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    fergus ryan irish artist

     

    Collez votre oreille !

    Et à lundi ...

     

    - Comment ça : tu vis avec elle et elle m'a même dit que vous alliez vous marier au printemps prochain et tu fais les yeux doux à Monica ?

    - C'est plus que les yeux doux, Victor, on a couché ensemble samedi dernier, si tu savais ... il y a longtemps que je n'avais pas connu ça !

    - Mais... et Gladys ? Le mariage est annulé ?

    - Pas du tout !  Elle est.. heu.. gentille Gladys, mais bon, t'as vu la gueule qu'elle a ? Pas franchement heu... excitante. Et puis je les préfère blondes et bien en chair !

    - Je croyais que vous vous aimiez. En tout cas elle, elle est folle de toi, ça se voit.

    - C'est possible

    - Mais alors, si tu ne l'aimes pas ?

    - Je l'aime bien

    - C'est une raison suffisante pour se marier ? Ne me dis pas que c'est parce qu'elle est pleine aux as ?

    - Elle est gentille, droite et, je l'avoue, le fait qu'elle puisse renflouer ma boite n'est pas étrangère à tout ça.

    - Je croyais que ta boite était fichue ?

    - C'est probable, mais là je vais pouvoir faire entrer un peu de liquidités. Et puis si ça ne marche pas, tant pis, je ne tiens pas tant que ça à travailler, rentier ça m'ira très bien comme boulot !

    - Tu te ferais entretenir ?

    - Tout de suite les grands mots ! Disons que nous serions heureux tous les deux. Elle, elle apporte l'argent et moi je m'apporte moi avec mon physique avantageux, je la sors, je la fais voyager, je la fais rire. Qui est le plus gagnant après tout ?

    - Et si elle l'apprend pour Monika ?

    - Pas de risque, je suis prudent. D'ailleurs ce n'est pas la première entorse au contrat depuis que nous sommes ensemble. Comme dit la chanson "il faut bien que le corps exulte" ! Et désolé, le mien exulte peu avec Gladys.

    - Elle a dit à ma femme qu'elle voulait des enfants.

    - Ah ça , sûrement pas ! Elle n'est pas loin de la date limite, je vais gagner du temps, faire traîner suffisamment pour qu'il soit trop tard. Elle m'en a déjà parlé une fois et je lui ai dit que je voulais d'abord que nous vivions notre belle histoire d'amour. Si tu avais vu comme elle a gobé ça, ha ha !

    - Tout de même...

    - Ecoute Victor, jusqu'à présent mon plan marche à merveille et à moins qu'elle ne soit cachée derrière ce petit guéridon en train de nous écouter, il n'y a aucun risque qu'elle soupçonne quoique ce soit.


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    Carrie Graber - night-drive

     Carrie Graber

     

    Incipit... Excipit

    D'un texte à l'autre.

     

    1) Commencez impérativement votre devoir par la phrase suivante : "Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois."(emprunt à Georges, sous le soleil de Satan).

     

    2) Terminez impérativement par la phrase suivante : "La nuit noire et le bruit assourdissant des criquets s'étendent de nouveau, maintenant, sur le jardin et la terrasse, tout autour de la maison." (emprunt à Alain et sa jalousie).

    Entre les deux, casez ce que vous voulez.

     

    (ce qui me gêne c'est le Présent qui n'est pas un temps de narration. Mais bon, je vais faire avec)

     

    Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois. L'Heure aussi où se termine l'histoire de la petite Maimaine, enfant charmante, aimée par tout le village, car c'est le moment où , pour tous, non seulement elle perd son surnom familier mais les journalistes de Presse y accolent même le nom jusqu'alors respectable de Malorthy.

    Germaine roule à tombeaux ouverts sur la route de campagne. Elle sait où elle va. Elle a surpris une conversation entre Théo, son amour de toujours puisqu'ils s'aiment depuis la maternelle, et cette garce de Sylvie.

    Sylvie travaille dans le même salon de coiffure, c'est là qu'elle a vu Théo lorsqu'il venait chercher Germaine presque chaque soir pour dîner ensemble avant que chacun ne rentre bien sagement chez ses parents. Car c'est ce qu'ils ont décidé tous les deux : leur histoire n'est pas habituelle, se rencontrer à 3 ans, vous pensez, alors ils veulent  faire les choses "dans les règles" et rester purs jusqu'au mariage qui doit avoir lieu le printemps prochain.

    Un jour Germaine commet l'erreur de tout raconter à Sylvie, ce qu'elle regrette tout de suite en voyant son regard moqueur "Bon toi, ça ne m'étonne pas plus que ça, tu fais tellement sainte-nitouche, mais ce super beau mec, un puceau ! "

    Germaine comprend que Sylvie y voit une sorte de challenge, n'est elle pas sortie avec le jeune boulanger du village pourtant fraîchement marié et des bruits courrent sur deux outrois autres hommes ?  Mais Germaine a confiance en Théo, son cher Amour, son âme soeur, son alter ego.

