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    Je ne comprends pas : il m'a décrit une jolie gentilhommière au milieu d'un parc... Oui il y a un parc mais pas très bien entretenu soit dit en passant. Quant à la maison... jusqu'au portail elle fait illusion mais plus on s'approche plus on s'aperçoit qu'elle est en mauvais état, complêtement délabrée. Qu'est ce que c'est que ces soupirails sous les fenêtres ? Ca mène où ?

    Je vois plusieurs carreaux cassés, à croire que personne n'y habite. Pourtant il m'a dit qu'il vivait là. Pourquoi ne fait-il pas réparer les vitres, ça doit être plein de courants d'air à l'intérieur. Je ne m'attendais pas à ça.

    Enfin.. je ne viens pas non plus pour la maison hein ! M'en fiche de la baraque ! Je viens pour Tristan. Mon merveilleux Tristan. Celui que je n'espérais plus rencontrer... Mon Prince Charmant. Un homme merveilleux . Je lui ai dit que je n'étais pas très jolie, il m'a rassurée : pour lui ce qui compte c'est la beauté intérieure. Lui, par contre est magnifique, il m'a envoyé une photo par mail. On dirait un acteur ou un mannequin. Ce n'est pas dans la vraie vie que j'aurais rencontré un homme pareil !

    Ma copine, Célia, me l'avait conseillé : va sur des sites, il y a des gens qui se rencontrent comme ça .

    J'y suis allée et très vite j'ai été contactée par Tristan. Nous avons beaucoup parlé. Je lui ai dit que j'étais seule au monde. Célia n'est qu'une collègue de travail, nous ne nous voyons pas au dehors. Ca lui a plu, à Tristan, de me sentir si disponible : "alors nous serons tous les deux seuls au monde ! ".

    Au bout d'un bon mois de longues conversations sur nos goûts, notre vision de la vie (il a exactement la même) il m'a proposé qu'on se rencontre. Je n'osais l'espérer !

    C'est quand même beau le progrès ! Autrefois je serai restée vieille fille, c'est sûr ! Aujourd'hui il suffit d'avoir un ordinateur et d'aller sur un site de rencontre et votre vie est transformée.


    Il m'a proposé cet endroit, qui me déçoit un peu mais bon... L'amusant c'est qu'il a organisé ça comme un jeu de piste. Je voulais prendre un taxi, il m'a dit de plutôt prendre le train et de marcher un petit peu jusqu'à l'adresse qu'il m'a donnée. C'est une toute petite gare et il n'y avait personne aux guichets, tout est automatisé, quant au chemin, je n'ai pas croisé âme qui vive. C'est vraîment isolé !

    Pour l'occasion tous mes vêtements sont neufs, et je dis bien  : tous ! J'ai passé des heures à les choisir un par un. Ca a occupé mes week-ends si mornes d'habitude. Je suis également allée chez le coiffeur et la manucure.

    Dans le feu d'une de nos conversations nocturnes je lui ai avoué que je n'avais jamais fait l'amour malgré mes quarante ans. Je m'attendais à une fuite mais pas du tout, c'est vraiment une belle personne, il m'a rassurée. Mon cher Tristan ... D'ailleurs c'est tout de suite après cet aveu qu'il a émis l'idée d'une rencontre. Comme pour me remercier de ma confiance, en quelque sorte.

    Il m'a demandé de ne parler à personne de notre projet, que ça reste notre secret, comme c'est romantique. Je l'ai rassuré , même à Célia, je n'ai rien dit. Je suis d'accord : ça ne la regarde pas .

    Maintenant je vais pousser la porte d'entrée, qu'il aura laissée ouverte m'a-t-il dit, et je dois monter à l'étage dans la première chambre à droite, où il m'attendra.
    Mon Cher Amour, je vais enfin le voir en vrai et me blottir entre ses bras.

    Mon Prince, me voilà !


