne ne me touchera plus car jamais un homme n'entrera dans cette maison, jamais !


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