    Jusqu'à hier soir : alors qu'elle range divers accessoires pendant que Théo l'attend dans l'entrée, elle entend soudain chuchoter "à tout à l'heure" et son sang se glace dans ses veines.

    Ils ont dîné comme d'habitude, cette fois chez les parents de Théo que Germaine aime tant, puis celui ci la raccompagne  chez elle et elle détecte une certaine impatience chez lui,  pressé de repartir, il ne s'attarde pas comme d'habitude pour parler encore et encore sur le perron "je suis un peu fatigué ce soir".

    A peine a il tourné le coin de la rue, qu'au lieu de pousser la porte d'entrée Germaine fait demi-tour et monte dans sa voiture. Elle veut en avoir le coeur net !

    Elle sait que Sylvie habite dans cette maison entourée d'une terrasse un peu en dehors du village, elle la dépasse, fait demi-tour et se gare sur le bas-côté tous feux éteints et attend.

    IL fait nuit noire et les battements de son coeur couvrent les bruits de la nuit, le chant des criquets, les grenouilles dans la mare, la chouette au loin. Mais pas celui du moteur d'une moto qui arrive en bas de la côte celle de Théo bien sûr ! Elle est trahie !

    Sylvie aussi a dû entendre la moto car elle sort à sa rencontre , traverse la terrasse et descend jusqu'à la route, une simple lampe de poche pour éclairer ses pas. Théo saute de la moto et se précipite dans ses bras, ils s'enlacent au milieu de la route déserte comme les amoureux qu'ils sont.

    Germaine démarre et accélére à fond en faisant crisser les pneus pour les percuter le plus violemment possible. Les deux corps sont projetés à plusieurs mêtres. Germaine arrête la voiture et coupe le contact. Elle entend un gémissement qui dure un peu, puis plus rien. Elle descend de la voiture  mais n'ose pas s'approcher. A leur position elle sait qu'ils sont morts.

    Elle s'assoit dans l'herbe sur le bas-côté où on la retrouvera bien plus tard  et contemple le désastre.

    La nuit noire et le bruit assourdissant des criquets s'étendent de nouveau, maintenant, sur le jardin et la terrasse, tout autour de la maison.


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    Robert Brownhall SurfersParadiseunits 2006

    Robert Brownhall

     

    "Je m’appelle Renée. J’ai cinquante-quatre ans. Depuis vingt-sept ans, je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un bel hôtel particulier avec cour et jardin intérieurs, scindé en huit appartements de grand luxe, tous habités, tous gigantesques. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Je n’ai pas fait d’études, ai toujours été pauvre, discrète et insignifiante. Je vis seule avec mon chat, un gros matou paresseux, qui n’a pour particularité notable que de sentir mauvais des pattes lorsqu’il est contrarié. Lui comme moi ne faisons guère d’efforts pour nous intégrer à la ronde de nos semblables. /.../"

    Muriel Barbery - L'Elégance du Hérisson

     

    A l'image de l'extraordinaire Renée du roman pré-cité, faites le portrait, à la première personne, d'une concierge étonnante.

     

    La concierge de la rue Ernest Renan dans le quinzième arrondissement de Paris dans les années soixante était une grosse femme autoritaire qui menait "son" immeuble avec poigne.

    Enfin surtout les pauvres : ceux du sixième étage, les chambres de bonnes. Parce qu'avec les grands appartements des étages inférieurs elle était tout miel.

    Elle montait tout de même le courrier jusqu'au sixième, il n'y avait pas d'ascenseur, quand j'y réflêchis elle déplaçait sa masse de chair pour ça, et elle cirait "ses " escaliers.

    Mais à part ça lorsqu'elle pouvait persécuter la "fille-mère" qui vivait tout là-haut avec ses deux filles, elle ne s'en privait pas. C'est qu'elle avait un mari elle ! Bien moins belle que la fille-mère en question, elle s'en était pourtant dégoté un. Bon un moche qui buvait mais la morale était respectée.

    Déjà elle ne ratait pas une occasion de lui donner du "mademoiselle" bien appuyé lorsqu'elle la voyait entrer dans l'immeuble son bébé dans les bras (moi) et devant sa fille de treize ans.  Pourtant la jeune femme était, aux dires de tous, très distinguée, toujours habillée avec soin, et portait une alliance qu'elle s'était achetée elle-même pour tenter de tenir les dragueurs à distance.

    Ensuite elle lui faisait des remarque acerbes sur tout et rien, l'heure de descendre les poubelles par exemple. Quand on habite au sixième étage sans ascenseur et que l'on travaille toute la journée, avec deux enfants à la maison, c'est une fatigue en moins de la descendre en partant le matin et de la mettre dans les containers dans la cour.

    La jeune femme le faisait le plus discrêtement possible mais la furie avait des antennes ! Parfois, vaincue, la jeune femme redescendait le soir .

