Petites annonces

 

C'est décidé ! Vous voulez déménager. Vous êtes prêts à vendre votre maison, celle de vos parents. Enfin, non, vous voulez vendre CELLE-CI !

Bas Van Gaalen - House-in-St

Bas Van Gaalen - Maison d'amis à Saint Saulge.

 

Rédigez une annonce originale at alléchante pour les futurs acquéreurs...

Le journal ne fait pas payer au nombre de mots, lâchez-vous !

La petite annonce paraîtra lundi !

 

OU BIEN

(Proposition colérique de dernière minute)

à l'initiative de notre Président

Lisbeth Firmin Crossing-7th ave

Lisbeth Firmin

 

Pour survivre, vous devez traverser la rue afin de trouver un travail dans un café ou un restaurant.

Ecrivez le plaidoyer que vous servirez à l'employeur pour vendre vos services...

 

Lundi, on enverra le courrier à qui de droit.

 

"Particulier vend belle maison ancienne, un étage plus combles aménageables sur 700 m2 de jardin arboré. Bon état mais travaux de rafraîchissement à prévoir suivant goûts de l'acheteur. Centre-ville à  900 m, gare à 1 km. Chauffage électrique et deux cheminées en bon état de marche. Quatre chambres, deux salles-de-bain et un double-living en rez-de-chaussée. Cuisine équipée, buanderie et cave"

Quelle tristesse de vendre sa maison d'enfance...si seulement Julien n'avait pas commis cette bêtise impardonnable...ses amis l'avaient pourtant mis en garde : "ne lâche pas ce job, Juju, je sais qu'il ne te plaît pas mais on ne lâche pas la proie pour l'ombre ! "

Comme toujours il n'avait écouté personne, ses parents le lui avaient assez reproché lorsqu'ils étaient toujours en vie. Sa mère le lui disait bien : "tu te mettras sur la paille ! ". Elle avait raison, c'est exactement ce qu'il avait fait et maintenant toutes ses économies avaient fondu comme neige au soleil et il n'avait plus les moyens d'entretenir cette maison où pourtant il avait tant de souvenirs.

Enfin, si, à la réflexion, il avait écouté quelqu'un. Quelqu'un de connu qui lui avait dit qu'il n'avait qu'à traverser la rue pour trouver un nouveau travail, un homme qui, lui, avait eu une réussite exceptionnelle donc qui savait de quoi il parlait lui, il l'avait sûrement traversée, lui,  cette rue pour en être arrivé là  ! On pouvait lui faire confiance !

Alors un beau matin, Julien était allé voir son patron et lui avait remis sa démission. La tête qu'il avait fait Monsieur Renouard ! A mourir de rire ! "Réflêchissez bien, Julien, depuis le temps que vous travaillez dans notre Société et comme je vous l'ai dit il est question que vous ayez un avancement, un poste à responsabilité, dans un avenir proche avec le départ de Monsieur Juan à la retraite"

Mais Julien avait balayé tout ça car maintenant il savait comment faire pour trouver un meilleur travail. C'était tellement facile en plus.

Il planta là Monsieur Renouard, descendit quatre à quatre le grand escalier et remonta la rue sur la droite. Car il avait bien étudié le secteur : il fallait qu'il traverse exactement au bon endroit. Le Monsieur exceptionnel n'avait pas donné tous les détails mais Julien savait se servir de sa tête, non mais !

Il avait choisi un grand carrefour. En face tout un pôle d'activité d'entreprises diverses, ça aiderait (il n'y a pas de mal à mettre toutes les chances de son côté, il n'allait tout de même pas traverser devant un champ, aucune envie de devenir paysan ! ).

Il se planta sur le trottoir, respira un grand coup et d'un pas altier, le regard sur l'horizon, traversa d'un pas décidé vers un avenir professionnel rayonnant.

Arrivé sur le trottoir d'en face, il s'arrêta et attendit un bon moment. Rien ne se passa. "Bah, se dit-il, je n'ai pas dû procéder de la bonne façon".

Alors il recommenca, des centaines de fois, et les jours suivants aussi.

Il finit par se faire un programme, comme il ne travaillait plus c'était facile : il traversait huit fois le matin et huit fois en fin d'après-midi.

Il s'énervait :"je ne dois pas m'y prendre comme il faut ? Il essaya à cloche-pied, à reculons, en pas chassés, et failli se faire écraser plusieurs fois. Il osa même, une fois, après avoir inspecté les environs de peur qu'on ne le voit, traverser à quatre pattes.

Puis, découragé et plein de doutes, il avait essayé de chercher un nouvel emploi d'une manière, disons, plus classique, mais n'en trouva pas, il y avait toujours beaucoup plus de candidats que de postes à pourvoir et ses explications confuses au sujet de son départ de son précédent poste indisposait les recruteurs.

Maintenant, plus de huit mois plus tard, il n'avait plus d'argent et devait vendre la maison de ses parents, la mort dans l'âme, il posta l'annonce.