•   (le jeu de Lakévio)

    Roland Lee aquarelle maison en Suisse

     

    Pourquoi je l'aime autant ?

    Elle n'est même pas très belle. Et beaucoup moins fleurie : je n'y suis pas assez pour entretenir des fleurs.
    Pourquoi je n'y suis pas assez ? Parce que je suis la seule à l'aimer à ce point.

    Elle est tout juste confortable et plutôt mal conçue : peu d'intimité possible, les pièces donnent les unes dans les autres, gare à celui qui est dans la chambre du fond et doit se lever la nuit, il réveillera tout le monde en passant !

    C'est un coin de verdure, adossé à une colline avec la rivière en contrebas. Il n'y a pas la mer, il n'y a pas la montagne. La rivière n'est pas très propice aux bains. Elle est entourée d'un terrain à moitié sauvage (on y croise des chevreuils, des lièvres et des renards, quelques sangliers aussi), non cultivable et non constructible car potentiellement inondable.

    Il n'y a aucune animation, pas un commerce. Ceux qui y vivent encore, vieillissent.

    Les vaches ou les poules peuvent envahir la route, peu de voitures y passent. De toutes façons c'est un cul-de-sac. La seule route mène à la rivière qui entoure le village, elle s'arrête à l'entrée d'un champ.

    Et pourtant lorsque la vie m'en a éloignée pendant deux longues périodes, je rêvais un jour sur deux ou trois que j'y étais. J'étais en manque.

    Voici la vraie :

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    Ma famille a commencé par la louer en 1942, l'exode les ayant fait quitter Paris. Ma mère et sa soeur avaient trouvé un travail à Vichy (hé oui...). Toutes les deux sans conjoint (l'un avait divorcé , l'autre s'était volatilisé - dès le début), elles n'avaient pas le choix. Elles laissaient leurs enfants respectifs (pas moi, je n'étais pas née) en garde  à la grand-mère et à l'arrière grand-mère  dans cette maison, le grand-père allait et venait en tentant de faire fortune.
    C'était alors une vieille ferme très rudimentaire, sans confort.
    La grand-mère  faisait des kilomètres à pied chaque jour pour trouver des denrées alimentaires à acheter dans les villages alentours, les gens du village, malgré leurs potagers et poulaillers bien remplis, ne voulant pas vendre à des "étrangers" (hé oui...).

    A la fin de la guerre (non, je n'étais pas encore née) tout le monde est remonté sur Paris mais ma mère a gardé la vieille ferme en location comme "maison de vacances". J'y ai fait mes premiers pas et appris à nager dans la rivière.

    Ma mère l'a finalement achetée dans les années 70 et faites rénover en deux fois, la deuxième pour y passer sa -courte- retraite.

    A sa mort, j'ai racheté la part de ma soeur (qui bien sûr peut en profiter tant qu'elle veut).

    A chaque fois que j'y arrive je suis sur un nuage. A chaque fois que j'en repars je suis infiniment triste (même si j'ai envie de rentrer pour  retrouver mon petit monde).

    Allez comprendre ...


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    l'hameçon

     

     

     

    sally storch - alla-finestra

     

     

     

     

     

    Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. J'ai beaucoup déménagé mais je crois que je vais rester ici, du moins quelques années. Je m'y plais beaucoup. Le quartier bien sûr et l'appartement qui est confortable mais surtout....surtout... C'est à peine si j'ose le formuler... Voilà : un soir je me suis mise à la fenêtre. C'était une nuit d'étoiles filantes, je voulais faire un voeu. Et puis j'ai regardé l'immeuble en face, et  j'ai vu une fenêtre où un homme se tenait qui regardait par ici lui aussi. Je pensais qu'il ne pouvait pas me distinguer nettement alors je l'ai observé : grand, bien bâti, une silhouette qui me rappelait Pierre mon grand amour de jeunesse...
    Et puis j'ai compris qu'il me voyait mieux que je ne le pensais et j'ai réalisé que j'étais en nuisette, comme maintenant. J'ai eu honte , j'ai fermé les rideaux.

     

    Mais le lendemain soir je n'ai pas pu résister, j'ai regardé à nouveau et il était là lui aussi. Et tous les soirs pareil, j'y pensais toute la journée. Au bout d'une semaine il m'a fait un signe de la main. J'ai eu peur, j'ai fermé le rideau à nouveau.
    Mais le lendemain soir j'ai répondu à son signe. Ca a dû durer une bonne semaine. J'avais de plus en plus hâte que le soir arrive. Apres le signe je me couchais avec des rêves plein la tête : que nous allions nous rencontrer dans la rue, ce ne serait pas si étonnant après tout et que ce serait le grand amour .

     

    Et dimanche dernier il tenait une sorte de grande pancarte avec écrit en très grosses lettres son numéro de téléphone. Mon coeur s'est emballé, j'avais le souffle coupé. J'ai noté le numéro sur la couverture de mon livre mais jamais je ne l'appellerai, ça non !

