•  

     

    devoir de Lakvio du Goût_27.jpg

    Si vous commenciez votre devoir par :
    « Distendu, ralenti, comme dans un rêve, c’était la musique d’Avril au Portugal. »
    Le terminiez par :
    « Et de nouveau son regard s’attardait sur mes mains. »
    Tout ça en brodant pour lundi une histoire autour de cette aquarelle de John Salminen.
    Ça vous dit ?

    "Distendu, ralenti, comme dans un rêve, c'était la musique d'Avril au Portugal", cet air sur lequel nous aimions danser avec Jacques,  que j'entendais dans ma tête alors que je la suivais sans qu'elle s'en rende compte.

    Elle ne savait pas qui j'étais , alors elle ne se méfiait  pas. Moi par contre je savais. Je savais que c'était cette femme qui était en train de me prendre mon mari !  N'y a-t-il pas assez d'hommes libres dans cette ville ? Il n'est même plus très beau si je suis objective, mais bon moi j'y tiens, tel qu'il est ! 
    Mais je sais aussi que c'est un faible... Ca me plaisait ce côté un peu vulnérable mais ça n'a pas que des avantages sur le long terme !

    Donc je l'ai suivie. Pendant une bonne heure. Elle rentrait chez elle, elle avait assez traîné dans les magasins !

    Je connaissais son adresse. En plus d'être amoureux-transi Jacques est aussi très distrait . J'y étais déjà allée en repérage.

    Alors voilà ce qu'il s'est passé, je l'ai suivie dans le hall d'immeuble. C'est à ce moment qu'elle a pris conscience de ma présence et qu'elle s'est retournée. Alors, sans réfléchir je me suis jetée contre elle et je lui ai serré la gorge, de plus en plus fort. Au début elle s'est débattue mais la colère que j'avais accumulée ces derniers mois a décuplé mes forces. J'ai serré jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus.

     

    Vous l'avez tuée me dit l'inspecteur "et de nouveau son regard s'attardait sur mes mains".


    2 commentaires
  •  

    devoir de lakevio du gout_24.jpg

    La sale petite garce !

    Je ne pouvais quand même pas la violer, pas envie de me retrouver sous les verrous pour une petite idiote comme ça, j'en ai déjà une autre en vue qui se laissera faire j'en suis sûr.

    Ah ! En courant comme une folle, elle vient de se tordre la cheville, bien fait ! Elle court en boitant maintenant, mais qu'est ce qu'elle croit ? Que je vais lui courir après ? Elle peut bien aller au Diable !

    Mais elle me le paiera :  je vais passer quelques coups de fil et elle ne décrochera plus un rôle de sa vie. Jamais ! Elle n'aura plus qu'à aller faire des ménages. Pauvre gourde !

    Mais qu'est ce qu'elle s'imaginait ? Que je l'invitais "gratuitement" au restaurant et que si elle venait prendre un dernier verre chez moi, c'était pour parler de la pluie et du beau temps ? Ou du rôle que je lui avais promis ?  Elle devait bien se douter quand même ! Même si elle n'a pas dix-huit ans, il serait temps qu'elle entre dans le monde des adultes.

    Et puis quand on est roulée comme ça, faut que ça serve non ? Une bombasse qui se met à pleurer comme une gamine et qui, soit dit en passant, m'a cassé un pied de lampe en se débattant comme une hystérique. Enfin je lui ai quand même fichu une torniolle dont elle se souviendra, elle devrait avoir un beau coquard demain et pour quelques jours, bien fait. 

    Ca l'a tellement sonnée sur le coup que cela aurait été facile... mais je ne suis pas fou, je ne veux pas d'ennui. Je me rattraperai avec l'autre postulante ce soir même. Et même que  je ne vais pas la ménager, elle paiera pour sa copine, le rôle elle va devoir le mériter ! Elle est tout aussi bien roulée. C'est l'avantage dans mon métier, on est gâtés ! Les avantages "en nature" en quelque sorte.


    6 commentaires
  • devoir de lakevio du gout_23.jpg

    Elle était arrivée exprès un quart d'heure en avance pour bien réfléchir aux mots qu'elle allait employer.

    Comment faire accepter l'inacceptable ? Surtout à quelqu'un d'aussi fragile, qu'une pitchenette pouvait expédier dans un gouffre de dépression !

    Elle avait déjà essayé une fois, il y a quelques années, il avait menacé de se donner la mort. "Mais je ne suis pas la seule femme au monde ! " "Pour moi tu es la seule, je n'en veux pas d'autre".

    Les choses étaient différentes maintenant : il y avait les enfants. Il était père de famille et comme sa décision impliquait de les lui laisser, il n'aurait d'autre choix que de continuer à vivre pour eux. Ils étaient tout petits encore, ils demandaient une attention de tous les instants, il n'aurait pas le temps de s'écouter !

