• les amies

    12 mars 2018

    les amies

     

    harold harvey 13

    Harold Harvey

     

    Les témoignages.

    Trois personnages. Trois points de vue.

     

    Brigitte, le visage dans les mains regarde Annabelle qui lit son texte avec Solange qui le lit également debout derrière elle. Brigitte leur a demandé ce qu'elles en pensent car elle l'enverra  demain au Journal et la bombe va éclater : elle y dénonce le viol qu'elle a subi de la part du Ministre il y a quelques années alors qu'elle était encore mineure.

    "ce sont mes amies, pense Brigitte, elles sauront me conseiller. Je lis la surprise sur leurs visages. Mais pourquoi ne me jettent elles pas au moins un regard, un sourire ? Je crois distinguer une expression d'incrédulité, un recul. Je ne comprends pas : elles devraient me sauter au cou, me prendre dans leurs bras, m'appeler "leur pauvre chérie". Au lieu de ça le silence, glaçant. Mais non : je me fais des idées, le texte est long, je dois leur laisser le temps, ce que je peux être impatiente !"

    Annabelle : " Un tissu de mensonges ! Brigitte a toujours été paranoïaque ! Déjà petite il fallait toujours qu'elle imagine des histoires. Monsieur Dalembert est un homme bien sous tous rapports. Un homme croyant, bon père et bon mari et qui ne regarde pas les autres femmes. Alors une gamine du même âge que sa fille ainée à l'époque, c'est impensable !  D'ailleurs j'ai passé plus d'une soirée seule avec lui au QG de campagne et jamais une parole ou un geste déplacé ! Cette pauvre Brigitte veut se rendre intéressante. Déjà maintenant ce n'est pas un canon de beauté mais à 14 ans, je me souviens bien de la maigrichonne qui rasait les murs, aucun homme ne l'aurait même remarquée !  Il devait avoir quoi ? Quarante ans ? Encore plus bel homme que maintenant, il aurait pu avoir toutes les femmes qu'il voulait, même moi,  qui en avait vingt, j'étais sensible à son charme, mais il n'en avait que pour son épouse, cette chère Edmonde. Cette pauvre Brigitte va se ridiculiser mais je ne vois pas comment je pourrais l'en empêcher ? D'ailleurs je sais bien qu'il aura les meilleurs avocats pour se tirer de là"

    Solange : "hé bien, je n'en reviens pas : le Ministre ? Un très bel homme ma foi, je ne vois pas de quoi elle se plaint ! Bien plus séduisant que son mari, ce benêt de Benoit comme nous l'appelons en cachette, Annabelle et moi. Bon apparemment il lui a un peu forcé la main, mais peut être qu'elle l'a un peu cherché ? Il y a des gamines qui s'habillent n'importe comment, surtout l'été à la campagne, on en voit qui sont indécentes, faut pas s'étonner alors ... Ce n'est qu'un homme après tout, faut pas non plus leur demander l'impossible. Bon elle a dû se faire avorter, c'est vrai que ce n'est pas une bonne expérience mais après tout ça ne l'a pas empêchée, plus tard d'avoir ses deux gamins insupportables ! Au moins elle aura vécu une aventure hors du commun dans sa jeunesse avant sa vie rangée et monotone de mère de famille, tout le monde ne peut pas en dire autant "

    Brigitte : Alors vous ne dites rien ?

    Annabelle : Si, si... Tout ça est bien regrettable, mais c'est le passé, tu ne crois pas que tu vas au devant de graves complications ? Il va te falloir prouver tout ça..."

    Brigitte : " La clinique où j'ai dû aller a sûrement conservé mon dossier !

    Solange : "ils pourront rétorquer que l'enfant était de ton petit copain de l'époque ! "

    Brigitte : J'avais quatorze ans, je n'avais encore  jamais eu de petit copain !

    Annabelle : "il y eu des témoins ? "

    Brigitte : tu t'imagines qu'il l'aurait fait si il y avait eu des témoins ? Il m'a entraîné dans la grange !"