     

    Lundi ses rideaux étaient tirés. Quelle déception !  Mardi et Mercredi aussi. J'avais le coeur brisé et  beaucoup de mal à m'endormir. Peut être avait-il eu un accident, peut-être était-il malade ? Mort ? Cet Amour était il juste passé à toute vitesse comme une de ses fichues étoiles filantes pour disparaître à jamais ?

     

    N'y tenant plus, j'ai composé son numéro. Comme il a une voix chaude...j'en ai eu des frissons  au bas de la colonne vertébrale. Il va bien, juste un voyage d'affaires qui l'a retenu loin de chez lui. Il vient me chercher ce soir pour aller dîner quelque part, comme je suis heureuse !

     

     

     

    Le poisson est ferré, ha ha !  Quand il l' a aperçue en petite tenue la première fois, il a aimé le  spectacle . Et puis elle est revenue tous les soirs à se poster à sa fenêtre pour le regarder. Un jour, comme ça, il lui a fait un signe de la main. Mais elle a fait sa mijaurée et a fermé ses rideaux. Il savait bien que  dès le lendemain elle répondrait à son signe !  Alors il s'est dit "ma belle, tu me cherches tu vas me trouver ". Il a attendu encore un peu, faut pas être pressé, c'est comme la pêche, faut ruser et il sait que les filles ça gamberge pour des bêtises comme ça. Il l'a  laissée gamberger et paf, un jour , il s'est  fabriqué un panneau avec son numéro de téléphone. Bien sûr Il ne s'attendait pas à ce qu'elle appelle tout de suite alors il a joué fin : Il a fermé ses rideaux pendant quelques jours, histoire de bien la stresser. Ca n'a pas loupé : elle a craqué et elle l'a appelé. Bingo ! Alors il lui a proposé de venir la chercher pour l'emmener au resto. Ca marche à tous les coups.

     

    Il y est allé  et il lui a fait son affaire. Faut pas le chercher !

     

    L'ennui c'est qu'il a croisé une mémée en redescendant. Bon, le sang sur ses habits elle n'a pas pu le voir car il avait  boutonné son manteau et tout frais, ça n'a pas d'odeur. D'ailleurs elle lui a  à peine jeté un coup d'oeil et à son âge on n'a pas une bonne vue, Mais quand même : "je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il"

     


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     Le jeu de Lakévio

     

     

    Francis Coates Jones 52

     

    Francis Coates-Jones

     

     

     

    Jeu des Papous N°2

     

    A partir du tableau proposé, écrire un texte  en prose ou un poème en plaçant judicieusement les huit mots de la liste suivante que vous mettrez en gras dans votre texte.

     

    dictionnaire

     

    pianiste

     

    hortensia

     

    bouée

     

    affreux

     

    mordant

     

    pénible

     

    éclairer

     

    Il n'est pas permis de changer l'orthographe des mots. Impossible donc de les accorder ou de conjuguer les verbes. je vous conseille de copier-coller la liste avant la composition de votre texte.

     

    Il m'énerve , l'Oncle Bob ! Ce qu'il est pénible !  Je ne comprends pas pourquoi Papa veut tout le temps l'inviter ? Ce n'est même pas son frère, c'est un collègue de son ancien travail mais il veut que je l'appelle ainsi.

    Quand il vient, et c'est trop souvent,, d'abord il mange presque  tous les gâteaux que maman a préparé,  Il suce même le sucre sur ses doigts, pouahhh . Après il se met au piano , pfffff, Il se prend pour un grand pianiste ! Alors que les airs qu'il joue sont affreux !  Il se trompe souvent, alors il recommence, recommence...
    Cet idiot m'a dit que j'aurais dû ajouter un hortensia à mon bouquet d'automne. N'importe quoi ! D'ailleurs sait-il seulement à quoi ressemble un hortensia ? Je vais lui suggérer de prendre un dictionnaire sur les fleurs pour éclairer sa lanterne, non mais !

    Sans le froid mordant je serais bien sortie au jardin pendant sa visite, mais je le fais souvent et ça contrarie  mes parents. Ils me répétent toujours qu'il est très gentil et très riche et que comme il n'a pas de famille qu'un jour il me laissera peut être quelque chose.. Ils ne comprennent pas combien il m'agace... toujours en train de me chatouiller en plus, j'ai horreur de ça "oh ma petite Caroline, mais on dirait que tu commence à avoir une petite bouée là ! Faut pas manger trop de gâteaux !" . Est ce que je lui demande moi pourquoi il perd ses cheveux ou pourquoi il a les dents jaunes et si mauvaise haleine ?

