• (le jeu de Lakévio)

     

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    Mais que vais-je devenir ?

    Huit ans que je me consacre à ces trois enfants, du matin au soir, parfois même une partie de la nuit lorsqu'ils étaient bébés ou encore maintenant lorsqu'Edouard fait un cauchemar et qu'il n'arrive pas à se rendormir ailleurs que dans mon lit dans la petite chambre attenante à la nurserie. Son petit corps tout chaud lové contre moi. Edouard...mon petit gars...

    Et Elodie, mon bébé, si fragile, toujours à caler à la moitié du biberon ou de l'assiette. Qui aura la patience de la distraire à longueur de repas pour lui faire avaler une bouchée supplémentaire ?

    Et Armande, ma grande fille, qui me confie ses soucis d'aînée et sa solitude .

    Mes pauvres enfants...

    Oui, je sais ce ne sont pas mes enfants mais c'est tout comme. Je n'ai qu'eux et ils n'ont que moi. Leur père n'est jamais là, entre sa carrière et ses ambitions politiques, quant à leur mère ! Une idiote superficielle qui ne pense qu'à sa petite personne, à ses manucures, à son coiffeur, au dîner qu'elle va donner pour éblouir la galerie lorsque, apprêtée comme pour un mariage, elle me convoquera avec les trois petits pour leur faire faire trois tours de piste devant les invités et puis vite les renvoyer à l'étage, alors qu'Armande serait si heureuse de rester un peu et de goûter les délicieux macarons qui sont disposés sur les tables. Pfff..

    "Comme ils sont beaux et bien élevés, ma chère ! On voit comme vous êtes une Maman attentionnée et attentive ! " Tu parles !!!! Moins elle les voit mieux elle se porte, ils lui donnent la migraine ! "Emmenez les au parc, Blanche, je suis fatiguée" "Mais Madame, il pleut et il fait froid  ! " " Et alors ? Les enfants ont besoin de prendre l'air, couvrez les bien ! "
    Et toujours à les renvoyer dans leur chambre parce qu'elle a autre chose à faire, même la petite qu'elle ne prend que quelque minutes dans ses bras, en faisant bien attention de ne pas froisser sa tenue " prenez-la Blanche, je crois qu'elle est fatiguée !" "fatiguée, Madame ? Elle vient de se réveiller ! ""Les enfants ont besoin d'être au calme, Blanche, vous devriez le savoir, montez-la et installez-la dans son parc, elle jouera avec ses jouets, il faut qu'elle soit autonome, c'est important, mais pourquoi elle pleurniche encore ? C'est agaçant, nous sommes tous à sa dévotion pourtant ! "

    Elle croit que je n'ai pas entendu sa conversation avec son mari l'autre matin ? Elle ne savait pas que  j'étais en train d'étendre le linge des enfants dans la buanderie à côté de la véranda, interdite aux enfants,  où Monsieur et Madame prennent leur petit déjeuner au calme, c'est à dire le plus loin possible de leur progéniture  :

    "Chériiii, il y a un problème, j'ai pris ma décision : les enfants s'attachent trop à Blanche, ce n'est pas sain, il faut la remplacer, je sens qu'elle les détourne de moi, toujours à se réfugier dans ses jupes si je fais la moindre remarque, elle empiète sur mes prérogatives de mère ! "

    "Mais, ma chère, elle est pourtant bien dévouée, nous n'avons pas eu à nous plaindre toutes ces années .."

    "J'en conviens, mais il est temps qu'ils se rendent compte que le Personnel est interchangeable et que c'est leur Maman qui compte ! Je vais recevoir des postulantes cet après-midi, ce n'est pas ce qui manque, la place est bonne ! "

    "Comme tu voudras, Chérie, c'est toi la mieux placée pour savoir ce qui est le mieux pour nos enfants, tu es une maman si merveilleuse ! "

    " Merci , Chéri, c'est vrai que je les aime tant, ils sont tout pour moi !".


