• le jeu de Lakévio

     

    Robert Brownhall SurfersParadiseunits 2006

    Robert Brownhall

     

    "Je m’appelle Renée. J’ai cinquante-quatre ans. Depuis vingt-sept ans, je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un bel hôtel particulier avec cour et jardin intérieurs, scindé en huit appartements de grand luxe, tous habités, tous gigantesques. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Je n’ai pas fait d’études, ai toujours été pauvre, discrète et insignifiante. Je vis seule avec mon chat, un gros matou paresseux, qui n’a pour particularité notable que de sentir mauvais des pattes lorsqu’il est contrarié. Lui comme moi ne faisons guère d’efforts pour nous intégrer à la ronde de nos semblables. /.../"

    Muriel Barbery - L'Elégance du Hérisson

     

    A l'image de l'extraordinaire Renée du roman pré-cité, faites le portrait, à la première personne, d'une concierge étonnante.

     

    La concierge de la rue Ernest Renan dans le quinzième arrondissement de Paris dans les années soixante était une grosse femme autoritaire qui menait "son" immeuble avec poigne.

    Enfin surtout les pauvres : ceux du sixième étage, les chambres de bonnes. Parce qu'avec les grands appartements des étages inférieurs elle était tout miel.

    Elle montait tout de même le courrier jusqu'au sixième, il n'y avait pas d'ascenseur, quand j'y réflêchis elle déplaçait sa masse de chair pour ça, et elle cirait "ses " escaliers.

    Mais à part ça lorsqu'elle pouvait persécuter la "fille-mère" qui vivait tout là-haut avec ses deux filles, elle ne s'en privait pas. C'est qu'elle avait un mari elle ! Bien moins belle que la fille-mère en question, elle s'en était pourtant dégoté un. Bon un moche qui buvait mais la morale était respectée.

    Déjà elle ne ratait pas une occasion de lui donner du "mademoiselle" bien appuyé lorsqu'elle la voyait entrer dans l'immeuble son bébé dans les bras (moi) et devant sa fille de treize ans.  Pourtant la jeune femme était, aux dires de tous, très distinguée, toujours habillée avec soin, et portait une alliance qu'elle s'était achetée elle-même pour tenter de tenir les dragueurs à distance.

    Ensuite elle lui faisait des remarque acerbes sur tout et rien, l'heure de descendre les poubelles par exemple. Quand on habite au sixième étage sans ascenseur et que l'on travaille toute la journée, avec deux enfants à la maison, c'est une fatigue en moins de la descendre en partant le matin et de la mettre dans les containers dans la cour.

    La jeune femme le faisait le plus discrêtement possible mais la furie avait des antennes ! Parfois, vaincue, la jeune femme redescendait le soir .

    Il y avait d'autres choses : une porte pas fermée correctement,  un paillasson déplacé, etc etc...

    Toujours prête à sortir comme une furie de son antre, ou de regarder par le rideau comment nous étions, ce que nous avions dans les mains etc, un scanner à chacun de nos passages.

    Alors nous étions "dressées" à faire le moins de bruit possible, nous en faisions même un jeu, triomphantes lorsque nous avions réussi à franchir la zone de tir.

    Tout de même je sais que le "Mademoiselle" blessait cruellement ma mère. Parce que c'était son talon d'Achille.

    (je sais je ne l'ai pas écrit à la Première Personne parce que , pour une fois, c'est une histoire vraie)


  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Novembre 2018 à 18:16

    Je suppose que ta maman t'a relaté cette histoire qui a dû lui faire du mal et la marquer.

    Quelle mégère cette bonne femme, et voilà comment les concierges ont mauvaise réputation.

      • Lundi 12 Novembre 2018 à 19:06

        elle n'a pas eu besoin de me le raconter, je l'ai vu (et entendu) en grandissant. Je suis restée 18 ans dans cet immeuble

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    2
    Mardi 13 Novembre 2018 à 09:06

    Je crois que des concierges à la morale à dix balles, jalouses et irascibles ont été légion dans les immeubles parisiens - et ailleurs ! Sinon elles n'auraient pas autant mauvaise réputation. C'est injuste et nsultant. Un terrible souvenir.

    3
    Berthoise
    Mardi 13 Novembre 2018 à 09:42
    Berthoise

    Maintenant, toutes les femmes peuvent s'appeler "Madame" et le terme " Mademoiselle" n'a plus cours sur les papiers officiels. Et c'est bien.

    Sale engeance que cette bignolle-là.

      • Mardi 13 Novembre 2018 à 13:54

        il n'y a pas si longtemps... Les temps ont changé, maintenant la fille-mère est devenue "mère célibataire" et ce n'est plus aussi difficile à vivre.

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