•  Le jeu de Lakévio

    Eliane Marque - Eve

     

    Le rouge ne me va pas. Pour mettre mes beaux yeux bleus en valeur je dois porter du bleu ou du vert. Et je déteste les pommes. Pouah...
    Ce peintre est un gros naze, il va encore faire une croute invendable, une de plus qui finira au grenier.

    Il veut appeler cette toile "Eve", c'est d'un goût. Bonjour l'originalité.

    J'en ai marre de rester immobile pendant des heures. Ca me donne des crampes. En plus après il se plaindra que le dîner n'est pas prêt. Mais comme la cuisinière est coincée dans cet atelier poussiéreux...

    Parce que le peintre, hé bien, c'est mon mari !

    Au début, à vingt ans, ça me fascinait : épouser un artiste, maudit de préférence. Qu'est ce qu'on est bête lorsqu'on est jeune !

    Il était là avec ses cheveux rebelles, ses chemises blanches romantiques à disserter sur son "art" et moi l'andouille qui n'avais jamais réussi à tenir un pinceau j'avais des étoiles plein les yeux ! Maintenant je rêve d'un homme d'affaire, d'un toubib ou quelque chose comme ça, qui ramène de l'argent à la maison. Parce que de l'argent on n'en a pas trop et s'il n'y avait pas ma paye on ne mangerait pas tous les jours ! Il n'en vend pas, personne n'en veut.

    Un de ce jours, moi, je vais le plaquer, il n'aura qu'à se mettre aux paysages ou aux natures mortes, ou alors trouver une autre gourde prête à garder la pose pendant des heures.


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  • Rene Snyman Tutt'Art@ (52)

     

     

     

    Lyne : et voilà, elles sont folles de jalousie,  j'en suis sûre ! On avait fait un pari lorsque nous étions ados, c'est moi qui gagne , je suis la première à franchir le pas : je me marie le mois prochain. Et en plus avec le plus beau mec du village et celui qui a la meilleure situation puisqu'il est pharmacien. La tête de Salomé quand je lui ai dit que c'était Richard ! Elle s'est décomposée. Ben ouais ma chère, je te laisse le commis boulanger ou Simon qui sent toujours le fumier de son bétail ! Richard m'aime ! Il m'a demandé en mariage ! Quant à cette pauvre Solange, elle n'a pas pipé mot mais je suis sûre qu'elle en est malade, elle finira vieille fille c'est sûr : elle n'a aucun succès. Ce n'est pas comme moi, il y avait aussi Fernand qui me tournait autour et Pierre, et en fait presque tous les gars du village.

     

    Salomé : C'est Richard ! Je n'en reviens pas ! Lyne est folle d'accepter. Si elle savait que ça fait un an que nous sortons ensemble et que ça s'est terminé lorsque moi j'ai refusé sa demande en mariage ! Mais ma pauvre, au lieu de fanfaronner, tu ne vois pas la toile d'araignée qui se tisse autour de toi : un enterrement de première classe, cloîtrée dans la pharmacie sous l'autorité de la Reine-Mère. Est ce qu'il lui en a parlé de la vieille ? Moi je l'ai rencontrée et merci bien ! Cette rosse sur le dos toute la sainte journée ! C'est d'ailleurs elle qui le tanne pour qu'il se marie le plus vite possible : elle est radin comme tout et ne veut pas engager une nouvelle préparatrice. Moi j'ai flairé le piège. En plus au lit ce n'est pas extraordinaire, pas très porté sur la chose le fils-fils à sa maman, j'avais l'impression qu'il se forçait, pas très agréable !