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    Il faut que j'arrive à les semer.... Ca ne va pas être facile. Nous sommes sensés nous rendre à l'anniversaire de Mathilde et y rester toute la soirée, Léa, Eve, Karine, Auguste et moi. Je suis toujours scotchée à cette famille. Depuis l'enfance. Leurs parents m'ont prise sous leur aile lorsque je me suis retrouvée seule avec Maman à la mort de Papa. Ils avaient du mérite avec déjà les triplées et leur fils, s'encombrer d'une quatrième fille ! Mais peut être qu'une de plus, une de moins, cela ne faisait pas de différence au fond ? Pour moi si ! Et Maman était tellement rassurée de me savoir en sécurité chez eux lorsqu'elle travaillait tard ou pendant les vacances scolaires.

    Trois filles ce n'est pas un bon chiffre, le fait que je sois beaucoup là évitait pas mal de disputes, nous fonctionnions deux par deux. C'est de Léa dont je me sens la plus proche. Auguste a toujours été un peu à part. Il n'en pouvait plus de toutes ces filles !

    Et ça a été finalement une belle enfance pour moi : une vraie vie de famille et je les considère comme mes soeurs et mon frère.

    Seulement voilà : il y a du nouveau. Cela fait six mois que ça a commencé, en fait le jour de mon anniversaire. Pour mes vingt ans, mes "presque" parents m'avaient organisé une belle fête et comme chacun avait invité des amis nous étions très nombreux et cela a duré toute la nuit. Au petit matin, après le départ des invités, je m'étais endormie un peu pompette sur un canapé et j'ai été réveillée par un baiser et des bras qui me serraient.

    Ce n'était pas Auguste, non, c'était son père. Mon "presque" père, Monsieur de Fontenelle. Mon rêve se réalisait ! Cela fait des années qu'en secret je suis amoureuse de lui. Il est tellement beau avec ses tempes grises. Il m'a dit qu'il s'en était rendu compte et que lui aussi, bien que ce soit une folie, etc etc... Il n'arrêtait pas de s'excuser et moi je me serrais contre lui, et ce qui devait arriver, arriva.

    Nous nous aimons malgré la différence d'âge.

    Il veut que nous partions, loin, très loin, pour commencer une nouvelle vie. Il laisserait sa femme (que j'aime comme une deuxième maman) et ses enfants pour s'enfuir avec moi. Mais comment vais-je arriver à leur dire ? Ca va provoquer un séisme !  "Vous savez quoi ? Je pars avec votre père". Impensable ! Ou bien simplement partir, sans explications, et ne plus revenir, jamais ?

    Nous avons rendez-vous ce soir, il faut que j'arrive à leur fausser compagnie discrêtement pour le rejoindre, sa femme a un tournoi de bridge, nous aurons une partie de la nuit pour nous. La suite ? On verra bien !


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    "Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi tu t'arrêtes ? "

    "Ben...heu... c'est que j'ai mal aux pieds moi, ton resto était à des kilomètres !"

    " Il était bon non  ? "

    "Oui oui.. mais.."

    "Mais quoi ?"

    "Un peu lourd, un peu gras... pas de la cuisine nouvelle quoi !"

    "Ah oui je vois trois rondelles de carottes, un filet de poisson et une branche de céleri, c'est ça que tu aimes ?"

    "Ben au moins ça ne me donne pas mal au ventre, parce que là, quand en plus il faut marcher des plombes après, enfin je suppose que ça fait digérer.. Tu as des tisanes chez toi ?"

    "Non, mais je peux te faire un café !"

    "Un café ! Pour que je ne dorme pas de la nuit , merci bien ! "

    "Tu avais l'intention de dormir ? Je croyais ..."

    "Oui de dormir, après tout ce que j'ai mangé, je n'ai qu'une envie : comater sous une couette et attendre que ça passe"

    "T'as pas d'autre projet ? Pourquoi tu viens chez moi alors ? "

    "C'est toi qui n'arrête pas d'insister "

    "Ca fait trois mois que l'on sort, que je vais te chercher à ton travail, que l'on va au cinéma, au restaurant. J'avais l'impression que l'on s'entendait bien..."