    Quelle bétise elle avait fait d'épouser ce type immature et fragile et en plus de lui avoir donné deux enfants! Déjà chez l'ainé, prompt à pleurnicher pour un rien, elle avait reconnu la faiblesse du père. Samantha lui ressemblait davantage et bien que de deux ans plus jeune menait déjà son frère par le bout du nez. Mais il ne fallait pas qu'elle pense à eux. Pas maintenant, et même après : le moins possible. Elle s'était imaginé que ça ne serait pas difficile, c'était si ennuyeux de s'occuper d'eux à longueur de journée ! Mais à mesure que la date approchait elle sentait une angoisse l'étreindre par moments. Pourtant sa décision était prise. Benoit, son merveilleux Benoit, ne voulait pas des enfants "peut être, à la rigueur, quelques jours pendant les vacances scolaires mais pas plus, je veux que nous vivions notre passion librement".
    Il avait raison : un Amour comme celui-là ne se rencontrait qu'une fois dans une vie. Dès que leurs regards s'étaient croisés à cette fameuse soirée, leurs destins avaient basculé une fois pour toutes.

    Il fallait donc qu'elle explique à Martin qu'elle allait les quitter tous les trois et qu'il allait devoir élever seul leurs enfants dont elle ne réclamerait qu'une garde épisodique (Benoit avait précisé qu'il essaierait de faire coïncider ses voyages d'affaires avec leurs venues car il n'avait aucune envie de les cotoyer. Ca l'avait un peu peinée lorsqu'il avait dit cela mais il l'avait tout de suite prise dans ses bras et elle n'y avait plus pensé, après tout elle avait bien le droit de penser à elle, on ne laissait pas une chance pareille vous échapper ou on le regrette tout le reste de la vie !

    Ca n'allait pas être facile d'expliquer les choses à Benoit ... elle voyait déjà son air de chien battu, ses épaules affaissées et peut-être même ses larmes. Elle allait devoir le secouer pour le rappeler à ses devoirs de père !

    C'est pourquoi elle avait choisi ce café désert, même s'il se donnait en spectacle, il n'y aurait pas de témoin !

    Elle s'attendait à un moment difficile, moment qu'il ne fallait pas faire durer indéfiniment : c'est pourquoi elle avait préparé ses valises en cachette, elles étaient dissimulées sous une bâche dans le garage, car elle partirait ce soir même, une fois tout le monde endormi. Un coup de fil et Benoit sera devant la porte. 

    Et s'en sera fini de cette existence ennuyeuse et terne ! Benoit habitait une grande maison en bord de mer, elle y avait passé déjà bien des après-midi. Du lit ils pouvaient entendre le ressac de la mer sur les galets. Mais ils allaient aussi beaucoup voyager lui avait-il promis, descendant dans les meilleurs hôtels, séjournant dans des lieux enchanteurs...

    La porte du bar s'ouvrit brusquement la tirant de ses rêveries, Martin apparut, absurdement drapé dans une écharpe rouge vif jurant avec son duffle-coat moutarde (toujours ses tenues de soixante-huitard attardé, de Professeur Tournesol comme le surnommaient ses élèves...) et s'avança vers elle avec un regard inquiet. "Pourquoi m'avoir demandé de venir ici, on aurait pu parler à la maison" lui demanda-t-il en s'asseyant.

    "La maison ne s'y prêtait pas" dit elle, et elle se lança...


    4 commentaires
  •  

    devoir de lakevio du gout_22.jpg

    Bon je ne vais pas recommencer le couplet nostalgique sur ma maison de campagne hein... il faut que je trouve autre chose.. Voyons...

     

    Elle était là, devant lui, la maison de son enfance. Il gara sa voiture et arrêta le moteur. Il ne se décidait pas à sortir, pourtant ses muscles endoloris par le long voyage ne demandaient pas mieux. Non, il préférait, pour le moment, la contempler de loin.  A nouveau cette boule au ventre, celle qui avait disparu toutes ces années, mais que la vision de ces lieux avait fait renaître. A croire qu'elle était restée là, tapie, tout ce temps.

    Il fallait y aller maintenant, courage ! De toute façons, il n'y avait plus aucun risque maintenant, on ne pourrait plus jamais lui faire du mal.

    Il sortit de la voiture et s'avança lentement. Il avait envie de fuir, de remonter dans sa voiture et de repartir aussitôt. De repartir vers sa vie d'homme, son appartement en ville, ses amis, sa  jeune femme, tous ceux qui ne savaient rien...

    Mais non, il était un homme maintenant, plus un petit garçon apeuré, il devait aller au bout de cette démarche, surmonter l'angoisse qui, au fur et à mesure qu'il approchait, menaçait de le submerger.
    Il essaya de maîtriser le tremblement de sa main lorsqu'il tourna la poignée de la porte d'entrée et s'immobilisa dans l'entrée sombre et poussiéreuse, il n'arrivait pas à faire un pas de plus, il avait envie de pleurer, comme un gamin, à quarante ans !