    Solange : Richard... mon Dieu ! Je ne sais pas quoi faire... elle a l'air si heureuse. Et puis elle ne me croira sûrement pas, qui pourrait imaginer ? Il est si beau, si séduisant . Dois-je la prévenir ? Lui dire que je l'ai surpris un jour avec mon frère dans la grange ? Je sais bien pourquoi il tient à se marier, il veut donner le change et faire plaisir à sa Maman qui ne rêve que de ça. Elle veut des petits-enfants et une esclave à domicile et à la pharmacie. Pauvre Lyne... mais je ne lui dirai rien : je n'ai pas oublié les fois où elle s'est moquée de moi et m'a fait sentir que je n'étais pas aussi jolie qu'elle. Je vais simplement la regarder foncer dans le mur avec son air supérieur.


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    Je récidive en vous proposant Sans les O ! 
    Est-ce que cela sera plus facile ?...
    A voir ! A tenter !
    C'est assez tordu, ce truc, euh, assez bizarre !

    Consigne 2 : c'est plus amusant de corser la chose, euh, de compliquer, enfin je veux dire d'épicer le dernier devoir travail avant les vacances !... 
    Vous écrivez une lettre à votre frère dès votre arrivée en villégiature dans la villa héritée de vos parents. Villa que vous partagez avec lui chaque été, lui en juillet, vous en août... (là, je ne peux pas enlever les o...)
    Lecture lundi.
    Après, pause d'été, promis, ah zut !  euh... en vérité

     

    Cher Emmanuel

    Tu ne vas pas aimer cette lettre. Tant pis !

    Finalement je m'ennuie ici. Des champs, des champs, des vaches, des vaches et la rivière. Rien d'autre . Ah si : ce ciel bleu et cette chaleur qui me contraignent à mettre ce chapeau ridicule.

    Bref j'ai décidé de vendre cette baraque. Je sais que tu y es très attaché mais c'est décidé. Les parents, l'enfance, les vacances et gna gna gna, inutile de me bassiner avec ça !Je suis décidée.

    Avec l'argent je m'acheterai un appartement à la mer, c'est tellement mieux !

    Je ne suis pas sûre que tu aies l'argent nécessaire à racheter ma part ? Essaye un emprunt à la banque, demande à ta femme avec ses parents pleins aux as, fais la manche... je m'en fiche !

    Je ne veux pas que ça traîne : en cas de silence de ta part, j'irai vendredi à l'agence de la Place du Maréchal Juin la mettre en vente. Il paraît que ça part très bien.

    En attendant je pars de ce pas m'acheter un ensemble de bain et  une serviette de plage. Ca remplira ces heures d'ennui et ce sera déjà une première étape vers ma délivrance.

    Ta frangine que tu vas haïr mais qui s'en fiche !

    Renée


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  • Mab

     

     

    J'ai appris hier la triste nouvelle.

    C'était un peu le début des blogs, je racontais les mésaventures de PJF dans ses essais infructueux pour réussir dans la profession qu'elle s'était choisie (depuis l'enfance) : être actrice. Elle allait d'échec en échec et surtout de déceptions en déceptions et de promesses non tenues en promesses non tenues.

    Ca s'est un peu, seulement un peu , arrangé maintenant qu'elle a son école de théâtre et qu'elle a un Agent qui essaye de l'aider. Disons que la situation est moins désespérante.

    Je racontais donc ça, de notes en notes, et un jour j'ai reçu un mail de Mab (qui me lisait et que je lisais) me proposant de me présenter un très bon ami à elle qui partageait la vie d'un Agent très connu. Elle me donnait rendez-vous dans le restaurant de cet ami dans le quatorzième arrondissement. Je ne me souviens pas pourquoi PJF n'est pas venue avec moi, il devait y avoir une raison.

    Inutile de dire combien j'ai été touchée de cette proposition que j'ai aussitôt acceptée.

    J'ai trouvé le petit restaurant et j'ai rencontré Mab, charmante petite femme énergique, bienveillante et droite (ce sont les trois adjectifs qui me viennent à l'esprit), accompagnée de sa soeur handicapée. Elle me présenta l'ami, très sympathique, qui accepta d'essayer d'obtenir un rendez-vous pour ma fille.
    Et le déjeuner à trois filles fut très agréable, nous avons parlé de tout et de rien, à batons rompus,  et nous nous sommes promis de nous revoir.

