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    Plus de trente ans que je n'étais pas venu ici. D'abord parce que j'étais à l'étranger mais même lors de mes courts séjours, je n'osais pas. Je fuyais mes souvenirs. Ceux qui viennent de me revenir à l'instant en pleine figure. Célia . Que j'ai tant aimée . L'amour de ma vie.  Tu avais vingt ans et comme il faisait très chaud tu te baignais dans cette fontaine. J'étais jeune moi aussi, je t'ai rejoint dans l'eau, nous avons chahuté jusqu'à ce qu'un gardien de la paix furieux nous fasse sortir. Nous étions trempés, nous nous sommes fait sêcher au soleil. Tu riais et  j'étais ébloui.

    Nous ne nous sommes plus quittés. Ce fut la plus belle période de ma vie. Lorsque tu as mis notre bébé au monde j'étais le roi de l'univers et les années suivantes furent un pur bonheur.

    Et puis la routine s'est installée, je n'ai plus su apprécier ma chance. Je me suis conduit comme un con. Je t'ai trompé, une fois , deux fois, plusieurs fois. Des filles insignifiantes mais ça me flattait bêtement, j'étais immature.

    Un jour tu en as eu assez et tu m'as quitté. Tu avais bien raison je ne te méritais pas; Je sais que tu es avec quelqu'un notre fils me l'a fait comprendre lors d'une de ses rares visites. Moi je n'ai personne : des aventures sans lendemain .

    Je finirai bien par me trouver une brave fille, malmenée par la vie, qui ne demandera pas la lune et nous unierons nos solitudes.

    Puisque j'ai perdu ma Sirène...celle qui barbotait en riant dans cette eau agitée au milieu des statues !


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    - vous avez écouté le dernier disque de Claude François ?

    - Moi je n aime que Sheila !

    - On s en fiche des chanteurs ! Alors, raconte ! Vous vous êtes embrassés ?

    - Oui , plusieurs fois !

    - C'était comment ?

    - C'était bien. Un peu bizarre au début.

    - Il a mis la langue ?

    - Roohhhhhhhhh

    - Et maintenant ?

    - Quoi maintenant ?

    - Vous allez le faire ?

    - Je sais pas..

    - Mais tu l'aimes non ?

    - Oui

    - Alors vous allez le faire ?

    - Je ne sais pas. J'ai peur de tomber enceinte. Tu imagines mes parents ! Ils m ont assez répété " jamais avant le mariage" !

    - Il paraît qu'il y a un médicament qui est sorti.

    - Oui la pilule.

    - Mais il faut l'autorisation des parents.

    -Je n'oserais jamais leur parler de ça. Et puis ils ne voudraient pas.

    - les miens non plus.Plutôt mourir !

    - Chut les filles ils arrivent justement, enfin les miens et les tiens Laura.

    - Pas un mot sur Jacques et moi hein !

    - T'en fais pas Suzanne, on ne te trahira jamais !

    - Alors, les filles, qu'est ce que vous complotez les pieds dans l'eau ?

    - On discute Papa.

    - Et de quoi ?

    - Bah, de tout et de rien, de la boum que Corinne va organiser samedi soir.

    - Je n'aime pas trop ça, il y a des occupations plus intelligentes.

    - Oh Maman ! On écoute de la musique, on danse.On ne fait rien de mal !

    - Vous avez bien le temps pour ça ! Vous n'êtes pas bien entre bonnes amies comme cet après midi, à discuter gentiment ? Françoise  as tu raconté à tes amies que nous t avons inscrite à la chorale de la paroisse ? Elles pourront venir te voir chanter ?

    -   Oh Maman !


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    C'est l'entrée de ma maison, en fait non : plutôt de la cour qui entoure ma maison. Mais il y a longtemps que je n'ai pas vu cette porte de ce côté parce que je ne sors plus.

    Le jour où ce virus est arrivé j'ai fait une commande géante au supermarché. Un an déjà et ma resserre est toujours à moitié pleine de conserves et de papier toilette. Pour le frais c'est le fils de l'épicier qui me livre, devant la porte. Il me prend mes médicaments aussi. Bien sûr je ne vais pas chez le médecin non plus, nous faisons ce qu'ils appellent des consultations vidéos et il me met les ordonnances dans la boite aux lettres.

    J'ai trop peur de tomber malade. Ce virus me terrifie. J'ai soixante ans et juste un peu d'arthrose mais je ne veux courir aucun risque.

    Les enfants sont d'accord avec moi, ils ne protestent pas. Je me demande même si ça ne les arrange pas de n'avoir plus à aller voir leur vieille maman ? Je ne connais pas mon dernier petit fils qui est né en décembre. Et je ne suis pas prête de faire sa connaissance au train où vont les choses.

    Le docteur m'a parlé de vaccin mais je crois que ça ne changera rien, même vaccinée pas question que je côtoie qui que ce soit.

    Ma petite maison est mon seul horizon plus la cour où je fais sècher mon linge et le mur. L'extérieur je le vois à la télévision. C'est pas toujours beau à voir, on dirait que je ne rate rien.