    Mais ce qui me fait rigoler c'est qu'à la fin de son interminable visite aujourd'hui  il nous a annoncé quelque chose : qu'il a rencontré quelqu'un et que la prochaîne fois, si mes parents sont d'accord, il aimerait l'emmener pour nous la présenter ! Il était tout rouge, ha ha !!  La tête de mes parents, je crois qu'ils ont vu filer l'héritage sous leur nez ! Papa a dû penser à ses matchs à la tv qu'il avait ratés et maman aux gâteaux qu'elle a préparés pour rien !


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    (le jeu de Lakévio)

     

    robert kenton_nelson_waitingforachange

     

    Le feu vient de passer au rouge. Il protège une seule petite rue sur la droite où il ne passe pas grand monde. La petite bonne femme sur son vélo regarde bien et, voyant qu'il n'y a personne, ne veut pas casser son élan en s'arrêtant pour rien. Dans le panier arrière de son vélo on voit dépasser des poireaux et une baguette de pain. Il fait beau et ça la rend toute gaie.

    Pfuiiiiit

    Deux policiers dans une voiture la doublent et se mettant devant elle la forcent à s'arrêter. Un sort : "Madame vous venez de brûler un feu ! "

    "Heu, oui mais j'ai bien regardé avant"

    "C'est une infraction au code de la route ! "

    " Mais je suis à vélo !"

    "Et alors ? Vous n'êtes pas dispensée de suivre les lois ! Je pourrais vous mettre une amende ! "

    "Je ne le referai plus"

    "Je devrais vous verbaliser"

    "....."

    "Bon, ça va pour cette fois, mais que je ne vous y reprenne plus!"

    "Je peux partir ?"

    Le policier retourne dans sa voiture.

    La petite bonne femme n'en revient pas. Elle pense que dans la cité à quelques km de là, des cailleras terrorisent les populations, elle pense qu'il y a de plus en plus de cambriolages dans le coin, elle pense à la menace terroriste, elle pense aux voitures qui commettent de vrai infractions et mettent la vie de piétons ou d'occupants d' autres voitures en danger.

    Et ça lui rappelle un truc du passé, lorsqu'elle était au Lycée. C'était une bonne élève, un peu timide et pas dissipée pour un sou. Il y avait un professeur extrèmement chahuté. Un jour que des élèves montaient quasiment sur les tables pour faire les clowns, elle avait dû sourire ou quelque chose comme ça. Le professeur s'était écrié : "Mademoiselle C. (elle) vous serez convoquée chez le proviseur ! ". Il n'avait rien dit aux élèves sur les tables par contre.
    Elle n'avait pas très bien  dormi la nuit et le lendemain elle attendait devant la porte du Proviseur. Pas si angoissée que ça finalement car elle trouvait la situation plutôt incongrue.
    Le Proviseur l'a accueillie d'un air sévère et a ouvert son dossier et l'a parcouru. Il s'est adouci, perplexe "je ne comprends pas". "Moi non plus a dit la jeune fille, pourquoi s'en est-il pris à moi alors que toute la classe se déchaînait ? ". Le Proviseur a donné quelques explications vaseuses sur l'âge du Professeur, sa personnalité puis lui a recommandé d'avoir un comportement irréprochable et de continuer à bien travailler.

     

    (c'est du vécu bien sûr)


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    (le jeu de Lakévio)

     

    david hockney 70

     

    "han, han ! "

    (tiens je ne l'avais pas remarqué cette fissure au plafond, il fait trop sec c'est la peinture qui craquèle. Il faudrait le  faire repeindre, depuis le temps que je le dis)

    "han ! han ! "

    (blanc ou blanc cassé ? Bah le blanc devient vite blanc cassé, autant prendre blanc alors)

    "han ! han ! Tu aimes comme ça Chérie ?  Et là ? Han han !"

    "Oui oui, c'est bon !"

    "Et là et là ? Hein ?"

    "Oui "

    "Tu n'as pas l'air d'apprécier plus que ça, Han .. "

    "Si si ! Oh mon chéri ! C'est super ! " (d'un autre côté, si je fais faire le plafond je serai obligée de faire faire les murs aussi et les travaux c'est assommant, faudra tout débarrasser )

    "Han ! han !

    (blanc , tiens ça me fait penser : faut pas que j'oublie d'acheter des yaourts pour les gosses tout à l'heure, faudrait pas que ça dure trop d'ailleurs autrement le magasin va fermer...)

    "han ! han ! Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa .... ffffffftttt

    "Haaaaaaaa" (ou jaune pâle, c'est bien aussi, "vanille", ce serait doux)

    (.....)

    "C'est pas pour me vanter , Chérie, mais ton Mec, il assure hein !"

    "Oui Chéri, tu es super ! "

    "T'es une petite veinarde hein ? Des comme moi y en a pas à tous les coins de rues ! Toujours prêt à faire plaisir à sa petite femme ! On dit "merci qui ?  ha ha !"

    "Merci Chéri  " (des poireaux ! Faut pas que j'oublie les poireaux surtout  pour le pot-au-feu de dimanche ! )


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