    Solange : Passe à autre chose. Tu as une jolie famille, deux adorables petits garçons, ils risquent de comprendre certaines choses lorsque les médias vont s'emparer de l'affaire et pense à la cour de récré, les enfants sont méchants entre eux"

    Annabelle : Solange a raison. Tu as peut être noirci les faits avec les années, parfois les choses nous paraissent pire que ce qu'elles ont été. Il a peut être mal interprêté, cru que tu l'encourageais ..

    Brigitte : j'étais une enfant !!!

    Solange  : une toute jeune fille plutôt, parfois les hommes sont faibles devant leur charme naissant.."

    Brigite : j'avais un appareil dentaire !

    Annabelle : Ecoute ma petite Brigitte, fais ce qui te semble bon mais ne nous demande pas de t'encourager. A mon avis tu vas au devant des pires ennuis, mais si tu veux remuer la boue..

    Solange : la paille plutôt, ha ha , pardon... Non, ne te fâche pas c'était une plaisanterie"

    Brigitte pleure.

    Annabelle : ne pleure pas : nous sommes tes amies, nous te soutiendrons même si je doute que notre parole ait le moindre poids. Mais dis moi Brigitte ...

    Brigitte : oui ?

    Annabelle : hé bien... heu... il était...heu...bien...heu... bâti , Monsieur Dalembert ? Parce que , heu, habillé, il ...heu...présente bien..

    Solange : oui, plutôt bel homme !

    Brigitte se lève d'un bond, arrache le document des mains d'Annabelle et s'enfuit en courant.


  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Mars 2018 à 14:11

    Sont-elles vraiment des amies ?... Incroyable de réagir ainsi ! Comme quoi, l'image d'un homme établi et soit-disant respectable a du mal à être écornée !. Pauvre Brigitte.

      • Mardi 13 Mars 2018 à 14:28

        oui : pauvre Brigitte !

    2
    Lundi 12 Mars 2018 à 14:50

    Brigitte aura le plus grand mal je le crains, pour faire valider sa plainte... Pensez ! un homme si haut placé, si convenable...

    Et puis, malgré son appareil dentaire, elle l'a sans doute un peu aguiché, non ?

    3
    Lundi 12 Mars 2018 à 14:52

    Mon commentaire est à prendre au second degré bien sûr...

      • julie
        Lundi 12 Mars 2018 à 16:32

        Bien-sûr Gwen qu'on l'avait compris comme ça...Ah ces vilains appareils dentaires qui défigurent tant de jolis visages d'ados !

      • Mardi 13 Mars 2018 à 14:28

        j'avais compris !happy

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    4
    julie
    Lundi 12 Mars 2018 à 16:30

    Vraiment, des amies, ça ! Non, de fausses-amies...

    ...Dire d'une gamine de 14 ans qu'elle a aguiché le mec, vraiment, ces deux-là auraient presque mérité de passer à la casserole elles-aussi..

    Ca me fait penser au fait divers, où la justice avait dit dans un 1er temps qu'une gamine de 11 ans était consentante d'avoir couché avec un mec de 30 ans...et où l'on est en train de changer la loi...

    parfois les hommes sont faibles devant leur charme naissant.."  

    Faible, le mot est trop faible..Je dirais que ce sont des tordus, des pervers tout simplement... 

    Effectivement, va donc porter plainte contre un MONSIEUR, un homme respectable, un ministre en plus...Tiens, ça me fait penser au sale connard de dentiste qui m'avait fait des propositions douteuses dans son cabinet. Comment que j'aurais aimé dire à sa femme, une bourgeoise guindée ce qu'était vraiment son mari, bourgeoise qui n'avait pas voulu que je paye en plusieurs fois la facture...Ca m'avait démangé...Dommage que les blogs n'existaient pas..Comment je me serais vengée...

      • Mardi 13 Mars 2018 à 14:29

        elle le savait peut être ??

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