    Il y avait d'autres choses : une porte pas fermée correctement,  un paillasson déplacé, etc etc...

    Toujours prête à sortir comme une furie de son antre, ou de regarder par le rideau comment nous étions, ce que nous avions dans les mains etc, un scanner à chacun de nos passages.

    Alors nous étions "dressées" à faire le moins de bruit possible, nous en faisions même un jeu, triomphantes lorsque nous avions réussi à franchir la zone de tir.

    Tout de même je sais que le "Mademoiselle" blessait cruellement ma mère. Parce que c'était son talon d'Achille.

    (je sais je ne l'ai pas écrit à la Première Personne parce que , pour une fois, c'est une histoire vraie)


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    norman rockwell

    Norman Rockwell

     

    Les sourires peuvent cacher bien des choses

    ou révéler d'heureux ou surprenants moments...

    A quoi (à qui) pense donc Anna ?

    A qui  (à quoi) pense donc Edmond ?

     

    Je suis sûre que vous savez.

    Vous partagerez leurs pensées, lundi !

     

    Anna : Et voilà,  incapable de fixer correctement cette fleur ! Comme ses cravates lorsqu'il travaillait. Il a toujours eu deux mains gauches mon pauvre Edmond. J'ai toujours été obligée de l'aider pour tout, toute ma vie.
    Mais aujourd'hui c'est le mariage de notre petite fille tout de même, nous devons être présentables, ne pas lui faire honte.
    Déjà s'il ne boit pas trop je pourrais m'estimer heureuse car lorsqu'il a un coup dans le nez, on ne peut plus le tenir, il est capable d'essayer de peloter une demoiselle d'honneur !
    Il a toujours été coureur pfff et quand je dis "coureur" c est le terme exact car finalement il en attrapait bien peu, pas comme moi avec Joseph notre homme à tout faire, tellement habile de ses mains. ..trente cinq ans d amour.... mon cher Joseph...

    Edmond  : Elle m'énerve à s'occuper continuellement de ma tenue ! Je suis très bien comme ça, bien assez pour faire danser toutes les mignonnes de cette soirée. Mais je suis sûre qu'elle va tout faire pour m'en empêcher, cette vieille bique, toujours à me faire la morale .
    Je me sens encore jeune moi et si je peux frôler un téton ou flattter un croupion, je ne vais sûrement pas manquer l'occasion ! Je sais que mon gendre a prévu du champagne, ça va me changer de ses bouillons de légumes et du minable petit verre de vin qu'elle m'autorise au fromage, non mais !
    C'est le mariage de ma petite fille et j'ai l'intention de le fêter dignement !


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  • Les dix à caser

     

    Serge Fiorio - Lepouvantail

     

    Ecrire un Conte, pour enfants ou adultes, intitulé L'épouvantail, 

    en y incluant les dix mots suivants :

     

    épouvantail (évidemment !)

    cendre

    escargot

    tombereaux

    pourchassait

    fondra

    minuscule

    vantard

    amorce

    Sud-africaine

     

    L'épouvantail s'ennuyait tout seul dans son champ minuscule. "mais à quoi je sers ? il n'y a pas l'ombre d'un oiseau, et à part des escargots, pas âme qui vive par ici".

    C'est alors qu'il aperçut au loin un tracteur tirant des tombereaux de terre. Il devait y avoir des vers dans cette terre parce qu'un gros corbeau pourchassait la remorque.

    Le tracteur s'arrêta à côté de lui et le fermier déchargea sa terre , quasiment à ses pieds. "Tiens se dit l'épouvantail il va enfin se passer quelque chose, je sens l'amorce d'un nouvel événement, tant mieux. Mais en même temps une poussière fine comme de la cendre, soulevée par la terre déversée à ses pieds lui donnait l'envie d'éternuer, atchoum ! "

    "Ha ha ha  se moqua le corbeau en se perchant sur le bout de bois qui représentait les bras de l'épouvantail "à tes souhaits ! "

    "Merci dit l'épouvantail mais tu me chatouilles là. Normalement tu devrais avoir peur de moi ! "

    "Je n'ai peur de rien, s'exclama le vantard et surtout pas d 'un croisillon de bois recouverts de chiffons ridicules !"

    "Ridicules ? Mais pas du tout, ma tenue vient d'une lointaine contrée, ma jupe est sud-africaine  paraît-il"

    " Hé bien c'est drôlement moche ! "

    "Chacun ses goûts maugréa l'épouvantail vexé en tout cas c'est un tissu très résistant, ce n'est pas lui qui fondra au soleil ou se décolorera au fil du temps, on voit qu'il a été concu pour les pays chauds".

    "Pfff pensa le corbeau en lissant ses belles plumes noires avec son bec, moi je suis équipé pour tous les temps, pas besoin d'aller chercher ailleurs. Mais je vais garder cette pensée pour moi, inutile de le vexer , c'est bien d'avoir quelqu'un à qui parler de temps en temp, ce coin est vraîment sinistre".


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