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  •  (le jeu de Lakévio)

     

    Chris-Aggs-Echo & Narcissus

     

    Je leur ai acheté un cadeau à chacun. C'est un cadeau d'adieu. Demain j'emménage dans mon nouvel appartement dans la ville voisine et je vais recommencer à zéro. Ca tombe bien avec l'arrivée du printemps !  Je suis si excitée que je me réveille très tôt le matin et que je n'arrive pas à me rendormir. Résultat le soir je tombe comme une masse et j'ai bien eu du mal à terminer mes bagages dissimulés dans le sous-sol. Le matin j'entends le chahut des oiseaux. Eux aussi commencent une nouvelle vie, et fabriquent un nouveau nid. Comme moi ! Sauf que moi aucun bébé en vue ! Mes enfants sont grands et ont leur propre vie.

    Bien sûr je ne peux pas emporter toutes mes affaires tout de suite, il faudra que je revienne chercher mes livres, mes tableaux, mes patchworks, les cadeaux que j'ai reçu au fil des années, etc etc... C'est pourquoi je garde la clef, je reviendrai lorsque je saurai que la voie est libre. Car je ne veux pas d'explications, pas de discussions inutiles et surtout pas de scènes. Pourquoi y en aurait-il d'ailleurs ? Il va être ravi de pouvoir installer Priscilla ici. Finie la clandestinité ! Il vont pouvoir vivre leur amour au grand jour et  à temps plein. Nous verrons si cette passion résiste à la routine... pas de pire tue-l'amour n'est ce pas ?

    Terminés les câlins effrénés de l'après midi, il faudra penser à lui rappeler de prendre ses médicaments contre le cholestérol, ramasser ses chaussettes systématiquement à côté du panier à linge, lui cuisiner du riz lorsqu'il a ses problèmes récurrents d'intestin. Quant à elle, puisque je la connais depuis le collège, il devra gérer ses étourderies, l'huile de la poêle qui prend feu, la casserole qui déborde, les clefs, les papiers, les factures égarés, et surtout surtout les pâtes collantes, le riz trop cuit (peut être que ça c'est bien pour lui ?), le trop d'huile, trop de beurre, trop de sucre, trop cuit, trop salé. C'est simple lorsque nous étions en colocation pendant nos études, nous lui avions interdit la cuisine, les copines et moi !

    Je me souviens lorsqu'elle nous a invité à dîner l'autre jour, l'hypocrite, ils devaient se faire du pied sous la table, j'ai vu qu'il a à peine touché à son assiette, je crois que même son chien n'en aurait pas voulu. Tiens ! Le chien aussi il va emménager ici ! Ha ha, lui qui a toujours refusé aux enfants qui en réclamaient un !

    Je sais aussi qu'elle veille très tard, elle lit au lit jusqu'au petit matin, c'est une insomniaque or lui s'il n'a pas ses huit heures sa journée est fichue ! Déjà il râlait si je laissais allumé une demi-heure. Bon, je sais, au début il ne vont pas lire, ils auront mieux à faire...mais l'attrait de l'interdit, de la transgression, de la nouveauté,  passé, ça va vite se tasser. Priscilla m'a souvent confié que ce n'était pas son truc, une fois de temps en temps d'accord mais pas trop souvent, elle se plaignait de l'insistance de son ex-mari à ce sujet. Daniel va tomber de haut ! Je voudrais être une petite souris pour voir sa tête lorsque son enthousiasme à elle va diminuer !

    Ce que je leur ai acheté ? Je me suis bien amusée : pour lui, dans le paquet marron une paire de charentaise les plus ringardes possible, à gros carreaux violet et orange et un pyjama de flanelle bleu clair, bien classique,  mais si ! Il en aura vite l'usage, ha ha. Et pour elle ? "La cuisine pour les nulles" et, elle comprendra, un déshabillé rouge et noir en dentelle, ha ha ha !

    Quant à moi ? Je ne reverrai jamais mon mari ni ma "meilleure amie". J'ai d'autres amies qui n'habitent pas loin de mon nouveau "chez moi". Comme moi elles aiment les sorties au théâtre et au cinéma, certaines d'entre elles sont célibataires et prêtes à voyager. Pour le reste j'ai prévu une chambre supplémentaire, je pourrai donc recevoir mes enfants et mes petits-enfants.

    Mais comment ai-je pu pleurnicher autant quand j'ai découvert le pot aux roses, il y a maintenant six mois ?  J'étais bien partie pour me gâcher mes dernières belles années ! Heureusement je me suis reprise !