    "Ah le petit Jean ! s'écria la voisine qu'il reconnut à peine tellement elle avait vieilli "mais tu es devenu un bel homme ! "

    "Bonjour Madame Meillot"

    "Ton pauvre Papa, je l'ai trouvé hier après midi, rassures-toi il n'a pas souffert . Mais dis-moi, ça ne me regarde pas mais tu aurais pu lui donner des nouvelles depuis toutes ces années. Il s'en plaignait souvent, disait que tu les avais abandonnés, lui et ta pauvre maman, Dieu ait son âme. Les parents, tu sais mon petit Jean, tu veux bien que je t'appelle encore ainsi ? on les perd un jour et après on regrette... Bien sûr je n'étais pas aveugle, je sais que ton père n'était pas commode tous les jours, mais , après tout, ça forge le caractère, vois l'homme solide que tu es devenu ! "

    Jean senti une nausée lui venir : "la Police est quand même venue une fois, suite au signalement de la maîtresse d'école"

    "Oui, bah... c'est vrai qu'il avait la main lourde parfois, mais les gens exagèrent toujours, cette jeune instit faisait du zèle, mais tu n'en es pas mort n'est-ce-pas, et au contraire je suis sûre que ça t'a rendu plus costaud ! Tes pauvres parents, tu leur a bien manqué depuis..."

    Jean, hors de lui, se mit à crier : "ils m'ont martyrisé Madame Meillot, vous savez ce que ça veut dire ? Comment osez-vous ! Et vous vous n'avez rien vu, rien entendu bien sûr !!

    Il s'arrêta tout net, en état de sidération. En le criant ou pas c'était la première fois qu'il prononçait ces mots et surtout qu'il mettait des mots sur la chape de non-dit qui écrasait ses épaules depuis tant d'années. Le stress d'être revenu ici et la bêtise crasse de cette femme qui maintenant, prise en défaut, s'était refermée sur sa bonne conscience offensée, l'avaient en quelque sorte libéré. Il les avait prononcé, les mots, brisé la loi du silence imposée dès sa plus tendre enfance.

    Qu'était-il venu faire ici ? Regarder un cadavre qu'il n'avait surtout pas envie de revoir, s'occuper de démarches qui ne le concernaient pas et surtout subir l'assaut des souvenirs douloureux qui l'attendaient à chaque recoin de cette maudite maison, souffrir encore ?

    Une fois les mots prononcés il ne se sentit plus aucun devoir. Il quitta la pièce, sortit de la maison, monta dans sa voiture et tournant définitivement cette fois le dos à son passé, il partit retrouver la vie qu'il était parvenu à se construire.


    6 commentaires
  •  

    http://le-gout-des-autres.blogspirit.com/media/00/02/2568481606.jpg

    Tous les jours je viens ici.  Sauf lorsqu'il pleut bien sûr. Je m'asseois exactement à la même place. Il n'y a jamais personne.

    Sur le chemin j'achête le journal et je le lis de la première à la dernière page. Lorsque je l'ai terminé je reprends le chemin du retour, il est presque midi. Monique a préparé le déjeuner. Nous mangeons. Si nous parlons ce sont des enfants ou parfois de l'actualité.

    Après le déjeuner je monte faire une petite sieste. C'est après que c'est pire : lorsque je me réveille il est à peine quinze heures et je ne sais plus quoi faire de ma journée. En général Monique regarde la télévision ou bien elle papote avec les voisines. Je ressors souvent, je vais chercher le pain ou bien des cigarettes, parfois je m'attarde à regarder les joueurs de boules place de l'église. Et puis il faut bien rentrer.

    Je regarde la télévision pendant que Monique prépare le repas. Nous dînons devant les informations.

    Au début, de temps en temps, j'allais déjeuner avec d'anciens collègues, mais au bout du compte nous n'avions plus grand chose à nous dire. Eux travaillaient encore, me racontaient des anecdotes du bureau, moi que pouvais-je raconter ?

    C'est vrai qu'on rigolait bien dans le service. On travaillait aussi bien sûr, mais dans une bonne ambiance. Ce n'était pas le travail qui manquait et les journées passaient vite. Il y avait une émulation sur celui qui ferait le meilleur chiffre, je me défendais bien. J'aimais aussi plaisanter avec Louisa, mais en tout bien tout honneur hein ! Nous étions tous les deux mariés. Simplement on "flirtait" en quelque sorte , en paroles, c'était agréable !

    Monique se plaint que je sois toujours sur son dos, ce n'est pas exact. Au début peut être, pour m'occuper, je voulais cuisiner un peu ou participer à ses conversations avec les voisines. J'ai vite compris que j'empiètais sur ses plates-bandes... Maintenant je reste à ma place. Mais quelle place exactement ?


    12 commentaires