    "On s'entend bien. Même si on n'a pas les mêmes goûts culinaires. Mais de là à ...."

    "De là à ... ?? Je n'ai pas dix-sept ans moi, et toi non plus ! On pourrait peut être passer à la vitesse supérieure non ? Je ne sais pas moi, tu n'as pas envie ??"

    "Pour l'instant j'ai envie de vomir. Et puis c'est sinistre ici, presque inquiétant. Pourquoi j'irai chez toi ? On se connait à peine "

    "A peine ?? Trois mois ! C'est pas comme si on s'était rencontrés la veille ! "

    "Ouais ben moi il me faut du temps... Je ne suis pas une fille qui couche par ci par là ".

    "Bien sûr et c'est tout à ton honneur. Mais je ne suis pas en bois. Tu n'as donc pas envie toi ? "

    "Si, si... parfois"

    "Parfois ? "

    "Ben je ne suis pas une machine ! Et puis là et bien j'ai mal aux pieds et au ventre, ce cassoulet ne passe pas ! Et en fait je n'ai qu'une envie c'est de rentrer chez moi ! "

    "Laure si tu pars c'est fini entre nous"

    "oh là là ! Tout de suite les grands mots ! Et puis si tu ne peux pas comprendre que je puisse avoir un problème de digestion et avoir mal aux pieds alors que je suis en escarpins de six centimêtres de talons et qu'il faut marcher des heures... tu ne connais pas l'expression "pour le meilleur et pour le pire" ? "

    " On pourrait peut-être se consacrer au meilleur non ?"

    " Ecoute, il y a un taxi là, je vais le prendre et aller me coucher, on en reparle ...on s'appelle, au-revoir Brice, merci pour le dîner ! "

    "Mais ...."


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    Racontez-nous lundi un conte qui commencera par cette phrase du grand Albert :
    « Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l
    ’autre, soigneux, profonds, perdus. »
    Conte qui se conclura par ces mots du familier Verlaine :
    « 
    Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
    Comme ceux des aimés que la vie exila. »

    Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus.

    Je ne pouvais pas m'empêcher te ressentir de l'envie, ils avaient l'air si amoureux l'un de l'autre ! Et cela depuis une vingtaine d'années. On aurait cru que la routine n'avait aucun impact sur eux, ni la présence de trois beaux enfants.
    C'est donc cela de rencontrer son âme soeur...

    Je n'ai pas eu cette chance. J'ai épousé un camarade de classe. On s'aimait bien. Comment ai-je pu croire au grand Amour ? Je n'avais que vingt ans, pourquoi me suis-je tant pressée ? La peur de rester seule ? J'étais jolie pourtant; je pouvais prendre mon temps .On s'entend plutôt bien dans l'ensemble, mais plus comme, disons, de bons amis, des associés en quelque sorte, des coéquipiers pour maintenir à flot notre bateau familial dans les tempêtes et les calmes plats, pour faire grandir nos deux enfants.

    Mais s'il  m'invitait à danser, là, tout de suite, et il s'en garde bien, il préfère discuter avec ses potes, on sentirait bien notre ennui et combien chacun rêve de son côté, en attendant la fin, tout en faisant montre de la plus grande courtoisie l'un envers l'autre. Mais personne ne s'y tromperait.

    Une fois, il y a dix ans, les enfants étaient encore petits, j'ai eu un coup de coeur pour leur professeur de piano. J'en rêvais la nuit. Il faut voir comment je m'apprêtais avant chaque cours. Et s'il n'en a jamais rien montré, je crois que je ne lui déplaisais pas non plus. Mais je n'ai pas osé. Déjà il nous n'étions jamais seuls mais toujours en présence de mes deux têtes blondes qui s'acharnaient sur leurs gammes et massacraient Schubert.

    « Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila. »

     

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    Racontez-nous lundi un conte qui commencera par cette phrase du grand Albert :
    « Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l
    ’autre, soigneux, profonds, perdus. »
    Conte qui se conclura par ces mots du familier Verlaine :
    « 
    Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
    Comme ceux des aimés que la vie exila. »

    Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus.