    PJF a eu le rendez-vous mais ça n'a rien donné. Ce n'est pas de la faute de Mab.

    Une autre fois, toujours par mail, elle m'a proposé de passer la voir sur ma route vers "ma" campagne, c'est en effet sur le chemin. Malheureusement à cause de mes deux chats que je n'aurais pas trouvé sympa de faire poireauter une à deux heures de plus dans leurs paniers dans la voiture j'ai dû décliner. Je le regrette.

    Son blog rayonnait de son amour pour sa famille : son mari, sa soeur maintenant décédée, sa Fille Unique comme elle l'appelait et ses quatre beaux petits enfants. Je pense à leur chagrin aujourd'hui...

    Voici une personne que je n'oublierai pas. Décidément les blogueurs c'est comme les animaux de compagnie : source de chagrin...


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    Le jeu de Lakévio

    Fernando Saenz Pedrosa Tutt'Art@ (37)

     

    Le train arrive enfin ! Et dire que mes parents me croient au lycée. Le temps qu'ils soient prévenus je serai déjà loin ! En plus au cas où il viendrait à l'idée de quelqu'un que j'ai pu me rendre à la gare, ils seront persuadés que j'ai pris un train pour Paris, moi qui n'ai pas arrêté de clamer mon envie d'y aller. Jamais ils n'imagineront que j'ai pu prendre la direction de Lyon. Je suis maligne : j'ai choisi un horaire où les deux passent à peu près en même temps, à un quai près !

    J'en ai fini avec eux ! Avec les jérémiades de ma mère qui trouve toujours quelque chose à redire à ma façon de m'habiller, aux copines que je me suis faite, à l'état de ma chambre etc,  et avec la colère de mon père concernant mes notes ou les garçons. Comme si les quelques flirts que j'ai eu comptaient !! Ils n'auront qu'à reporter leurs exigences jamais satisfaites sur mon petit frère. Le pauvre !!

    Moi j'avance vers la Vie, la vraie. Plus de cours , plus de profs exaspérants. Je vole vers mon Amour.

    Quentin !

    Pas un des gringalets de ma classe, ça non ! Un homme un vrai : vingt-cinq ans. Acteur de cinéma et d'après la photo, le physique d'un jeune premier. Mélinda à qui j'ai montré sa photo sur l'ordinateur m'a dit : "ce n'est pas un acteur du temps de nos parents ? Delon je crois ? " Quelle idiote ! C'est mon Quentin !
    " Mais s'il est acteur, il joue dans quel film ? " " Il tourne actuellement, il n'a pas le droit de le dire, seulement lorsque le film sortira". "ah bon". Elle a quand même cru bon d'ajouter que ses parents l'avaient mise en garde contre des prédateurs sur internet. Moi aussi bien sûr, ils m'ont assez bassiné avec ça. Quentin et moi avons beaucoup parlé, en fait des nuits entières, c'est un être exceptionnel.

    Nous avons exactement les mêmes goûts. Quand je lui dis que j'aime quelque chose, et bien justement lui aussi. C'est ce que l'on dit des âmes soeurs, non ?

    Il m'a donné une adresse à Lyon et m'a bien recommandé de n'en parler à personne, pas aux parents bien sûr, ça ça ne risquait pas, mais pas à une amie non plus "les gens sont si jaloux m'a t il dit, ils menaceraient notre bonheur". Il a bien raison et j'ai dit à Mélinda que j'avais rendez-vous à Paris.
    Mais , en fait, on ne va pas rester à Lyon, on y reviendra plus tard, il a la chance d'avoir un maison à la campagne. Avec des chevaux, mon rêve ! Il m'attendra avec sa voiture à l'adresse qu'il m'a donnée et hop ! En route vers le bonheur !


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