    C'est le printemps et je me sens pousser des ailes !


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  • Le Jeu de Lakévio (VOSTFR, version sous-titrée)

     

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    - Mouaf !  (tu dors ?)

    - Ouaf ! (non, je somnole)

    - Arf arf ! (tu crois qu'on aura encore un nonos aujourd'hui ?)

    - gmurf aouf grmuff  (je sais pas, j'ai perdu le mien hier. Je l'ai enterré dans le jardin et je ne le retrouve plus)

    - Moaf Moaf gmiarf ! (pauvre idiot ! Tous les miens sont sous les hortensias en sécurité)

    - Mouaaf aourf (laisse moi dormir, cette promenade m'a épuisé)

    - Mououarf gmiaourf (cette manie qu'il a de vouloir toujours aller en forêt !) gmourf ouaf ouaf ( et même pas un écureuil à courser quel ennui), mouarfh pfouaf (et après on a les coussinets gelés et boueux)

    - Arf ouaf murff (c'est comme sa baballe, s'il y tient tant pourquoi il la jette partout ? On est toujours obligés de la lui rapporter !)

    - Mouarrrf grrramfff rouahf  (Tu sais, Totor  -quel nom stupide ils t'ont donné !- faut pas chercher à comprendre, ce ne sont que des  humains, maman nous avait prévenus....)


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  • (le jeu de Lakévio)

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    Amelia : " Mais comment est-il entré ?  Comment  ose-t-il s'exhiber ainsi dans un lieu public ! Il faut appeler la Police et  faire enfermer ce malade   ! Imaginez qu'il y ait des enfants ici ! "

    Rosetta : "Beurk ! "


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  • - Comme tu es belle avec ton chemisier de la couleur de tes yeux !

    - Merci Papa, tu es gentil.

    - Mais non je dis la vérité : tu es magnifique !

    - A quoi bon ?

    - Comment ça "à quoi bon " ? Je voudrais te voir sourire, Anaïd, tu es jeune, tu as la vie devant toi.

    - Tu parles...

    - Tu es une très jolie fille et intelligente en plus, regarde ce diplôme que tu viens de réussir haut la main.

    - Tu sais, je n'ai que ça à faire de bûcher mes cours..

    - Justement, maintenant tu es tranquille jusqu'à la rentrée lorsque tu passeras au niveau supérieur, en attendant il faut que tu profites de tes vacances, que tu sortes, je ne sais pas moi, tu pourrais aller au cinéma, visiter une belle ville d'Europe, nous pourrions aller avec toi ou ton frère,  aller à la plage...

    - C'est compliqué..

    - N'importe quoi au lieu de rester assise à lire ou étudier encore !

    - "au lieu de rester assise "? Très drôle vraiment !

    - Oh excuse moi, Anaïd, je ne réfléchissais pas... Je voudrais que tu sois heureuse ma chérie, et pourquoi pas, que tu rencontres quelqu'un de bien .

    - Qui voudrait de moi !

    - Qui ? Mais beaucoup de personnes intelligentes !

    - Arrête Papa, ces discussions me font mal. Ouvre les yeux enfin ! Qui voudrait d'une pauvre fille en fauteuil roulant même avec les plus beaux yeux du monde ! Dans ce domaine ma vie est finie, je le sais bien, tout ce qu'il me reste c'est de décrocher un super job qui m'occupe bien la tête les trente prochaines années, c'est ça ou mettre fin à ses jours...

    - Ma chérie ! Ne dis pas des choses pareilles !

    - C'était mon destin, Papa, on ne l'aurait jamais imaginé hein ? Moi la fille entourée de soupirants qui dansait jusqu'au bout de la nuit, moi la championne d'équitation, moi la skieuse qui laissait tout le monde derrière elle. Maintenant il me reste à m'occuper le cerveau pour ne pas sombrer dans la dépression. Que veux-tu, je me suis trouvée au mauvais moment au mauvais endroit : à trente centimètres près j'étais indemne, à trente centimètres près j'étais morte. A quoi ça tient...

    - Oui il faut voir ça : dans ton malheur tu as eu de la chance, le camion a tué beaucoup de gens.

    - Oui, on va dire comme ça, Papa, j'ai eu de la chance.

     


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