    Je ne pouvais pas m'empêcher te ressentir de l'envie, ils avaient l'air si amoureux l'un de l'autre ! Et cela depuis une vingtaine d'années. On aurait cru que la routine n'avait aucun impact sur eux, ni la présence de trois beaux enfants.
    C'est donc cela de rencontrer son âme soeur...

    Je n'ai pas eu cette chance. J'ai épousé un camarade de classe. On s'aimait bien. Comment ai-je pu croire au grand Amour ? Je n'avais que vingt ans, pourquoi me suis-je tant pressée ? La peur de rester seule ? J'étais jolie pourtant; je pouvais prendre mon temps .On s'entend plutôt bien dans l'ensemble, mais plus comme, disons, de bons amis, des associés en quelque sorte, des coéquipiers pour maintenir à flot notre bateau familial dans les tempêtes et les calmes plats, pour faire grandir nos deux enfants.

    Mais s'il  m'invitait à danser, là, tout de suite, et il s'en garde bien, il préfère discuter avec ses potes, on sentirait bien notre ennui et combien chacun rêve de son côté, en attendant la fin, tout en faisant montre de la plus grande courtoisie l'un envers l'autre. Mais personne ne s'y tromperait.

    Une fois, il y a dix ans, les enfants étaient encore petits, j'ai eu un coup de coeur pour leur professeur de piano. J'en rêvais la nuit. Il faut voir comment je m'apprêtais avant chaque cours. Et s'il n'en a jamais rien montré, je crois que je ne lui déplaisais pas non plus. Mais je n'ai pas osé. Déjà il nous n'étions jamais seuls mais toujours en présence de mes deux têtes blondes qui s'acharnaient sur leurs gammes et massacraient Schubert.

    « Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila. »


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    Pourquoi est-il venu ? Ce sont ses pas qui l'ont mené, pas lui. Un automatisme venu d'il y a deux ans. Deux ans déjà !

    Deux ans à traîner son désoeuvrement, deux ans de solitude.

    La solitude c'est de sa faute, il a toujours été un peu "ours".  Après la fermeture de l'usine, les autres ont pris l'habitude de se réunir pour une pétanque ou une belote. Ils ont su maintenir le lien, la camaraderie. Lui, non.  Il aurait dû y aller, dès le début. Maintenant il n'ose plus.

    Il n'a plus le chômage, alors il fait de petits boulots. Ca lui paye son tabac et sa bière. Il n'y a plus grand chose dans le coin, tant de boites ont fermé.

    Alors il est retourné vivre chez ses parents, dans sa chambre de gosse, avec les posters et les petites voitures. Ils lui prennent la tête, le prennent pour un gamin lui qui était indépendant.

    Il faut qu'il parte, qu'il se trouve un travail ailleurs, dans une autre région, plus ensoleillée par exemple. Il faut qu'il aille au Pôle Emploi pour leur demander s'ils n'auraient pas quelque chose dans le sud, qui sait ? Qu'il achète les journaux pour les petites annonces. Qu'il se démène quoi !

    Mais il n'y arrive pas. Il s'endort tard, scotché à la télévision et se réveille tard dans la matinée. Le plus souvent c'est son père excédé qui tambourine à la porte de sa chambre. Et puis la journée se traîne. Jusqu'au soir. Et tout recommence.

    Et dans ce contexte, pas de femme, bien sûr. Il les emmènerait où ? Chez Papa et Maman ? Sur le petit lit d'enfant ? Et comment leur payer le resto ou même le ciné? "On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre" dirait sa grand-mère, celle qui a perdu la tête mais pas les expressions. Et puis il n'aurait rien à leur raconter.

    "Il faut que tu te secoues" lui répête sa mère. Il va le faire. Demain ? Ou la semaine prochaîne, oui c'est ça : lundi ! Lundi il se lèvera tôt pour acheter le journal et il répondra aux annonces. Voilà qui va leur faire plaisir aux vieux de le voir revenir avec le journal ! Ils lui ficheront un peu la paix !


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