    Au début ma voisine me téléphonait. Elle insistait pour que je sorte, que j'aille la voir ou que nous nous promenions toutes les deux. Maintenant lorsque je reconnais son numéro je laisse sonner. Je veux qu'on me fiche la paix !

    J'attendrai la fin de l'épidémie. Et même six mois après pour être vraiment sûre. Après tout il y a des prisonniers qui sont enfermés pendant des années, trente ans même parfois et ma maison, même si elle aurait besoin d'un bon rafraîchissement,  est plus confortable qu'une cellule !

    Alors, pour conclure, cette porte que vous voyez là, n'est pas prête de s'ouvrir ! Peut être que lorsque, un jour probablement encore lointain,  j'en franchirai le seuil ce sera pour découvrir que tout le monde dehors est mort et que je suis seule sur la terre, comme dans certains romans de science-fiction ?

    Bah... la solitude ne m'a jamais gênée...


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    C'est ce qu'a pensé ma mère quand ce nouveau produit est sorti. Pas question qu'il soit toléré sur notre table ! Pas davantage que les autres nouveautés : ketchup, sauces diverses et même conserves. Tout était banni.

    Bien que habitant dans un nid d'aigle parisien, au sixième étage d'un immeuble en pierre de taille, seuls les produits les plus "fermiers" étaient autorisés. Ma mère était "bio" avant que cela soit à la mode. Ses grands-parents avaient un jardin potager elle avait été élevée ainsi.

    La plus grosse partie de son maigre salaire  (elle nous élevait seule et sans aide), partait dans la nourriture (une autre pour des livres d'éditions de luxe qui trônaient dans la bibliothèque sans être jamais lus mais c'est une autre histoire....).

    Ma mère aimait très peu de choses, des valeurs sûres, du terroir, comme le pot-au-feu, la soupe aux choux , les ragoûts et les soupes. Elle ne crachait pas sur un bon steack avec des frites maison.
    Mais les produits industriels étaient bannis.

    Je n'ai goûté qu'une fois la margarine, je n'ai pas renouvelé l'expérience. Les chiens ne font pas des chats même si je suis un petit peu moins difficile qu'elle). Quant à un autre usage, comme le suggère Le Goût, je ne vois pas, pour cirer les chaussures ?

    Lorsque je suis allée visiter New-York, aux temps lointains où les voyages étaient possibles, j'ai été étonnée par les émissions culinaires, orientation pâtisserie, qui passaient à la télévision. Les ingrédients pour un simple gâteau pour, disons six, huit  personnes : pas loin de 500 g de sucre et la même chose de beurre ou margarine !! Des desserts qui "tiennent au corps", c'est sûr !!!


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    Nous sommes trois amies d'enfance. Nous nous sommes connues  à l'école primaire, c'est dire !

    Nous avons suivi des parcours un peu différents : Brigitte et moi nous nous sommes mariées, elle deux fois et sommes toutes les deux veuves. Coralie a eu quelques aventures sans lendemain, je crois qu'elle préfère les chiens ! Elle est plus raisonnable depuis quelques années : elle en choisit des petits !

    J'ai eu trois enfants, Brigitte deux.

    Nous avons l'habitude d'être franches entre nous mais elles m'ont énervées là à me critiquer sur le fait que je préfère me draper dans un paréo dès que je sors de l'eau. De quoi elles se mêlent ? Si elles préfèrent étaler aux vues de tous leurs bourrelets ça les regarde !  Moi, j'avoue , je ne les assume pas. J'ai été si mince autrefois...

    "Tu es complexée ou quoi ?" m'a lancé Coralie . Elle ne se voit pas avec son corps déformé ? Comme quoi les grossesses n'y sont pour rien !

    Et bien moi je préfère "cacher la misère" et paraître encore, disons, potable, aux yeux des autres.

    "Qu'est ce que ça peux te faire, m'a dit Brigitte, on ne risque pas de se recaser ! "

    Je n'ai rien dit, j'ai regardé au loin, la ligne d'horizon , et elles n'ont pas remarqué mon petit sourire. Si vous saviez les copines, vous en crèveriez de jalousie !

    J'ai rencontré quelqu'un. Il a flashé sur moi dans une file d'attente. Nous avons plaisanté sur la longueur de l'attente. Bref quelque chose est passé entre nous et nous sommes allés prendre un café. Il a mon âge bien sûr et une vie bien remplie derrière lui, comme moi. On n'est pas des perdreaux de l'année ! Il a un si beau sourire ! Je crois que je suis amoureuse, comme une gamine ! Une midinette !

    Et peut être est-ce justement parce que je sais m'habiller en mettant en valeur ce qui mérite de l'être et sans exposer mes imperfections ! Ne dit-on pas qu'il vaut mieux faire envie que pitié ?

    Alors, les filles, camembert hein ! Vous allez en faire une tête lorsque je vais vous inviter à mon remariage ! Car oui, nous en avons déjà parlé lui et moi. Nous avons envie d'officialiser, de réunir nos enfants et nos familles autour de notre nouveau bonheur si inespéré et si merveilleux !


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