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l'artiste maudit
C'était sa dernière chance. Il avait caché ses habits miséreux sous une redingote qui ne valait guère mieux. Il y avait tant d'années qu'il l'usait, hiver après hiver!
Il s'était lavé dans la cour à l'aube pour que la concierge ne le voit pas utiliser l'eau de l'immeuble. Mais l'eau était glacée, il avait fait juste une toilette sommaire histoire de ne pas sentir mauvais. Ses habits eux-mêmes ne sentaient pas très bon, il espérait que la cigarette en masquerait l'odeur.
Toute la nuit il avait grelotté sous ses minces couvertures. Il avait brûlé dans la petite cheminée sa dernière chaise et des cageots dérobés hier soir à l'épicier du coin. A peine de quoi tiédir l'atmosphère. On ne dort pas bien le ventre vide. A quand remontait son dernier repas chaud ? Plusieurs semaines ! Depuis il avait dû se contenter de quignons de pains et de quelques produits chapardés dehors. Il avait trouvé la nuit longue...
Il serrait contre lui son manuscrit. Cet éditeur était son dernier espoir.
Il avait commencé ce livre il y a maintenant quatre années Il habitait encore dans le manoir familial à Crécy où il était nourri, logé, chauffé et aimé, enfin jusqu'à la dispute qui avait abouti à son bannissement définitif. Depuis ses maigres économies avaient fondu comme neige au soleil, il avait même vendu la montre qui lui venait de son grand-père et la gourmette en or reçue à sa communion.
Ce livre était sa dernière chance. Il avait bien entendu dire que le marchand de charbon recherchait des commis pour les livraisons mais qui embaucherait un loqueteux tenant à peine debout et incapable de porter de lourdes charges ? Et puis ce livre c'était toute sa vie, quatre ans qu'il le peaufinait, il avait tout donné...
Non Si son livre n'était pas accepté, il savait ce qui lui resterait à faire et il espérait bien que ses parents pris de remords ne s'en remettraient pas.
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Commentaires
une vraie mauvaise tête, quoi ;-)
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Lundi 12 Octobre 2020 à 20:41
oui ! Je suis allée lire le tien, m'a bien fait rire, c'est bien vu; Mais je n'ai pas réussi à poster un commentaire, il n'acceptait pas mon adresse mail
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L'ultime désespoir. Mais rendre ses parents responsables...
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Lundi 12 Octobre 2020 à 18:58
les parents ont toujours tort
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Ah ? Parce que c'était un artiste ?
Maudit et banni parce qu'au manoir il avait couché avec sa sœur ?
« Il a bien eu raison de se suicider » pensera la famille. « La faute est réparée, fêtons cela ! »
(Que veux-tu, la miséricorde n'est plus de saison !)
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Lundi 12 Octobre 2020 à 18:57
j'ai dit qu'il avait commis un inceste ?? Dans mon idée ses parents voulaient juste qu'il suive la voie de papa : le notariat
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Les poètes maudits remplissent les rayons de supermarché, un de plus, un de moins, il n'aura pas faim et il peut toujours écrire le soir.
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Lundi 12 Octobre 2020 à 12:16
Tu es cruelle, Heure-Bleue !
Mais si clairvoyante...
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Les écrivains maudits qui se suicident sont les plus lus ! A titre posthume, d'accord, mais le savoir ne donne-t-il pas le courage d'appuyer sur la détente ?
Je t'ai déjà répondu par ailleurs : il me plaît bien ce loqueteux déchu...
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Mardi 13 Octobre 2020 à 21:43
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C'est pas beau de rendre ses parents responsables de ce qu'on a raté...
Pauvre garçon qui va rejoindre la longue cohorte de génies littéraires qui ont échappé au radar de Gallimard... ;-)
génies qui finissent par publier à compte d'auteurs, j'en connais !